Y a t'il danger à être trop absorbé dans le présent ?

ted

La nature nous a donné la faculté de plonger dans nos souvenirs et de les revivre jusqu'à un degré tellement profond, que les émotions, ressenties par le passé, peuvent ressurgir et s'exprimer au présent ! Qu'elles soient agréables ou douloureuses.
Cette faculté permet à l'homme de se souvenir de ses erreurs pour ne pas les reproduire. Mais aussi de prolonger les bons moments et le bonheur ressenti.
On peut se souvenir d'une personne qu'on a beaucoup aimé.
Mais on peut se souvenir aussi d'une agression, d'un accident qu'on aimerait bien oublier (traumatisme).

La nature nous a aussi donné la faculté de nous projeter dans l'avenir, de l'imaginer, de le visualiser, jusqu'à le rendre presque concret. Jusqu'à ressentir, dans l'instant, les émotions probables du futur. Cette faculté visionnaire permet à l'homme de planifier, d'anticiper les conséquences de ses actes, de choisir la direction de sa progression.
On peut mettre des provisions de coté pour l'hiver. Faire des économies. Fantasmer. :)
Mais aussi être inquiet, se faire du souci, parfois perdre le sommeil.

La nature ne fait rien sans raison. Ces facultés nous permettent de nous adapter et de survivre dans notre environnement.
N'y a t'il pas un risque à vouloir s'enfoncer dans l'instant présent, en oubliant le passé et en ignorant l'avenir ?

Ou s'agit-il, simplement, de débarrasser notre vision du passé et de l'avenir de leurs émotions ?
Mais dans ce cas, que devient notre humanité ? :roll:
:)
Jean

L'Etre Humain a des capacités, il existe des pratiques spirituelles. Mais il y a aussi le bon et le mauvais usage de ces capacités et de ces moyens habiles.

C'est conseillé d'avoir une personne qui peut enseigner le bon usage.

C'est comme pour le jardinage, on peut apprendre le jardinage par des bouquins, mais le vieux jardinier expérimenté pourra donner des trucs et astuces pour eviter de faire de mauvaises récoltes et obtenir de beaux légumes. Ce n'est pas se dévaloriser, s'humilier, se déshonorer que de lui demander conseil.

C'est positif de considérer la pratique du jardinage intérieur comme ni plus ni moins spéciale que la pratique du jardinage extérieur.

Avoir comme objectif la surhumanité peut en effet conduire à l'inhumanité.
FA

La nature nous a donné la faculté de plonger dans nos souvenirs et de les revivre jusqu'à un degré tellement profond, que les émotions, ressenties par le passé, peuvent ressurgir et s'exprimer au présent ! Qu'elles soient agréables ou douloureuses.
Cette faculté permet à l'homme de se souvenir de ses erreurs pour ne pas les reproduire. Mais aussi de prolonger les bons moments et le bonheur ressenti.
On peut se souvenir d'une personne qu'on a beaucoup aimé.
Mais on peut se souvenir aussi d'une agression, d'un accident qu'on aimerait bien oublier (traumatisme).
Je crois que la démarche du Bouddhisme n'est pas de renoncer à quoique-ce soit. En effet si nous avons ces facultés, c'est qu'elles nous procurent certaines capacités.
Mais si nous nous accrochons, à ces phénomènes, c'est alors que nous risquons de nous perdre, au détriment de la vie qui se déroule maintenant.
Il y a une différence de taille entre le fait d'avoir des phantasmes, et se complaire dans le fantasme et nourrir des fantasmes.
Le pratiquant voir voir passer le fantasme sans s'y accrocher...

FleurDeLotus
Fa
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jules
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Bonjour,

Mon avis, c’est que ce danger que ted agite comme un spectre, n’est pas différent de toute forme de danger que le mental projette pour nous jeter dans l’inquiétude. En voulant se prémunir, on crée souvent encore plus de motifs de s’inquiéter. Si l’idée qu’on se fait de la nécessité d’être dans l’instant présent s’avère être facteur d’angoisse, alors il est inutile de s’attacher à cette nécessité ; c’est par là que paradoxalement nous retrouverons la pleine présence avec tout ce qu'il faut de projection mentale pour pouvoir fonctionner correctement dans la vie de tous les jours : cela veut dire, ne pas prendre l'ombre pour la proie, l'idée de ce qu'on devrait faire pour la réalisation elle même. Donc, juste laisser tomber est le mieux. C’est d’ailleurs la chose la plus naturelle qui soit ce détachement : Dans disons un mois pour voir large, ce fil de discussion sera juste un vieux souvenir. Quand on pratique la méditation, on peut voir ces inquiétudes passer puis se résorber naturellement. Tout cela étant dit, il faut remercier ted de poser une telle question car elle appartient il me semble au genre de préoccupations exprimées chez certains pratiquants et au genre de critiques qu’on peut entendre de la part de certains non pratiquants. jap_8

<<metta>>
FA

Bonsoir,

Tout à fait d'accord avec Jules !
Le mental est comme un miroir traversé à chaque instant de multiples reflets.
L'illusionné est hypnotisé pas ces reflets, en privilégie certains plutôt que d'autres,
perdant la vision d'ensemble, se perdant lui-même dans ses illusions.
Ces reflets peuvent être des souvenirs, des fantasmes, mais aussi des projets,
des réponses aux exigences de la situation.
Quand les causes et conditions sont réunies, tel phénomène se produit dans le mental,
pourrait-on dire. Certains phénomènes mentaux répondent aux exigences de la vie,
ils sont la fonction naturelle de l'esprit.
D'autres phénomènes sont inutiles, ressemblent d'avantage à des résidus,
et passent comme des nuages dans le ciel, si on ne les retiens ni les poursuit...
La compréhension de la vacuité nous amène à réaliser que les tous ces phénomènes mentaux, sont impermanents,
et qu'ils ne faut pas leur donner plus d'importance qu'ils n'en ont.
La pratique méditative nous apprends, à ne pas nous accrocher aux reflets du miroir,
Mais à les laisser passer.

Il ne faudrait bien sûr pas confondre, la pleine conscience de l'instant présent, avec une forme de "focalisation sur l'instant présent",
qui est une sorte de suicide mental, une fuite dans le vide, une forme d'attitude envers le présent mal comprise,
qui consiste à privilégier une activité, au détriment de tout le reste. Une manière de "faire l'autruche" en quelque-sorte,
sur fond d'égo-centrisme exacerbé.

La vie nous appelle à penser, à faire des projets, à utiliser aux mieux nos facultés cognitives, à voir les choses telles qu'elles sont,
et à agir selon les circonstances.

Je crois que le danger, est de ce méprendre sur ce qu'un Bouddhiste entend par le fait d'être pleinement conscient de l'instant présent.
Il n'est pas focalisé sur l'instant présent ( lui-même insaisissable ), il est immergé dans le présent sous tous ses aspects, et cette immersion permet à la sapience,
"prajna" de jouer pleinement son rôle en tant que facteur d'éveil.

FleurDeLotus
Fa
Katly

ted a écrit :La nature nous a donné la faculté de plonger dans nos souvenirs et de les revivre jusqu'à un degré tellement profond, que les émotions, ressenties par le passé, peuvent ressurgir et s'exprimer au présent ! Qu'elles soient agréables ou douloureuses.
Cette faculté permet à l'homme de se souvenir de ses erreurs pour ne pas les reproduire. Mais aussi de prolonger les bons moments et le bonheur ressenti.
On peut se souvenir d'une personne qu'on a beaucoup aimé.
Mais on peut se souvenir aussi d'une agression, d'un accident qu'on aimerait bien oublier (traumatisme).

La nature nous a aussi donné la faculté de nous projeter dans l'avenir, de l'imaginer, de le visualiser, jusqu'à le rendre presque concret. Jusqu'à ressentir, dans l'instant, les émotions probables du futur. Cette faculté visionnaire permet à l'homme de planifier, d'anticiper les conséquences de ses actes, de choisir la direction de sa progression.
On peut mettre des provisions de coté pour l'hiver. Faire des économies. Fantasmer. :)
Mais aussi être inquiet, se faire du souci, parfois perdre le sommeil.

La nature ne fait rien sans raison. Ces facultés nous permettent de nous adapter et de survivre dans notre environnement.
N'y a t'il pas un risque à vouloir s'enfoncer dans l'instant présent, en oubliant le passé et en ignorant l'avenir ?

Ou s'agit-il, simplement, de débarrasser notre vision du passé et de l'avenir de leurs émotions ?
Mais dans ce cas, que devient notre humanité ? :roll:
:)


Il y a des cas, ou des caps où c'est plus vif, plus important, le passé et l'avenir. Dans une thérapie ou à des moments particuliers de la vie ( changement, accident, maladie, deuil, rupture, dépression, traumatisme, maternité, mariage, vieillesse, amour, "la quarantaine"... etc )

Se souvenir des erreurs a du bon tant que ça ne va pas jusqu'à la culpabilité.
Se souvenir des bons moments et bonheur ressentis sans créer d'attachement, de la nostalgie, d'idée fixe, et se fermer à ce qui est nouveau.
Le passé, les souvenirs peuvent-être convoqués quand on en a besoin ou être spontanés.
Parfois c'est aussi porter un fardeau stigmatisant de son propre passé, ou de celui de ses parents, ou pays...etc rempli de souvenirs lourds rappelés par d'autres. Vivre dans les vieilles querelles et les conflits douloureux.

Mais les souvenirs négatifs peuvent développer le positif comme les photos.
On n'est plus dupe des trucages, et des faux, des "amours mortes".

Et ils servent à l'instinct de survie aussi.

Le traumatisme n'est pas un souvenir volontaire et souvent inconscient. Subir les souvenirs, c'est encore subir le traumatisme.
Lorsqu'on l'a identifié, analysé, compris, on sait que c'est le traumatisme, que cela vient de lui, puis les souvenirs s'invitent moins et ne tourmentent plus, leur "mission" est terminé. Les blessures se guérissent...

Se rappeler ne serait-ce que quelques instants d'enfance heureuse, même lointains, de bien-être simple et serein, de sensations pures et agréables, ou de bonne santé, d'états amoureux doux ou intenses, de joie profonde, d'apaisement et de tranquillité, tout ça même ordinaires, nous a poussé, motivé dans la direction du bonheur, même "mondain", au moins, dans un premier temps, puis à chercher. Notre corps et notre esprit en sont marqués et le savent... le reconnaissent...

Se projeter dans l'avenir, avoir un cap, sans que ce soit un but à tout prix, connaître le bon vent. Choisir sa propre voie. Le sens de sa vie.
Être prévoyant tout en sachant qu'il y a l'impermanence. Comme les petits oiseaux ? les écureuils ?
Se projeter dans l'avenir, sans perdre de vue la différence entre la réalité et l'imagination ou le rêve.

Fantasmer modérément et lorsqu'on peut se le permettre, sans tomber dans l'illusion ou l'obsession ou dans des conséquences dramatiques ( jalousie maladive, désir irréaliste... )
Ne prendre que l''instant, être centré sur l'éphémère pour fuir le passé et l'avenir, ce serait le risque d'être froidement, faussement détaché de tout. De n'avoir en amour que des aventures par exemple. Un peu à l'autre extrême de la passion qui s'accroche. L'engagement des sentiments a un rapport avec le passé et l'avenir.


Savoir où on en est, où on veut aller, ce qu'on veut, c'est un minimum pour l'avenir.

Se faire du souci, la nuit, des fois ça donne de bonnes solutions le matin, si l'on ne veut pas revivre une nuit pareille !
De bons réflexes et des bons rêves aussi parfois...

Le fait de vivre l'instant tel qu'il est, n'enlève pas ces facultés là, mais au contraire permet d'en avoir une bonne compréhension et une bonne utilisation pour sa vie et celle des autres.
Ne pas être esclave ou prisonnier, ni du passé, ni du futur, cela permet de reconnaître plus intensément le moment présent, de le vivre pleinement ou de tout son être.
On prend soin du présent en connaissance du passé, prendre soin du présent c'est prendre soin du futur. Les trois sont essentiels.

Se rappeler un excellent moment ou des bienfaits de la méditation motive...
Un projet, faire une retraite pour renforcer sa pratique, plus ancrée dans le présent, créer des souvenirs, une façon de préparer, d'accueillir et affronter l'avenir.

"La vision du passé et de l'avenir et de leurs émotions" change avec le présent, dans le présent.

<<metta>> jap_8
FA

La nature ne fait rien sans raison. Ces facultés nous permettent de nous adapter et de survivre dans notre environnement.
N'y a t'il pas un risque à vouloir s'enfoncer dans l'instant présent, en oubliant le passé et en ignorant l'avenir ?

Ou s'agit-il, simplement, de débarrasser notre vision du passé et de l'avenir de leurs émotions ?
Mais dans ce cas, que devient notre humanité ? :roll:
:)
La peur n'évite pas le danger. Elle voit le danger partout.

jap_8
Fa
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