Le piege du langage
Publié : 15 décembre 2011, 12:04
Bonjour à tous,
Suite à quelques discussions sur divers fils, la question de l'importance des mots, du langage quand il s'agissait d'aborder des thèmes profond du Dharma, s'est posée de manière problématique, avec des désaccords entre les intervenants.
Loin de vouloir réaffirmer mon point de vue sur la question, j'ai eu envie, de proposer la parole, le regard d'un autre. un petit article qui permettra peut-être à chacun de reprendre tranquillement le chemin du consensus.
avec
Voici:
de Gérard Chinrei PILET
Supposez qu’il y ait une tâche sur un mur. Vous en avez conscience jusqu’à un certain point, mais rien de plus. Puis, vous concentrez votre attention sur cette tâche et lui donnez un nom : "rond d’eau" par exemple. Suite à cela, chaque fois que vous pénétrez dans la pièce, vous verrez "rond d’eau" parce que vous lui avez donné un nom. La tâche a acquis ainsi une sorte de permanence. Avant de lui avoir donné un nom, cette tâche émergeait de l’ensemble du mur pour venir s’y fondre à nouveau. Mais après avoir été nommée, après avoir reçu un nom, elle ne peut plus se fondre de la même façon. Et si elle est enlevée, vous vous surprendrez à vous questionner : « Mais où est passée la tâche ? »
Cet exemple montre bien l’ambivalence du langage. Le langage est bien pratique, personne ne dira le contraire, mais il fixe et fige la réalité vivante et mobile. C’est pourquoi les maîtres de notre école nous mettent en garde contre l’attachement aux mots.
Sur la Voie, ressentir l’impermanence est important, mais bien peu la ressentent dans toute sa dimension. Et l’une des causes est l’attachement subtil aux mots qui fixent, figent la réalité qui ne cesse de changer. La Voie nous invite à aller au-delà du langage, à la source de l’esprit qui est silence, indifférenciation, au-delà des mots et des concepts.
Tout le défi de l’homme de la Voie, c’est d’utiliser le langage sans se laisser prendre au piège des représentations que le langage induit.
Dans le Sutra du Diamant, le Bouddha s'exprime ainsi : « Quiconque dit que le Tathagata expose un enseignement calomnie le Bouddha et se montre incapable d'expliquer ce que j'enseigne. Pourquoi ? Parce que le Tathagata dit que la vérité est insaisissable et inexprimable.»
Sur la Voie, l'essentiel, personne ne l'enseigne, même pas Bouddha, parce que cet essentiel ne peut pas s'exprimer dans des mots. Fondamentalement, l'enseignement est non-enseignement. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas enseigner mais qu'il ne faut jamais oublier que l'enseignement est aussi non-enseignement. Si on oublie cela, on calomnie le bouddha et on réduit le Dharma à une sorte de catéchisme en évacuant la dimension de l'inexprimable, la plus importante.
Ce qu'on peut exprimer est comparable à des particules de poussière flottant dans un rayon de soleil. L'éclat de ces particules n'est que le reflet de la lumière du rayon du soleil. De même, les paroles des maîtres ne sont lumineuses que parce qu'elles sont le reflet de cette lumière inexprimable de notre véritable nature.
source: http://www.kanjizai.fr/publication3_24.htm
Suite à quelques discussions sur divers fils, la question de l'importance des mots, du langage quand il s'agissait d'aborder des thèmes profond du Dharma, s'est posée de manière problématique, avec des désaccords entre les intervenants.
Loin de vouloir réaffirmer mon point de vue sur la question, j'ai eu envie, de proposer la parole, le regard d'un autre. un petit article qui permettra peut-être à chacun de reprendre tranquillement le chemin du consensus.
avec

Voici:
de Gérard Chinrei PILET
Supposez qu’il y ait une tâche sur un mur. Vous en avez conscience jusqu’à un certain point, mais rien de plus. Puis, vous concentrez votre attention sur cette tâche et lui donnez un nom : "rond d’eau" par exemple. Suite à cela, chaque fois que vous pénétrez dans la pièce, vous verrez "rond d’eau" parce que vous lui avez donné un nom. La tâche a acquis ainsi une sorte de permanence. Avant de lui avoir donné un nom, cette tâche émergeait de l’ensemble du mur pour venir s’y fondre à nouveau. Mais après avoir été nommée, après avoir reçu un nom, elle ne peut plus se fondre de la même façon. Et si elle est enlevée, vous vous surprendrez à vous questionner : « Mais où est passée la tâche ? »
Cet exemple montre bien l’ambivalence du langage. Le langage est bien pratique, personne ne dira le contraire, mais il fixe et fige la réalité vivante et mobile. C’est pourquoi les maîtres de notre école nous mettent en garde contre l’attachement aux mots.
Sur la Voie, ressentir l’impermanence est important, mais bien peu la ressentent dans toute sa dimension. Et l’une des causes est l’attachement subtil aux mots qui fixent, figent la réalité qui ne cesse de changer. La Voie nous invite à aller au-delà du langage, à la source de l’esprit qui est silence, indifférenciation, au-delà des mots et des concepts.
Tout le défi de l’homme de la Voie, c’est d’utiliser le langage sans se laisser prendre au piège des représentations que le langage induit.
Dans le Sutra du Diamant, le Bouddha s'exprime ainsi : « Quiconque dit que le Tathagata expose un enseignement calomnie le Bouddha et se montre incapable d'expliquer ce que j'enseigne. Pourquoi ? Parce que le Tathagata dit que la vérité est insaisissable et inexprimable.»
Sur la Voie, l'essentiel, personne ne l'enseigne, même pas Bouddha, parce que cet essentiel ne peut pas s'exprimer dans des mots. Fondamentalement, l'enseignement est non-enseignement. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas enseigner mais qu'il ne faut jamais oublier que l'enseignement est aussi non-enseignement. Si on oublie cela, on calomnie le bouddha et on réduit le Dharma à une sorte de catéchisme en évacuant la dimension de l'inexprimable, la plus importante.
Ce qu'on peut exprimer est comparable à des particules de poussière flottant dans un rayon de soleil. L'éclat de ces particules n'est que le reflet de la lumière du rayon du soleil. De même, les paroles des maîtres ne sont lumineuses que parce qu'elles sont le reflet de cette lumière inexprimable de notre véritable nature.
source: http://www.kanjizai.fr/publication3_24.htm