Pour Flocon, vu qu'apparemment tu aimes bien les cyniques grecs dont Diogène, on a au moins ça en commun, mais peut-être pas autant que moi
, il est d'après moi, au-delà des apparences et provocations, une sorte de "renonçant libre, bouddhistico-free style", un sage et surement un éveillé, un des seuls philosophes qui mettait en pratique ce qu'il prêchait, sa franchise (le "parler-vrai" ) et son détachement envers le confort, les richesses, les possessions, les honneurs, l'hypocrisie et les conventions sociales, il le vivait à chaque instant; Son modèle de société : plus de société, et retour à la nature, la liberté pour chacun, et la vertu pour tous, "le souverain bien", ce qui en fait à la fois un sage et un anarchiste, mais au-delà des anecdotes, possédant un grand sens de la justice
Je t'envoie son programme d'éveil
«Ce n'est pas pour rien que les gens de Sinope t'ont condamné à l'exilÉ» il rétorqua : «Eh bien moi, je les ai assignés à résidence !»
Si cette mésaventure contraignit notre futur philosophe à l'état de vagabond, elle eut l'avantage de le rendre plus modeste dans ses ambitions, moins crédule et plus circonspect dans ses croyances.
Peu de temps après son arrivée dans la capitale, se reposant dans une grange, Diogène surprit le secret de la vie en observant le comportement d'une vulgaire souris grise. Il constata que l'animal allait et venait en toute liberté mangeant ce qu'il trouvait sur son chemin, dormant n'importe où et n'importe quand, selon sa nature et son bon plaisir. Voilà donc, se dit-il, comment il pourrait lui aussi demeurer libre et se suffire à lui-même, sans adhérer aux conventions de la civilisation ou se soumettre aux volontés des puissants.
Suivre les cours de Platon était considéré comme une "perte de temps". Quant aux Mystères sacrés en l'honneur de Dionysos, il les appelait avec irrévérence «spectacles pour démagogues cinglés et valets de la populace !»
Il s'étonnait de voir les musiciens accorder les cordes de leur lyre, mais de laisser désaccordées les dispositions de leur âmes; les mathématiciens fixer leurs regards sur le soleil et la lune, mais ne pas remarquer ce qui se passe à leur pieds ; les orateurs mettre tout leur zèle à parler de la justice, mais ne point la pratiquer; et encore les philosophes mépriser l'argent dans leurs péroraisons publiques, mais le chérir par dessus tout dans leur vie privée.
Diogène tenait pour seule vraie la constitution qui régit l'univers.
«N'aie qu'un ami : toi ! L'homme se suffit à lui-même».
«La vertu est le souverain bien ; la beauté son reflet».
«La science, les honneurs, les richesses sont de faux biens qu'il faut mépriser».
«Ne t'engage à rien, ne souscris à rien, ne t'encombre de rien, un homme libre n'a ni femme, ni maître, ni obligation, aucun de ces fardeaux qui pourrissent la vie et l'enlaidissent».
«Moque-toi des conventions sociales et oppose-leur la nature; affranchis-toi du désir, réduis tes besoins au minimum et tu seras le plus heureux des hommes !» tels étaient les bases de sa philosophie.
Son programme tenait en quelques mots : «Je m'efforce de faire dans ma vie le contraire de tout le monde». Il justifiait sa conduite en affirmant que les hommes s'imposent des efforts démesurés oubliant de vivre simplement et sainement selon la nature.
Pour Diogène la liberté de penser, la liberté intérieure et la liberté sociale forment un tout indissociable.
Deux mille ans avant Nietzsche, Diogène «s'est employé à renverser tous les tabous et à déconstruire la société dans ses fondementsÉ»
Refusant la civilisation, le progrès, la compétition; dénonçant sans relâche la vanité et l'hypocrisie, il est l'apôtre de la simplicité, du courage et de la vertu naturelle et spontanée
«Nécoute pas les radoteurs qui te disent : "Ne fais pas ceci, ne fais pas cela»!" ou affirment : "Quand on est jeune il est trop tôt, quand on est vieux il est trop tard !" Fais ce qui te plaît, quand il te plaît, où il te plaît !»
«Pour vivre heureux, dispose dÕune raison droite ou dÕune corde pour te pendre. Construis ta vie comme une œuvre d'art, forte, unique et parfaite. Érige en toi ta propre loi, à la fois inébranlable et vivante.»
«Les bêtes sauvages et libres sont plus heureuses que les hommes. L''homme qui n'est pourtant qu'une bête trahit sa nature profonde en se conformant aux opinions de la foule.»
«Homme, tu es le seul dieu assez puissant pour te rendre heureux. Sois à toi-même ton propre maître et ton esclave. Entraîne-toi à tout surmonter, c'est de la boue et de la souffrance que naissent les âmes fortes.»
A un autre qui lui demandait quelle était sa patrie, il répondit fièrement : «Je suis un citoyen du monde !»
Diogène ne fut pas homme de compromis. Anarchiste dans l'âme mais vertueux à sa façon, chantre de la liberté et du libertinage, il est cohérent avec lui-même de même qu'entre ses actes et ses paroles. Il souhaite vivre dans la simplicité selon l'ordre naturel, prenant les animaux comme modèles plutôt que les propos des sophistes.
Ainsi, Socrate le rencontrant un jour dans une rue d'Athènes, vers midi, une lanterne allumée à la main, marchant dans la foule sous un soleil éblouissant, lui demande : «Que cherches-tu, Diogène, avec ta lanterne, en plein jour ?» «Un homme, répondit-il, un homme véritable, qui ait de la superbe !»