Quel est l'intérêt de l'éveil ?

nicolas

remind a écrit :
antodume a écrit :
Nicolas a écrit :L'intérêt de l'éveil c'est de voir qu'il n y a personne qui s'éveille...
C'est, à mon avis, un peu plus complexe que ça. Si personne ne s'éveillait, l'éveil ne présenterait effectivement aucun intérêt. Le but du Mahayana, qui est de faire en sorte que tous les êtres sensibles s'éveillent à leur nature de Bouddha, repose sur une réalisation bien précise qui semble faire défaut au point de vue hinayaniste, point de vue qui, manifestement, est largement partagé par les adeptes de tous les véhicules bouddhistes, toutes écoles confondues.
Peut-être que nous ne nous comprenons pas sur ce qui entendu par "personne". L'éveil se produit au moment où l'ego n'est plus présent et ne peut plus se présenter, des résidus de la personnalité peuvent subsister, mais le fonctionnement et la préhension du monde et des facteurs internes ne sont plus sur un mode duel, moi et les autres. La frontière est entièrement abolie. Les contingences quotidiennes continuent d'être entièrement assumées (ou pas ça dépend des circonstances), l'individualité fonctionnelle est toujours là, mais la vie est entièrement ouverte.

C'est dans ce sens que j'entends "personne" et c'est ce que je comprends de l'intervention de Nicolas.

J'aime bien cette représentation de l'éveil: être de retour chez soi...
Quand notre nature véritable se dévoile, c'est tellement familier, c'est tellement chaleureux. On sait que ca a toujours été là...et pourtant nous lui avions tourné le dos. Même si cela ne dure qu'une seconde, on sait que quand l'on chez nous, il n y a plus de peur. voila à mon sens l'intérêt de l'éveil.
antodume

J'avais bien compris ton approche et celle de Nicolas. Ce n'est pas ça le problème. Le problème est de ne pas se représenter l'éveil sous ce seul aspect. C'est bien plus complexe que ça. Voir éventuellement les "Quatre portes du connaître de l'esprit éveillé". J'avais posté un fil sur Nangpa mais la base a été perdue. On peut le retrouver ici
Kaïkan
Messages : 147
Inscription : 21 avril 2011, 10:35


Afin de revenir vers la simplicité d'une compréhension claire;
Voici l’extrait d' un "teisho" du maître sôtô zen : Yuno Rech (14 novembre 2003)


Dans le bouddhisme du grand véhicule dont fait parti le zen, tous les êtres sensibles, sans aucune exception, ont la nature de Bouddha. Le sûtra du nirvãna dit que cette nature de bouddha est permanente et sans aucun changement. Ce thème est régulièrement repris par tous les maîtres zen. C’est aussi la confiance, la foi fondamentale de tous les pratiquants. Lorsque nous recevons l’ordination de bodhisattva, on prend refuge dans les trois trésors : le Bouddha, le Dharma et la Sangha. Le Bouddha n’est pas un être surnaturel ni même le Bouddha historique Shãkyamuni, c’est la nature de Bouddha de chacun.
Prendre refuge en Bouddha, c’est prendre refuge en soi-même, non pas dans notre ego illusoire mais dans notre véritable nature. Toute notre pratique est fondée sur la foi ou la confiance qu’il existe cette véritable nature qui ne demande qu’à se réaliser, s’actualiser dans et avec la pratique.
Cette notion de nature de bouddha a fini par créer des malentendus. On a fini par croire que les êtres la possèdent comme un fruit possède un noyau, ou bien qu’elle est destinée à se réaliser dans le futur au bout de la pratique et qu’elle n’a actuellement qu’une existence potentielle. Aussi, Maître Dõgen pour rectifier ces interprétations erronées, a dit : « Tous les êtres sont la nature de Bouddha. Le Bouddha est à la fois permanent et impermanent, être et non-être ». Ainsi la nature de Bouddha n’est pas quelque chose que l’on possède mais c’est ce que nous sommes au fond, c’est notre réalité intime. Elle se manifeste dés l’instant où l’on pratique zazen de la façon juste, en abandonnant toute avidité, toute attente même d’une illumination future, pour être simplement et intimement « un » avec la pratique de chaque instant.

La pratique dans laquelle on n’attend rien, on ne cherche rien, on ne veut rien, dans laquelle on cesse de vouloir saisir ou rejeter quoi que ce soit, révèle la nature de bouddha, devient elle-même l’éveil, ici et maintenant. Il n’y a d’ailleurs pas d’autre éveil que celui qui est réalisé ici et maintenant. Cet éveil n’est pas un événement extraordinaire, c’est juste revenir à ce que nous sommes en réalité. C'est-à-dire des êtres en unité avec notre environnement, interdépendants des autres êtres et pas seulement humains mais de tous les êtres vivants et même du ciel, de la terre, des arbres, des montagnes et des rivières.
Comme tout l’univers est sans commencement ni fin, chaque être est également sans commencement ni fin. La naissance et la mort ne sont que des transformations de cet être en unité avec tout l’univers. C’est pourquoi Dõgen disait que notre véritable nature de bouddha est à la fois permanente et impermanente, être et non-être. Nous sommes absolument ce que nous sommes ici et maintenant et ceci n’est pas limité


Image
Maître Yuno Rech
-- Kaïkan --
- Kyo gyo sho itto
-
L’enseignement, la pratique et le satori sont unité.
nicolas

la nature de bouddha est la réalité
la réalité est impermanente
il n y a que l'impermanence qui est permanente
la nature de bouddha est permanente
passagère

Joyau du Bouddha désigne à la fois , l'être devenu Bouddha et les qualités du Bouddha .

Les kayas désignent les qualités de l'esprit et de la forme d'un Bouddha
Les Kayas , selon le Mahayana

Svabhavakaya , permanent , qualités relevant de la Noble Vérité de la Cessation , Vacuite de l'esprit
Jnanadharmaya , impermanent , qualités relevant de la Noble Vérité du Chemin

Sambogakaya , impermanent , qualités relevant de la Noble Vérité du Chemin
Nirmanakaya , impermanent , qualités relevant de la Noble Vérité du Chemin

Svabhavakaya et Jnanadharmakaya sont les qualités de l'esprit d'une Bouddha , la vacuité de l'esprit du Bouddha et la sagesse qui réalise cette vacuité par exemple pour le Jnanadharmakaya , ces 2 kayas constituent le Dharmakaya , le Dharmakaya est permanent .

Le Samboghkaya et le Nirmanakaya sont les qualités de la forme d'un Bouddha , ces deux kayas sont le Rupakaya . le Rupaka est impermanent . L'omniscience ou la grande Compassion relèveront par exemple du Rupakaya d'un Bouddha

Les causes d'un Dharmakaya , l'esprit d'un Bouddha sont les qualités de la sagesse
Les causes d'un Rupakaya , la forme d'un Bouddha sont les qualités de la méthode ( compassion , amour , générosité , patience , éthique , enthousiasme , concentration ... )
Comme un oiseau sans ces deux ailes ne peut voler , méthode et sagesse doivent être unies dans la pratique , on entend aussi "réunir les accumulations de mérites et de sagesse" .
Bien sur en même temps que des qualités apparaissent et sont cultivées , des défauts sont apaisés et éliminés
Est Joyau du Bouddha , à la fois celui qui a accomplit parfaitement et éliminé parfaitement . En tibétain Sangyé , San celui qui a éliminé , gyé celui qui a accomplit . Mais aussi toutes les qualités et éliminations afférentes à son esprit et à sa forme

Muni de toutes ces qualités , l'intérêt de l'Eveil est d'accomplir son propre bien et d'être en mesure d'accomplir celui des autres

Voilà si ça peut aider , je partage <<metta>>
Kaïkan
Messages : 147
Inscription : 21 avril 2011, 10:35



L'éveil c'est quelque chose de très simple .

Devenir Bouddha version présentée par passagère (c'est très beau), je conseille cependant d'oublier ce genre de rêve romantique et inaccessible...:cool:

Ce n'est pas pour critiquer, mais tous ces kayas ... :shock: moi je préfère faire du kayak... :lol:

Il y a parfois des rencontres amusantes ...



Image
-- Kaïkan --
- Kyo gyo sho itto
-
L’enseignement, la pratique et le satori sont unité.
ted

Bonjour Nicolas. Et bienvenue sur Nangpa.
Il est chouette ton avatar : Image :D :D :D
Kaïkan a écrit :L'éveil c'est quelque chose de très simple .
Si c'est si simple que ça, où sont-ils, les éveillés ?
ardjopa

Si c'est si simple que ça, où sont-ils, les éveillés ?
Partout !
Et nulle part ;-)

Ils se cachent n'importe où, toujours prêts à sauver ou libérer les êtres en proie à dukkha

En tous cas, ils bossent pas 50 h par semaines pour un patron :lol:
Lupka

Des fois 39h ( et ils profitent des RTT pour libérer les autres ) :cool:
Répondre