au sujet du karma...
Publié : 14 septembre 2011, 23:14
Bonsoir,
Je vous soumet une petite réflexion sur la difficulté d'approche de la notion de Karma, non pas pour que nous discutions ici du karma lui même, mais bien de cette difficulté d'approche, liée à l'absence d'un bon gradient dans cette approche, un désir malheureux de vouloir trop tôt aborder les questions les plus complexes de ce sujet, au lieu de se contenter de bien assimiler le fondamental. Je suis curieux (c'est pas bien ça !) de connaître votre avis.
Le karma
Le sujet du karma est souvent perçu comme une zone de confusion. On y met beaucoup de données glanées de ci de là, en s’éloignant bien souvent de la donnée primordiale du sujet : l’enchaînement des causes et des effets. Derrière ces confusions se cachent en fait une erreur méthodologique dans l’approche du thème : on aborde le karma par les questions compliquées au lieu de se contenter de suivre les gradients ci-dessous :
1- se contenter de bien comprendre la réalité de l’enchaînement des causes et des effets dans la vie de tous les jours. Ne pas chercher à se stade à discourir des théories sur le karma comme récompense ou punition, ou du karma en tant que conséquences dans une vie future. Rester pour ce premier gradient au stade de la simplicité de la vie quotidienne et comprendre comment fonctionne cet enchaînement. Pour cela l’on peut se contenter d’exemples simples.
Exemple 1 : vous installez des plants de tomates dans votre jardin. L’enchaînement prévisible de ce karma est que dans quelques semaines vous allez voir vos tomates rougir de plaisir à votre approche, que vous les cueillerez, et que sans aucun remords vous les consommerez ; ça c’est la route tracée, une cause va entraîner ces différentes conséquences. Maintenant imaginez que 3 semaines après les avoir planté vous décidez de déménager et mettez à exécution votre décision. Que se passe t’il ? Le jardin existe toujours, les tomates sont toujours là, seule votre présence fait défaut. Vous êtes ailleurs. Votre successeur va profiter de vos plantations. Il « hérite » de la ligne tracée : plantation - pousse – récolte - consommation. Il prend en marche une ligne de karma que vous avez amorcée, pendant que vous vous allez peut-être profiter des plantations de pommes faites par une autre personne dans votre nouvelle maison. Vous avez pris une décision, et fait bouger les lignes.
Il faut ici s’habituer à voir que la décision de déménager à créer des conséquences qui font bifurquer la ligne initiale, pour vous, et pour votre successeur.
Exemple 2 : Vous allez passer le bac de philo. Vous révisez un sujet, par exemple « de l’importance du confit dans la confection du cassoulet ». Le jour de l’examen arrive et vous vous apprêtez à décacheter l’enveloppe et découvrir le sujet de l’épreuve, et le sujet est…Peu importe ce qu’il est, chacun perçoit aisément que l’enchaînement des conséquences à cet instant sera différent selon que votre révision a été ceci ou cela, selon que les professeurs plusieurs mois auparavant ont rédigé tel ou tel sujet, selon que ce sujet a été tiré au sort ou pas. Toutes ces collisions de décisions formeront votre journée d’examen, et peut-être votre futur en dépendra.
Et rapporter à la journée ce sont des centaines, des milliers de petits exemples de la sorte qui constituent des carrefours de décisions ou de non décisions qui engendreront aussitôt des futurs différents, des lignes de demains différents. Il n’y a pas à ce stade de notions de récompense ou de punition. Il faut juste se laisser bercer par la compréhension du mécanisme : une cause va engendrer des milliers d’effets aujourd’hui, demain et dans le futur.
Il n’y a pas là de fatalité, de destin, contrairement à des idées souvent rencontrées. Vous prenez des décisions et faites bouger les lignes de futurs. Et vous observez ! Surtout vous observez.
Une partie du « travail » bouddhiste va être de faire mûrir cette compréhension du mécanisme de l’enchaînement des causes et des effets au quotidien jusqu’à ce qu’il soit parfaitement intégré. C’est une observation prodigieuse du foisonnement quotidien de causes qui se créent sous vos yeux, de conséquences que vous devinez déjà ou qui seront bientôt modifiées par de nouvelles décisions. C’est une méditation.
2- Le sujet se complique ensuite avec l’approche dualiste bien / mal, récompense / punition. Ce qui nous arrive est-il la récompense des bonnes actions semées auparavant ou la punition des mauvaises actions. Et l’une des difficultés réside dans la source de la récompense / punition : qui décide ? Comment fonctionne le mécanisme ?
3- Le sujet se complique encore en franchissant la distance du temps et en faisant se prolonger les lignées de causes et des conséquences après la mort dans une nouvelle vie. Quelle est « l’entité » qui « récupère » le fardeau après la mort, et pourquoi ?
Ces points 2 et 3 s’ils sont abordés trop tôt, (et c’est souvent le cas) c'est-à-dire avant que la première approche basique sur les enchaînements de causes et d’effets au quotidien soit parfaitement assimilée et digérée, créent la confusion. C’est vraiment une question de gradient dans l’apprentissage, dans la découverte, dans la compréhension. Au demeurant ces questions sous jacentes aux points 2 et 3 étaient pour Gautama rangées dans le catalogue des sujets qui n’étaient pas forcément nécessaires à la progression spirituelle.
Dès lors la question se pose dans l’approche éducative des courants religieux, bouddhisme, JK, etc…de la réponse à faire à des interrogations de nouveaux venus, sur le sens du terme Karma, (et d’ailleurs sans doute pas seulement aux seules questions de nouveaux). Il y a une nécessité de recentrer l’attention de la personne sur le fondamental que constitue l’enchaînement des causes et des effets au quotidien, jusqu’à ce que la personne elle-même par son travail trouve ses réponses. Il y a une nécessité à revenir au simple, l’étude et le travail sur « le simple » pouvant durer des années avant qu’il ne soit possible d’aborder les questions 2 et 3, qui je le répète ne sont pas indispensables.
Je vous soumet une petite réflexion sur la difficulté d'approche de la notion de Karma, non pas pour que nous discutions ici du karma lui même, mais bien de cette difficulté d'approche, liée à l'absence d'un bon gradient dans cette approche, un désir malheureux de vouloir trop tôt aborder les questions les plus complexes de ce sujet, au lieu de se contenter de bien assimiler le fondamental. Je suis curieux (c'est pas bien ça !) de connaître votre avis.
Le karma
Le sujet du karma est souvent perçu comme une zone de confusion. On y met beaucoup de données glanées de ci de là, en s’éloignant bien souvent de la donnée primordiale du sujet : l’enchaînement des causes et des effets. Derrière ces confusions se cachent en fait une erreur méthodologique dans l’approche du thème : on aborde le karma par les questions compliquées au lieu de se contenter de suivre les gradients ci-dessous :
1- se contenter de bien comprendre la réalité de l’enchaînement des causes et des effets dans la vie de tous les jours. Ne pas chercher à se stade à discourir des théories sur le karma comme récompense ou punition, ou du karma en tant que conséquences dans une vie future. Rester pour ce premier gradient au stade de la simplicité de la vie quotidienne et comprendre comment fonctionne cet enchaînement. Pour cela l’on peut se contenter d’exemples simples.
Exemple 1 : vous installez des plants de tomates dans votre jardin. L’enchaînement prévisible de ce karma est que dans quelques semaines vous allez voir vos tomates rougir de plaisir à votre approche, que vous les cueillerez, et que sans aucun remords vous les consommerez ; ça c’est la route tracée, une cause va entraîner ces différentes conséquences. Maintenant imaginez que 3 semaines après les avoir planté vous décidez de déménager et mettez à exécution votre décision. Que se passe t’il ? Le jardin existe toujours, les tomates sont toujours là, seule votre présence fait défaut. Vous êtes ailleurs. Votre successeur va profiter de vos plantations. Il « hérite » de la ligne tracée : plantation - pousse – récolte - consommation. Il prend en marche une ligne de karma que vous avez amorcée, pendant que vous vous allez peut-être profiter des plantations de pommes faites par une autre personne dans votre nouvelle maison. Vous avez pris une décision, et fait bouger les lignes.
Il faut ici s’habituer à voir que la décision de déménager à créer des conséquences qui font bifurquer la ligne initiale, pour vous, et pour votre successeur.
Exemple 2 : Vous allez passer le bac de philo. Vous révisez un sujet, par exemple « de l’importance du confit dans la confection du cassoulet ». Le jour de l’examen arrive et vous vous apprêtez à décacheter l’enveloppe et découvrir le sujet de l’épreuve, et le sujet est…Peu importe ce qu’il est, chacun perçoit aisément que l’enchaînement des conséquences à cet instant sera différent selon que votre révision a été ceci ou cela, selon que les professeurs plusieurs mois auparavant ont rédigé tel ou tel sujet, selon que ce sujet a été tiré au sort ou pas. Toutes ces collisions de décisions formeront votre journée d’examen, et peut-être votre futur en dépendra.
Et rapporter à la journée ce sont des centaines, des milliers de petits exemples de la sorte qui constituent des carrefours de décisions ou de non décisions qui engendreront aussitôt des futurs différents, des lignes de demains différents. Il n’y a pas à ce stade de notions de récompense ou de punition. Il faut juste se laisser bercer par la compréhension du mécanisme : une cause va engendrer des milliers d’effets aujourd’hui, demain et dans le futur.
Il n’y a pas là de fatalité, de destin, contrairement à des idées souvent rencontrées. Vous prenez des décisions et faites bouger les lignes de futurs. Et vous observez ! Surtout vous observez.
Une partie du « travail » bouddhiste va être de faire mûrir cette compréhension du mécanisme de l’enchaînement des causes et des effets au quotidien jusqu’à ce qu’il soit parfaitement intégré. C’est une observation prodigieuse du foisonnement quotidien de causes qui se créent sous vos yeux, de conséquences que vous devinez déjà ou qui seront bientôt modifiées par de nouvelles décisions. C’est une méditation.
2- Le sujet se complique ensuite avec l’approche dualiste bien / mal, récompense / punition. Ce qui nous arrive est-il la récompense des bonnes actions semées auparavant ou la punition des mauvaises actions. Et l’une des difficultés réside dans la source de la récompense / punition : qui décide ? Comment fonctionne le mécanisme ?
3- Le sujet se complique encore en franchissant la distance du temps et en faisant se prolonger les lignées de causes et des conséquences après la mort dans une nouvelle vie. Quelle est « l’entité » qui « récupère » le fardeau après la mort, et pourquoi ?
Ces points 2 et 3 s’ils sont abordés trop tôt, (et c’est souvent le cas) c'est-à-dire avant que la première approche basique sur les enchaînements de causes et d’effets au quotidien soit parfaitement assimilée et digérée, créent la confusion. C’est vraiment une question de gradient dans l’apprentissage, dans la découverte, dans la compréhension. Au demeurant ces questions sous jacentes aux points 2 et 3 étaient pour Gautama rangées dans le catalogue des sujets qui n’étaient pas forcément nécessaires à la progression spirituelle.
Dès lors la question se pose dans l’approche éducative des courants religieux, bouddhisme, JK, etc…de la réponse à faire à des interrogations de nouveaux venus, sur le sens du terme Karma, (et d’ailleurs sans doute pas seulement aux seules questions de nouveaux). Il y a une nécessité de recentrer l’attention de la personne sur le fondamental que constitue l’enchaînement des causes et des effets au quotidien, jusqu’à ce que la personne elle-même par son travail trouve ses réponses. Il y a une nécessité à revenir au simple, l’étude et le travail sur « le simple » pouvant durer des années avant qu’il ne soit possible d’aborder les questions 2 et 3, qui je le répète ne sont pas indispensables.