Michel,
A un premier niveau d'approximation, je suis d'accord pour dire que l'objectivité est extérieure à ce qui la pense ou la pose comme telle. L'ordi sur lequel je frappe est objectif, pas de doute, mais la question demeure, non seulement de ce qui l'a élaboré et construit mais de ce qui lui donne sens. Les spiritualistes vont dire dans nos sociétés occidentales christiannisées que c'est l'Esprit de Dieu et les matérialistes que l'agencement des molécules suffit à cette donation de sens.
Avant d'aller plus avant, il convient sans doute de se mettre d'accord sur la signification du terme : subjectif. Elle n'a rien à voir avec le Sujet pensant qui par la grâce de dieu ou des molécules produirait des lois ou principes permettant la compréhension, la gestation et le devenir du monde, même si en seconde approximation on pourrait en convenir par l'exemple des décisions que nous prenons chaque jour.
Elle n'a rien à voir non plus avec des limites posées par notre ignorance qui postulerait un soi (qui en soi est un problème) – Notre limitation est un leurre postulé par les tenants d'une création ex-nihilo qui oublient avec quelle célérité nous sommes capables d'extrapoler des vérités insoumises à nos sens et non-issues d'eux, résultat d'une complexification des formes matérielles les plus élémentaires.
En conséquence, je ne crois aucunement à la subjectivité de l'oeil ou de l'oreille, l'oeil voit l'oreille entend, c'est leur fonction, ils ne créent rien par eux-mêmes. De là à leur accorder une capacité imaginative donc créatrice de sens susceptible d'inventivité, il y a un pas que je ne franchirais pas.
Cependant, il y a inventivité et en conséquence création. De la même manière que l'Univers est en perpétuelle création à partir d'un vide quantique informel qui se complexifie pour devenir conscient de lui même et retourner/retrouver la vacuité, j'en déduis que la subjectivité est ce qui gît la-dessous, c'est à dire, la matière (blanche et/ou noire) qui s'affine, s'affirme face à l'anti-matière et s'autorise à elle-même la perception du réel et l'auto-création de principes et de lois, de sensations et de ressentis que nous nommons l'Esprit par antropo-centrisme, lui-même transposition sublimée de nos sensations.
Rien d'extra-ordinaire ni de spirituel la-dedans. Le terme spirituel est seulement une facilité de langage face au courant vital, force qui tient les choses ensemble depuis des temps sans commencement et Dieu, Buddha, Allah, Zeus, Brahma et autres prophètes ne sont que dénominations montrant l'indicible mais point créateurs au sens de commencement. Eux mêmes sont vides d'être sans l'Humain qui les fait vivre par sa créativité, elle-même créée dans un cercle infernal à partir de rien (pas de nom possible) dans l'attente d'une désignation qui génèrera l'éternel retour du néant créateur dans un cycle sans fin.
Après çà, on a même le droit de garder le moral !...