Entre plaisir et frustration

ted

J'ai appris, par l'expérience, qu'on se construisait en trouvant un équilibre entre le plaisir et la frustration.

Trop de frustrations déclenchent une recherche automatique de plaisir.

Mais trop de plaisirs provoquent tôt ou tard de la frustration dans le domaine concerné ou dans un autre.

Retrouve t'on cet équilibre dans la pratique bouddhiste ? S'agit-il de la fameuse "voie du milieu", ni trop, ni trop peu ?

Quels sont les plaisirs autorisés ? Et quelles sont les frustrations recommandées pour progresser ?
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Dharmadhatu
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jap_8 En effet, Ted, la voie médiane concernant les plaisirs. Mais je ne pense pas que le Bouddhisme invite aux frustrations, il les soigne plutôt.

Prenons l'exemple des voeux: des gens peuvent penser qu'il s'agit d'un sacrifice et donc d'une forme de frustration, alors qu'en fait il s'agit d'une forme de plaisir, celui de d'abandonner certaines causes d'insatisfactions récurrentes.

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
FA

ted a écrit :J'ai appris, par l'expérience, qu'on se construisait en trouvant un équilibre entre le plaisir et la frustration.

Trop de frustrations déclenchent une recherche automatique de plaisir.

Mais trop de plaisirs provoquent tôt ou tard de la frustration dans le domaine concerné ou dans un autre.

Retrouve t'on cet équilibre dans la pratique bouddhiste ? S'agit-il de la fameuse "voie du milieu", ni trop, ni trop peu ?

Quels sont les plaisirs autorisés ? Et quelles sont les frustrations recommandées pour progresser ?

Le problème n'est pas le plaisir en lui-même. Le problème est la dépendance, l'attachement qu'il peut susciter, et qui engendre la souffrance de la frustration.
Vivre ce que la vie a de bon à nous offrir, est une attitude raisonnable dés lors qu'on cultive par ailleurs une conscience de l'impermanence.

jap_8
FA
ted

Dharmadhatu a écrit : Prenons l'exemple des voeux: des gens peuvent penser qu'il s'agit d'un sacrifice et donc d'une forme de frustration, alors qu'en fait il s'agit d'une forme de plaisir, celui d'abandonner certaines causes d'insatisfactions récurrentes.

FleurDeLotus
Dans ce cas, pourquoi les gens abandonnent ils leurs voeux s'il s'agit d'un plaisir ?

J'ai plutôt l'impression qu'il s'agit d'une frustration qui doit être contrebalancée par un plaisir plus grand issu de la pratique.

Il y a un sutta ou le Bouddha explique à un jeune homme que les devis (déesses) sont 1000 fois plus belles que les femmes et que ça vaut le coup en quelque sorte d'abandonner les plaisirs sensuels terrestres pour des plaisirs bien plus grands.

Mais si l'extase n'est pas au rendez-vous, les voeux deviennent sans doute insupportables ? :oops:
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Dharmadhatu
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Ted a écrit :Dans ce cas, pourquoi les gens abandonnent ils leurs voeux s'il s'agit d'un plaisir ?
:D Parce que la pratique de la Voie n'est pas toujours linéaire et que parfois on a plus de renoncement et parfois moins.
J'ai plutôt l'impression qu'il s'agit d'une frustration qui doit être contrebalancée par un plaisir plus grand issu de la pratique.
Quand j'avais pris les voeux de rabjoung, c'était vraiment un plaisir d'abandonner un genre de fardeau et presque une formalité par rapport à mon mode de vie général. Mais nous ne sommes pas tous pareils j'imagine.
Mais si l'extase n'est pas au rendez-vous, les voeux deviennent sans doute insupportables ?
Sûrement. Peut-être qu'elle serait au rendez-vous avec un peu de patience (je parle pour moi).

FleurDeLotus
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Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
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Katly

Qu'est-ce que les voeux de Rabjoung Dharmadathu ?

Je pense que mener une vie simple est déjà un renoncement à pas mal de choses, mais que cette vie simple n'est pas dénuée de plaisirs plus précieux parce que partagé par tous comme le ciel ou l'air.
Aussi on peut reconnaître les plaisirs ordinaires de la vie pour ce qu'ils sont, même si on n'en connaît de plus fort, comme "l'extase spirituel". Je ne crois pas que cela soit fait comme pour tout remplacer ou surpasser. Un bien-être profond acquis par la pratique spirituel est différent.
Déjà dans la vie quotidienne on connaît ça, il y a des plaisirs moindres et d'autres qui les surpassent, pourtant on a pas abandonner les autres petits et si ordinaires. Ceux qu'on abandonne sont ceux qui sont néfastes et qu'on avait pris pour bons.On peut aussi être dépendant d'expériences spirituels...

Il n'y a pas vraiment de frustration avec l'impermanence, par exemple on ne peut aller dehors admirer la lune ce soir parce qu'il pleut, alors on écoute la pluie. On devait aller voir un concert, on s'endort, on est réveillé par le voisin. Alors on aura vu le rideau se lever et juste le visage charmant ou pas du voisin ou de l'ouvreuse. En fait, il y a assez peu de frustration lorsqu'on accepte que c'est ainsi.
Aussi dans la vie, on a une idée de plaisirs, et on ne réalise pas tout.
Maintenant pour l'éveil on ne sait pas ce que c'est...
Et l'extase, je ne sais trop de quoi on parle, il y a des comparaisons, projections...
Extase ? nirvana ?...
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Flocon
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Katly a écrit :Qu'est-ce que les voeux de Rabjoung Dharmadathu ?
Même question.

Pour le reste, je ne sais pas du tout. Le bouddhisme prône le renoncement aux plaisirs, c'est certain (mais pas leur interdiction). Après, y a-t-il certains plaisirs en particulier qui sont moins concernés par ce renoncement, et d'autres qui le sont davantage, ça... :?:

Qu'en est-il du plaisir de la participation aux forums? :lol: :?:
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Katly

J'ai rien trouvé sur Lobjoung ?
Oui pour le renoncement c'est aussi selon qu'on est laïc(que) ou Moine(moniale).

Et pour le forum ? Oh, ben comme avec la vie... :D

Mais est-ce vraiment ça ? comme des "déesse ou des dieux" 1000 fois plus belles/beau ? Et s'ils ne sont pas au rendez-vous, on demande le remboursement ! des heures de méditation, du chemin... ? son ticket d'entrée ? et on va engueler Bouddha comme du poisson pourri ? :shock: :roll:
Pauvre Bouddha... :roll:

Je pense qu'il y a plutôt un équilibre qu'une compensation.
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Longchen
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S’il y a un complet (ou quasi complet) dégoût de la vie, je crois que des vœux qui iraient dans le sens d’une ascèse ne poseront pas vraiment de problèmes. Mais si les désirs sont encore très présents des vœux de type ascétiques seront compliqués à vivre.

Dans pas mal de textes classiques le dégoût pour le samsara est quand même franchement valorisé. Après j’avais lu que c’était surtout un moyen habile pour favoriser la progression vers l’éveil.
Mais c’est vrai que l’aversion n’est pas plus louable que le désir, alors que parfois le bouddhisme donne l’impression qu’entretenir de l’aversion (pour le samsara) est louable.

Actuellement cela me paraît d’autant plus compliqué que nos sociétés (de consommation) nous disent qu’il faut posséder encore et encore pour être heureux, et ne pas se priver du moindre gadget.
<<metta>>
EDIT: tout cela me fait penser à un topic récent "Les 4 pensées qui détournent du samsara"
viewtopic.php?f=61&t=6744
L’instant présent 🙏
Katly

Oui, un moyen habile ( désir )... mais qui ne marche pas sur tout le monde pas plus que de donner la trouille ( aversion ).
Plus on t'en promets, plus tu trouves ça louche. J'ai horreur de me sentir "manipulée". Je préfère comprendre par moi-même et agir pour un équilibre.
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