QUESTIONNER NOTRE VISION DU MONDE

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axiste
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Inscription : 09 mai 2008, 05:39

Ce texte constitue la deuxième partie d'une enseignement donné par Charles Genoud au Forum 104 en Juin 2003. Evelyne Boutron a assuré la transcription du texte, Gilbert Gauché la traduit dans sa forme actuelle et Florence Milles a assuré le travail de dactylographie. Merci infiniment à tous les trois pour ce travail considérable.

L'entrée dans la recherche spirituelle

Ce matin, j'ai parlé du " manque ", cause fondamentale de notre engagement dans une recherche, une quête spirituelle. S'il n'y avait aucun manque, si nous expérimentions une constante plénitude, le mouvement qui nous pousse à cette quête n'existerait certainement pas.
De manière générale, cette quête peut être initiée par une expérience, un évènement qui nous semble anormal, qui nous fait nous questionner, car il sort de l'ordre habituel des choses. Il peut s'agir d'une expérience d'ordre affectif, social ou philosophique qui nous interpelle tout à coup et nous fait essayer de répondre à cette interpellation. Nous nous engageons alors dans une recherche, un questionnement, dans un approfondissement de notre connaissance de la réalité, de la réalité quotidienne.

De telles expériences qui, pour nous, relèvent du désordre, peuvent créer le besoin de découvrir plus profondément la réalité du monde dans lequel nous vivons. Il peut s'agir, par exemple, de la mort d'une personne. Si nous imaginons la mort d'un proche, nous pouvons en ressentir l'impact affectif. Mais plus généralement, même dans le cas où il s'agirait de quelqu'un que nous connaissons peu, loin de nous, un impact d'ordre philosophique existe. C'est ce que Bataille exprimait en disant : " la mort trahit l'imposture de la réalité ". Cela veut dire que si la mort est possible, la réalité n'est pas telle que nous la percevons. Il y a incompatibilité entre le monde tel que nous le percevons et la mort d'une personne qui existerait réellement. Il n'est donc pas nécessaire qu'il s'agisse d'un proche donnant une dimension affective à l'évènement. Un choc d'ordre philosophique peut nous amener à questionner notre vision du monde, à nous dire qu'il y a peut-être quelque chose de faux dans la manière dont nous le percevons.

Il y a deux ans, j'étais en Californie pour conduire une retraite. En me promenant à la périphérie de San Francisco, je suis entré dans une librairie. Je cherche souvent des livres d'auteurs français que j'aime bien, traduits en anglais, pour faire des citations. Les phrases sont parfois si précises que je ne veux pas faire la traduction moi-même.

A ce moment là, je cherchais un livre de Maurice Blanchot. En le feuilletant, je suis tombé sur une phrase qui disait : " Le passé n'a jamais existé ". C'est une phrase extrêmement déroutante, qui n'est cependant pas celle d'un rêveur ou d'un poète, mais qui traduit une réflexion profonde, concluant que le passé n'a jamais existé. Si ce que dit Blanchot est juste, il est clair que notre vision ordinaire du monde doit être questionnée et changée. Si le passé n'a jamais existé, il est clair que la manière dont je vis, la façon dont je conçois le monde où je vis, ne sont pas en accord avec cette réalité. Tomber sur une telle phrase, sur une telle affirmation, peut être le facteur déclenchant qui nous fasse entrer en recherche, pour trouver un ordre plus profond permettant d'inclure cette réalité, d'établir un rapport au monde intégrant la non-existence du passé.


Texte en entier:http://www.vipassana.fr/Textes/CharlesG ... uMonde.htm

suites:
http://www.vipassana.fr/Textes/CharlesG ... ration.htm
http://www.vipassana.fr/Textes/CharlesG ... agesse.htm
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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