L'éveil

hakyuu

Je vois. J'ai une autre question un peu plus personnel, suite a ton commentaire, je cite: "on identifie les êtres (siddharta, la boulangère ou autres) au corps physique et au mental, et soi-même d'abord,
mais ces corps sont tous impermanents, éphémères, ils ne sont pas "nous""
Je voudrais souligner le fait que ces corps ne sont pas "nous", car en effet je ne considère pas le corps que j'ai comme étant le mien. Je m'explique; physiquement je suis une fille, mais mentalement je me sens garçon, et cela depuis l'enfance (j'ai actuellement 17 ans). Je ne me sens pas du tout en harmonie, pour cela je suis en suivis psychiatrique pour subir des opérations et traitements afin que mon esprit et mon corps soit en harmonie. Je me suis renseigner aussi sur le Taoïsme (pour ceux qui connaissent), et j'en viens a douter de ce que je fais, de ce que je suis. Que pense le Bouddhisme des gens qui sont dans ma situation, c'est a dire des transexuels (je n'aime pas particulièrement ce mot scientifique..) ?
Merci d'avance pour vos réponses.
EDIT: Je cite: "Le transexualisme répond à un besoin essentiel et existentiel de se mettre en conformité avec soi.

Le changement de sexe existe dans la nature
"Dans le régne animal; il existe des espèces qui sont capables de changer de sexe ou bien d'être mâle ou femelle simultanément."
de même que l'hermaphrodisme (escargots)."

Mais nous, Hommes, n'avons pas cette capacité nous devons subir des opérations lourdes. Par conséquent je me demander ce qu'il en était du point de vue "naturel" ?
ardjopa

Je m'explique; physiquement je suis une fille, mais mentalement je me sens garçon, et cela depuis l'enfance (j'ai actuellement 17 ans).
Il est tout à fait possible, et c'est comme ça dans la nature aussi, que le mental et le corps ne soient pas "de même nature", ou en harmonie; Que ce soit pour les différences "légères", par exemple un homme de nature réservé dans un corps de boxeur, ou l'inverse, idem pour les êtres aux corps masculins et au mental plutot féminim, l'inverse existe aussi;
Idem d'ailleurs pour d'autres êtres vivants, "non humain", qui peuvent avoir un corps "animal" et un mental bien plus "humain" que certains humains d'apparence ;-)
Cela dit,au -delà de toutes ces différences et dichotomies mental-corps, d'un point de vue "absolu", nous ne sommes ni le corps, ni le mental, donc ni masculin, ni féminin, ni humain, ni animal;
La réalité est ce qu'elle est, et échappe à toutes définitions ou étiquettes;
Ce que l'on y surimpose dessus et aux quels les êtres s'identifient souvent, n'a aucune réalité intrinsèque ni durable
hakyuu

Nous devons donc l'accepter ? Je dois accepter ce que la nature a fais de moi ? Je compare la parasexualité à une sorte de malformation, d'erreur de la nature si je puis dire. Si un enfant est mal-formé (physiquement) à la naissance doit-on le laisser tel quel ? Ce n'est qu’esthétique après tout. Mais si sa vie est en jeu (ma vie n'est pas réellement en jeu, mais je le vis vraiment mal, imaginez vous dans le corps opposé au votre) doit-on tout de même le laisser tel quel parce que la nature en à décidé ainsi ?
Lao Zi à dit "Savoir se contenter ce que l'on a, c'est être riche" dois je me contenter de ce que la nature m'a donner au risque de souffrir ?
Je me dis qu'avec la pratique de la méditation, j'arriverais a ma détacher de ce corps que je ne considère pas vraiment comme mien, je le considère plutôt comme un moyen de transport, de communication. Mais le corps est très important dans la pratique taoïste puisque l’énergie sexuelle est notre énergie de base, le sperme et l’ovule sont l’entrepôt de cette énergie. Et un transsexuel (femme vers homme) n'a plus d'ovule après sa transition complète, mais il peut encore avoir des désirs sexuels ainsi que des orgasmes. Je ne me suis pas assez renseigner pour savoir si il en était de même dans le bouddhisme (quelque soit sa forme). Ne voyez pas ici un manque d’intérêt envers le bouddhisme, bien au contraire j'ai chercher de sites expliquant toutes ces choses, mais je n'ai trouver que les légendes et contes... Si vous avez des liens intéressant je suis preneur !
Tu dis: "nous sommes ni le corps, ni le mental" Je n'arrive à comprendre le fait qu'on ne soit pas le mental. N'est pas le mental qui pense ? Nous sommes donc la pensée ? Le mental et la pensée ne sont pas les mêmes choses sous un noms différents ?
Vos réponses m’éclaire, merci.
Jean

Je suis un peu paumé par ta question.

Personnellement je trouve que les opérations, c'est du charcutage.

Il y a des lesbiennes qui sont bien dans leur corps, qui vivent une histoire d'amour et qui ont aussi une vie spirituelle.

Tu as 17 ans, tu es suivie par un psychiatre. Peut être, mais si tu ne l'as pas très probablement déjà fait, tu devrais trouver des informations (livres, rencontres) sur des gens qui ont été confrontés à la même situation que toi. Voir les obstacles qu'ils ont traversé, voir comment elles s'en sont sorties.

Je pense qu'une des composantes importante du problème est dans l'environnement, dans la culture, dans la morale qui t'entourent et dans le besoin d'être reconnue et appréciée par les autres.

C'est vrai que l'identité sexuelle, la vie sexuelle jouent un rôle très important dans la vie humaine qu'il ne faut ni sur-évaluer, ni négliger. C'est une partie de la vie humaine, mais ce n'en est pas la totalité. Donc tout en t'occupant de régler ce problème, ne néglige pas les autres aspects de ta vie qui peuvent aussi constituer une source d'épanouissement.

Je l'ai déjà écrit dans un de mes posts. J'ai travaillé comme vendeur dans une librairie dont les deux patronnes étaient lesbiennes. Elles ont été pour moi deux personnes parmi les plus gentilles, les plus prévenantes, les plus chaleureuses que j'ai rencontrées dans ma vie. Elles avaient donc monté leur business, tissé un tissus relationnel, avaient de bons amis homosexuels et hétéros. Elles doivent être décédées maintenant à moins qu'elles ne soient centenaires. mais la qualité de leur vies pourrait être enviée par bien d'hétérosexuels.
Subarys

Jean a écrit :Je suis un peu paumé par ta question.

Personnellement je trouve que les opérations, c'est du charcutage.

Il y a des lesbiennes qui sont bien dans leur corps, qui vivent une histoire d'amour et qui ont aussi une vie spirituelle.

Tu as 17 ans, tu es suivie par un psychiatre. Peut être, mais si tu ne l'as pas très probablement déjà fait, tu devrais trouver des informations (livres, rencontres) sur des gens qui ont été confrontés à la même situation que toi. Voir les obstacles qu'ils ont traversé, voir comment elles s'en sont sorties.

Je pense qu'une des composantes importante du problème est dans l'environnement, dans la culture, dans la morale qui t'entourent et dans le besoin d'être reconnue et appréciée par les autres.

C'est vrai que l'identité sexuelle, la vie sexuelle jouent un rôle très important dans la vie humaine qu'il ne faut ni sur-évaluer, ni négliger. C'est une partie de la vie humaine, mais ce n'en est pas la totalité. Donc tout en t'occupant de régler ce problème, ne néglige pas les autres aspects de ta vie qui peuvent aussi constituer une source d'épanouissement.

Je l'ai déjà écrit dans un de mes posts. J'ai travaillé comme vendeur dans une librairie dont les deux patronnes étaient lesbiennes. Elles ont été pour moi deux personnes parmi les plus gentilles, les plus prévenantes, les plus chaleureuses que j'ai rencontrées dans ma vie. Elles avaient donc monté leur business, tissé un tissus relationnel, avaient de bons amis homosexuels et hétéros. Elles doivent être décédées maintenant à moins qu'elles ne soient centenaires. mais la qualité de leur vies pourrait être enviée par bien d'hétérosexuels.
Jean, l'homosexualité (homme ou femme) n'a rien avoir avec la transexualité. Tu fais un simple mélange des genres (c'est la cas de le dire). Un homme qui se sent un esprit de femme et qui serait attiré par les hommes se considère HÉTÉROSEXUEL. Par ton post tu sous entends que tout les homo (homme) souhaiterais être une femme par exemple ce qui est faux parmi mon entourage aucun ne le voudrais pour rien au monde. C'est infiniment plus complexe qu'une question d'orientation sexuelle. Après il s'agit de savoir si c'est un vrai problème d’identité sexuelle (transgenre) ou d'orientation sexuelle (homo) mais les médecins sont là pour cela. Je reviendrais vers toi hakyuu un peu plus tard je manque de temps.


FleurDeLotus jap_8 FleurDeLotus
hakyuu

Comme Subarys l'a si bien expliqué, le fait d'être transsexuel n'a rien à voir avec l'orientation sexuelle, un transsexuel (femme vers homme) peut très bien être attiré par les hommes mais aussi bien par les femmes. De plus je sais quelles sont les opérations qu'ont doit subir, je sais qu'elles nous épuisent mais qu'elles nous libèrent avant tout.
Je trouve aussi que les opérations c'est du charcutage. J'aurais préféré être né dans le bon corps ou du moins être en harmonie avec celui-ci, j'ai prié un Dieu auquel je ne croyais pas, on peut le dire j'étais désespéré a cette époque, et de plus j'étais vraiment jeune je ne serais pas te dire l'age exact.
Je pense qu'une des composantes importante du problème est dans l'environnement, dans la culture, dans la morale qui t'entourent et dans le besoin d'être reconnue et appréciée par les autres
Pour la 1ère partie je suis d'accord, du moins je me pose la même question, mais pour la 2de partie, non. Je fais ça avant tout pour moi et non pour être reconnu ou je ne sais quoi d'autre. Je me sens pas à ma place dans ce corps, c'est un ressentiment très fort difficile à exprimer.
Les médecins n'ont toujours pas trouver d'explications à ce "problème", si ont peut appeler ça un problème.
ardjopa

Nous devons donc l'accepter ? Je dois accepter ce que la nature a fais de moi ?
Si tu en souffres plus qu'autre chose, il me semble légitime d'essayer de changer ta situation;
Changer son "état d'esprit" est souvent plus "naturel" et accessible que de changer un corps physique,
mais généralement les êtres s'identifient plus à "leur mental", qu'à "leur corps", car le mental est plus subtil, invisible dans les formes, et donc moins facile à voir
Tu dis: "nous sommes ni le corps, ni le mental" Je n'arrive à comprendre le fait qu'on ne soit pas le mental. N'est pas le mental qui pense ? Nous sommes donc la pensée ? Le mental et la pensée ne sont pas les mêmes choses sous un noms différents ?
Méditer (l'observation du mental, des pensées entre autre) peut justement t'être utile pour t'en "distancer", t'en détacher, et donc réaliser que tu n'es ni le corps observé, ni le mental; Le mental est un amas de pensées, les pensées sont spécifiques à chacun, suivant son passé, experiences, habitudes, bref son égo etc; mais elle ne nous "appartiennent" pas en propre;
Nous ne sommes pas ces pensées;

Observer le défilement "anarchique" des pensées, de l'égo, est un peu plus subtil et difficile au début que d'observer le souffle ou le corps; mais si tu t'y habitues un peu, tu verras que les pensées apparaissent et disparaissent sans cesse, comme les nuages dans le ciel, et qu'elles ne sont pas "toi";
Elle sont une énergie de la mémoire qui forme une part de l'identité à laquelle on s'accroche, mais qui n'est pas notre vraie nature;
En les regardant, tu prends de la distance envers le mental, et à ce moment là, tu n'es plus dépendant ni embarqué, ni par ton corps, ni ton mental;
Je ne juge pas tes souhaits de "changements physiques" mais en attendant, "travailler" sur son mental, le changer et mieux s'en affranchir" est un bon moyen de moins souffrir, et d'avoir déjà du "mieux-être" ;-)
hakyuu

J'en souffre encore par moment, mais ça va mieux grâce a vos explications et points de vus et je pense que j'arrive à me détacher un peu plus chaque jour de mon corps, du moins du sexe auquel mon corps appartient, des apparences. Avant d'être femme ou homme, je suis un être humain. Je pense qu'avec le temps, je pourrais oublier mon corps et ses formes (ça m'arrive parfois).
L'expression "L'habit ne fait pas le moine" pourrait peut être coller à la situation. Je vois plus le corps comme un accessoire finalement. Peut être que ma vision changera avec le temps, je ne l'espère pas car j'arrive aujourd'hui à faire abstraction de cette apparence, qui au final n'est pas si importante. Seul l'intérieur est intéressant et essentiel.
Je vous remercie de m'avoir apporté toutes ces réponses qui m'ont aider à comprendre certaines choses.
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Flocon
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Le bouddhisme décrit l'individu comme une association entre cinq agrégats : forme, sensations, perceptions, volitions et conscience. Il ne sépare pas un élément qui serait le "corps" d'un autre qui serait "l'esprit", pour valoriser le second au détriment du premier, ni un "extérieur", qui serait négligeable, d'un "intérieur" qui serait essentiel -et surtout pas en matière sexuelle. Il est possible que la méditation bouddhiste puisse t'aider, mais ce n'est pas certain, en tout cas pas davantage que la méditation taoïste. Elle est tout autant que cette dernière fondée sur l'indissolubilité entre corps et esprit.

Et contrairement à ce qu'on entend parfois, la vie n'est pas plus facile pour les transsexuels dans les régions du monde imprégnées de pensée bouddhiste. L'intolérance et l'incompréhension sont hélas partout les mêmes. :-(

En revanche, il est vrai que l'éthique bouddhiste ne comporte pas d'interdit ni de commandement particuliers concernant l'identité sexuelle et la manière de la vivre, comme c'est le cas pour les éthiques des religions occidentales, du moins telles qu'elles se sont formalisées dans les sociétés. Donc à ce niveau-là, le bouddhisme peut réceler un aspect intéressant pour toi, qui serait à creuser. :?:

Il me semble toutefois que tu recevras plus d'aide utile de la part de transsexuels que de bouddhistes. Il existe d'excellents sites et lieux de discussion qui pourraient te permettre de te rapprocher de personnes qui vivent des expériences comparables à la tienne. Même si elle peut (pas nécessairement) créer des souffrances, la transidentité n'est pas une maladie ni une "erreur de la nature", et rien ne vaut la discussion avec des personnes concernées pour s'en rendre compte.

Personnellement j'aime beaucoup ce site : il est très bien fait, très sérieux, les participants du forum sont jeunes et pleins d'énergie.

Transinfo

Cela dit (qui n'est jamais qu'une opinion :oops: ) : qu'attends-tu du bouddhisme, exactement?
Et si ce n'est pas indiscret, pourquoi veux-tu devenir moine taoïste (une vocation difficile mais exaltante, je suis impressionnée)?
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
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Dharmadhatu
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Flocon a écrit :Le bouddhisme décrit l'individu comme une association entre cinq agrégats : forme, sensations, perceptions, volitions et conscience. Il ne sépare pas un élément qui serait le "corps" d'un autre qui serait "l'esprit", pour valoriser le second au détriment du premier, ni un "extérieur", qui serait négligeable, d'un "intérieur" qui serait essentiel -et surtout pas en matière sexuelle.
:D En fait, la définition d'une personne, chez les Tibétains, est "un être qui est désigné en dépendance d'agrégats faisant partie des 5", car dans le monde sans-forme, il n'y a pas de corps, mais il y a malgré tout des individus qui y renaissent.

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
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