En fait, c'est dans cette phase-là, sur les 14-16 ans. J'ai lu un peu tout ce que j'ai trouvé sur les religions existant ou disparues et sur les philosophies.
Quand on est malade au point d'être comme mort, à l'âge où normalement la vie devrait s'ouvrir, on cherche des réponses où on peut. Mes parents s'en sont peut-être inquiétés... Ils ne l'ont pas dit. En tout cas, quand on a annoncé mon opération (une sorte de quitte-ou-double), ils ont été plus secoués que moi et ils ne m'ont pas caché qu'ils me trouvaient très courageuse. Moi, je trouvais... Que cette longue attente insupportable était enfin finie.
Après mon opération, il y a eu une phase d'exaltation et en même temps de vide. Avant opération, je ne pouvais plus dessiner, ou du moins le résultat n'était pas techniquement à la hauteur. Il faut dire que l'imaginaire était devenu très vif et que le doigté était réduit à rien. Après l'opération, je n'avais plus d'idées. Et puis, l'hiver suivant, mon grand-père est mort et l'inspiration est revenue. Plutôt triste, au début, évidemment, mais elle est restée.
Quand à l'intérêt pour les textes hautement spirituels, il a grandement baissé... Je suis resté accro à la mythologie et à tout ce qui concerne les aspects spirituels des cultures qui ont existé à une époque ou une autre. Le bouddhisme, ça m'est revenu petit à petit, pendant mes études, à force de chercher à échapper au stress. Mais pendant des années, je n'ai pas voulu approfondir les textes. Pourtant, ça m'aurait peut-être aidée à trouver ce calme que je cherchais désespérément pour ensuite me re-noyer dans mes classeurs. La seule chose qui me calmait l'esprit, au jour le jour, c'était le dessin, dans cette phase-là.. Mais l'attitude était fausse, car je séparais entièrement le "moi qui dessine et écrit" et qui n'avait le droit d'exister que quelques heures ici ou là, et le "moi qui étudie" et qui était, pensais-je la personne vraie. Un coup à auto-infliger une dépression nerveuse.
Si j'avais un peu plus laissé mes deux univers se rejoindre, j'aurais peut-être lu des recherches historiques sur l'art et la civilisation celte, puisque c'est dans cet univers que je dessinais... Et j'aurais peut-être appréhendé que les opposés sont indissociables. Chose qui, pour moi, restait très abstraite.
(ben voui, la dualité celte et la vacuité bouddhiste, c'est pas très éloigné, des fois)
Et enfin, un nouveau tournant de vie spirituelle en même temps que celui que celui de mes projets professionnels. Quand j'ai ouvert la porte à mon côté imaginaire en espérant qu'il ne déborderait pas trop... Ce qu'il a fait, puisque à présent c'est lui le côté dominant.

Mais on ne chasse pas son ombre, alors le côté bouquins est toujours là aussi. Je pense que, plus décontractée, tout simplement, je me suis accordée le temps de comprendre ce qui fait que quoi et que comment dans le bouddhisme, quoi... Ou alors c'est du fait que les deux se mélangent, sans chercher plus loin...
shuuuuuuuuuuuuttttt Et dire que j'avais parlé de mes 16 ans juste parce que... Rien que d'y penser, encore maintenant, ça me saigne le coeur quand quelqu'un dit que la vie est moche.
Je ne pouvais plus écrire, je dessinais de la main gauche, je ne savais plus comment exprimer ce qui était en moi... Mais je regardais les fleurs décrochées par le vent, les couleurs de la pierre, et j'avais envie de faire partie de tout ça... Même si c'en était de moins en moins le cas.
Truc bizarre = après l'opération, j'ai récupéré immédiatement... On a pas eu besoin de me rééduquer comme c'était prévu.
Question pour question...
Même si je n'avais pas lu de trucs sur le bouddhisme à cet âge (c'est d'ailleurs en ce temps-là un thème qui m'a très peu retenue, parmi tous ceux que j'ai potassés), est-ce que ça enlèverait quelque chose au fait que cette renaissance fait partie de ce que je suis à présent ?