Chakyam a écrit :Personne car il n'y a personne. Pas de conscience car chacune d'elle se dissout à la disparition des agrégats. Pas de karma à hériter car qui pourrait hériter de quoi que ce soit puisque même les objets constituant l"héritage sont soumis à la vacuité constitutive et s'annihilent pas plutôt entrevus.
Chakyam a écrit :1 - Je n'ai jamais formulé une quelconque critique sur ce continuum de conscience dont Rahula sait pertinemment qu'il n'a qu'une existence fantasmatique; d'ailleurs, il n'en parle même pas.

Dans l'intérêt du lecteur éventuel, juste pour précision, Rahula n'en parle pas dans l'extrait du post initial, mais il en parle dans
L'Enseignement du Bouddha, son livre phare:
Mais ce qui est difficile à concevoir, c'est que, suivant la théorie karmique, les effets d'une action basée sur une volition puissent continuer à se manifester même dans une vie posthume.
(...)
Nous savons qu'un être n'est qu'une combinaison de forces ou d'énergies physiques et mentales. Ce que nous appelons mort, c'est l'arrêt complet du fonctionnement de l'organisme physique. Ces forces, ces énergies prennent-elles fin absolument avec la cessation du fonctionnement de l'organisme ? Le bouddhisme dit: non.
(...)
Lorsque ce corps physique n'est plus capable de fonctionner, les énergies ne meurent pas avec lui, mais elles continuent à s'exercer en prenant une autre forme, que nous appelons une autre vie.
(...)
De même un homme qui meurt ici et renaît ailleurs n'est ni la même personne ni une autre (na ca so na ca añño). C'est une continuité de la même série.
(...)
... le dernier instant de la pensée en cette vie conditionnera le premier dans ce qu'on appellera une vie suivante, qui n'est en fait que la continuation de la même série.
(pp. 54 - 56).
Voilà qui montre qu'il n'est pas besoin d'envisager plus de 6 types de conscience pour expliquer les renaissances et la causalité karmique (comme c'est le cas aussi pour la plupart des Maîtres prasangikas d'ailleurs).
Antodume a écrit :Il n'existe de non-soi grossier et de non-soi subtil que dans l'esprit de l'école Prasangika.
C'est bien sûr faux puisque pour un chittamatrin, le non-soi d'un sautrantika est un non-soi grossier; pour un madhyamika, le non-soi phénoménal d'un chittamatrin est un non-soi grossier, pour un prasangika, le non-soi personnel et le non-soi phénoménal d'un svatantrika sont des non-soi grossiers. Mais il faut avoir étudié les Siddhantas pour le savoir et je répète que les vues bouddhistes ne s'arrêtent pas à ce qu'Antodume accepte ou non.
En réalité il n'y a qu'une seule réalisation de la Vacuité et cette réalisation revient à comprendre (expérimentalement) que la nature de Bouddha et la nature des phénomènes (dharma) sont équivalents.
Ca peut être le cas si on parle de la nature de Bouddha des phénomènes comme étant leur vacuité, leur nirvana naturel, mais si on parle de la nature de Bouddha telle qu'exposée dans les Sutras du 3ème tour de Roue, il s'agit d'un type de conscience, que tous les phénomènes ne possèdent pas forcément. Maitreya le rappelle dans son
Abhisamayalamkara et Nagarjuna dans son
Dharmadhatustavam.
De plus, rien n'empêche un théravadin de dire que la nature de Bouddha n'existe que dans l'esprit d'un mahayaniste.
Par conséquent, il n'y a pas de réalisation de non-soi personnel sans réalisation d'un non-soi phénoménal
Oui, ça doit être le cas, pour les non-soi grossiers.
(si on tient à s'exprimer de la sorte, car cette notion de non-soi personnel ou phénoménal distincts n'est qu'une élucubration fantaisiste de dialecticiens)
Si les deux non-soi étaient parfaitement identiques, alors la personne serait ses agrégats. Si les deux non-soi étaient différents alors on pourrait absurdement trouver une action sans agent.

Le non-soi d'une sensation et le non-soi d'Antodume sont d'une même saveur, celle de la vacuité, mais
les bases dont elle est la nature sont différentes.
Le problème, c'est que tout le temps qu'une véritable réalisation de la Vacuité n'aura pas été faite par les adeptes de cet école, ils échoueront toujours sur les mêmes écueils et incompréhension.
Tout à fait, le problème, c'est que tant qu'une véritable réalisation de la vacuité de soi (de tout existant jusqu'à la vacuité elle-même) n'aura pas été faite par n'importe quel adepte, il échouera toujours sur les mêmes écueils et incompréhension.
Bonne soirée
