texte intégral:Les six paramita, la générosité, la discipline morale, la patience, l'effort, la méditation, la sagesse, toutes ces bonnes choses émergent de l'intérieur. Et nous commençons à nous poser la question: comment puis-je les développer ? Quand nous ressentons la colère, l'ignorance, la jalousie, le désir ou la haine, qui sont les cinq poisons, nous nous posons la question: comment puis-je les abandonner, comment puis-je m'en débarrasser ? A partir de là, de l'intérieur de nous-mêmes, survient une chose qui, en réalité, n'est pas là; nous n'avons pas besoin de lutter contre quoi que ce soit, car cela n'existe pas réellement, aussi fort que nous y croyons. Lorsque vous demeurez dans la vision des choses telles qu'elles sont, lorsque vous êtes capables de vous ouvrir plus largement, vous ne vous impliquez plus dans aucune lutte.
On prend souvent l'exemple du serpent qu'il faut ou non attacher: si vous essayez de faire un noeud avec son corps, il arrive aussitôt à le défaire, mais si vous essayez de faire un noeud avec de la ficelle très fine, des noeuds se forment et la pelote s'emmêle un peu plus pour, à la fin, devenir une véritable jungle. Cela signifie que, lorsque nous luttons contre quelque chose, nous lui donnons alors forme et vie. Si, par exemple, nous donnons forme à la colère, il devient difficile de s'en défaire. Vous pensez toujours: "ma haine, ma jalousie ou mon désir, j'en ai peur, je ne devrais pas les ressentir..."
Et ainsi de suite. Lorsqu'on est capable de regarder plus profondément en soi-même, on se rend compte que ce qui nous semblait être une forme, une réalité, n'est rien du tout en fait. Au plus profond, il n'y a rien à détruire, rien à laisser, rien à utiliser, juste à laisser être, sans lui donner l'importance que nous lui donnons aujourd'hui. Chaque émotion a un certain niveau, bon ou mauvais; ensuite il y a des niveaux pour savoir à quel camp cela appartient: bouddhiste ou non bouddhiste, les paramita ou les cinq poisons, etc. C'est ainsi que se forment les noeuds entre ces niveaux. Lorsqu'on regarde du sommet de la montagne, afin de voir plus profondément, sans porter de jugement de valeur sur les choses, que deviennent cette lutte intérieure et ces nœuds. Ils se défont d'eux-mêmes. C'est la paix intérieure, le calme en soi.
On est alors capable de voir plus clairement en soi-même quand les émotions surviennent, et même après. Lorsque vous êtes heureux ou tristes ou en colère, la saisie, ce désir très fort de rendre tout cela réel et solide, diminue avec la pratique et, en diminuant, vous permet une vue de plus en plus claire sur toutes vos émotions.
Selon que nous méditons, que nous prenons des voeux, que nous recevons des initiations, que nous faisons des pratiques ou des retraites, nous visons cette paramita de la sagesse. Alors se développe la capacité à vraiment refléter,
à calmer le reflet de l'intérieur, à voir l'inutilité de la lutte, à voir cette concrétisation que nous donnons aux cinq poisons et la façon dont nous voyons la réalité de tout cela, cette existence de rêve éveillé. C'est cela la méditation et le dharma, c'est cela que vous avez besoin de pratiquer. Et c'est l'essence même des enseignements. Alors, pratiquez les six paramita.
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