De l'importance de se détendre en début de méditation

Jean

Le léger bascule du bassin, la rectitude du dos, l'alignement vertical des cervicales par rapport au dos, le menton qui repose naturellement sur le cou...

Il y a un équilibre comme des pièces de monnaie bien empilées les une sur les autres, il n'y a pas besoins d'efforts pour la maintenir si le bassin est correctement basculé vers l'avant.

On peut corriger la posture pendant la méditation. Une fois la correction faite, on relâche tout. Il n'y a plus de tensions.

Si on perd la posture, ce n'est pas à cause d'un relâchement mais parce qu'on est embarqué par des pensées : le menton se lève ou le dos se voute, les yeux se lèvent ou partent à gauche ou à droite.

Si on souffre de lordose ou de scoliose, c'est difficile d'avoir naturellement une bonne posture.

le Hatha Yoga peut être considéré comme une préparation du corps à la bonne posture : assouplissement des genoux, des articulation coxo-fémorales, assouplissement et musculation de la colonne vertébrale (il y a une tonicité naturelle des muscles de la colonne vertébrale qui maintient les vertèbres en place) et ouverture de la cage thoracique. cela peut prendre dans certains cas des années. Mais ça n’empêche pas de pratiquer la méditation en attendant de pouvoir être en posture parfaite. Le Hatha Yoga facilite la jonction entre image corporelle et sensations. Il y a une image du mat du navire et des cordages qui le maintiennent vertical pour faire comprendre l'importance de la relation dos, vertèbres et muscles.

On peut faire une bonne méditation tout en ayant une posture pas parfaite. Mais dans la méditation on s’aperçoit, perçu de l'intérieur, qu'il y a une différence entre posture pas parfaite et posture aussi parfaite que possible : Quelques fois, dans une posture pas parfaite, on peut ressentir comme un blocage, une stagnation. Il y a alors une sorte de pulsion qui pousse a faire une profonde inspiration. En s'ouvrant sans contrainte, la cage thoracique met en place les dorsales, le fait de basculer légèrement le bassin en avant facilite cette profonde inspiration, cette ouverture de la cage thoracique.On étire la nuque, on laisse le menton reposer sur le cou, on vérifie les mains et on expire en relâchant toutes les tensions sans modifier la posture, comme dans un long soupir. Cela prend 15 secondes. Il y a un grosse différence entre l'avant et l'après. L'esprit est plus stable, la respiration plus naturelle et plus lente, une sensation d'énergie qui a l'espace pour circuler, une plus grande clarté d'esprit.

Ce n'est pas les textes où les enseignements qui ont servi à faire le check-up de la posture et à retourner dans la bonne posture mais une sensation (légère) de claustrophobie et une pulsion vers l'ouverture.

Ki Hin est aussi très important. La fait de faire Ki Hin contribue à avoir une bonne posture et inversement.

J'essaye de pratiquer l'approche de Tenzin Wangyal : Pleine conscience dans le calme, le silence, l'esprit vaste et chaleureux, n’importe où, n’importe quand, dans n'importe quelle position, mais c'est en Zazen que cette expérience est la plus profonde, plus stable, plus claire. Tout est relatif.
ted

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Si je comprends bien, la détente c'est le premier paragraphe (de 1 à 4), et la méditation profonde commence ensuite, à partir du 5 ?

A partir du 5, on pourrait :
- soit entrer dans le premier jhana ou bien continuer vipassana, si on est theravadin,
- soit faire une autre pratique : visualisation, toumo, mantra, zazen, etc.., si on est mahayaniste ?
Jean

Ted a écrit
Si je comprends bien, la détente c'est le premier paragraphe (de 1 à 4), et la méditation profonde commence ensuite, à partir du 5 ?

A partir du 5, on pourrait :
- soit entrer dans le premier jhana ou bien continuer vipassana, si on est theravadin,
- soit faire une autre pratique : visualisation, toumo, mantra, zazen, etc.., si on est mahayaniste ?
Je crois que cela peut se pratiquer ainsi, mais cela dépends aussi de l'individu.

Il me semble que dans les traditions, il y a un cursus, une progression de pratiques et d'expériences bien structurée mais qui est un ensemble de points de repères. A l'intérieur de cette progréssion traditionnelle. Chaque individu a son parcours propre avec plus ou moins de variations par rapport au parcours traditionnel.

Un Dzogchen pa va travailler sur la libération de l'esprit en premier, un pratiquant tantrique sur le mantra.

Le calme peut être créé ou, et, il peut être retrouvé..Deux approches différentes.

Dans les progressions officielles Tantriques, à part celle du Dzogchen de Ch Namkhay Norbu, le pratiquant doit être passé par l'apprentissage des textes et des pratiques des soutras et doit avoir une certaine expérience de la vacuité car toutes les visualisations etc se font à partir et retournent à la vacuité.

Dans les faits, beaucoup se servent des pratiques tantriques pour approcher de l'expérience de la vacuité.

Chez TWR, on peut rentrer en méditation par n'importe quelle des 3 Portes, elles débouchent dans le même endroit. Mais une fois expérimenté l'état de conscience espace (vacuité), silence (pleine conscience, claire lumière), et félicité (calme, paix, coeur ouvert et chaleureux), c'est excellent d'y rester un moment mais ensuite cet état de conscience est utilisé pour se nourrir, se développer (comme une fleur qui s'ouvre au soleil), se réparer, se guérir psychologiquement ou physiquement, et partager et dédier cet état de conscience à tous les êtres. Cette phase la qui est active est aussi importante dans l'enseignement de TWR que la phase de contemplation qui, elle, est passive (lâcher prise, se reposer sur...).

Dans Zazen, il y a deux phases; La phase ou on s'installe en Zazen qui est active, la phase qui est passive où on se laisse faire par Zazen et où on repose en Zazen, il y a un aspect nourrissant, guérisseur, épanouissant dans cette dernière phase. L'état de conscience contemplatif est interrompu de temps en temps pour vérifier la posture. Plus la posture est confortable, équilibrée moins "l'inspection" est nécessaire.

C'est la foi et la confiance en Zazen qui permet de se reposer en Zazen et de se laisser faire par Zazen.

Je pratique Zazen dans la phase passive de l'approche de TWR. Se mettre en Zazen, c'est se mettre le corps en harmonie avec l'état de conscience et se servir de Zazen pour maintenir cet état de conscience. Il y a un coté incarnation de l'état de conscience et Zazen est la posture parfaite pour aider au processus. Quelques fois la "bonne position" se joue à un millimètre de la position du menton ou d'une vertèbre cervicale ou d'une dorsale. La posture est corrigée de l'intérieur en fonction de là ou ça bloque. Certains ressentent cette incarnation au niveau des organes, des cellules, au niveau de la peau (ce qui n'est pas mon cas)

Avec le temps et l'expérience la première phase active se raccourcit et ensuite c'est à chacun de voir dans sa session de méditation quel temps il consacre à la phase contemplative et à la phase active finale.

Dans le Tantrisme on pourrait dire qu'il y a une phase active (les rituel, prières), la phase passive (expérience de la vacuité) et la phase active (récitation de mantra avec visualisation). Chaque pratiquant met plus ou moins de temps sur chacune des phases, soit en fonction de son ressenti, soit en fonction des conseils de son conseiller spirituel. Le mantra au coeur, son rayonnement sonore et visuel peut être une représentation de l'aspect chaleureux,nourrisant, épanouissant, guérisseur de la lumière de la pleine conscience.
Un yogi qui pratique la visualisation du mantra rayonnant, chaleureux, nourrissant, etc arrivera à l'expérience de la pleine conscience dans sa nudité.
Que l'on vienne de la pleine conscience ou de pratique du mantra, peu à peu ces expériences deviennent équivalentes. Et il est possible de passer de l'une à l'autre. L'une est la pleine conscience, l'autre l'expréssion de cette pleine conscience au niveau visuel interne et au niveau de la parole par le son, comme Zazen est l'expréssion corporelle de cet état de conscience.

Une personne qui médite sur les 4 infinis, qui arrive à éprouver au plus profond d'elle-même, grace à sa méditation, les 4 pensées infinies si elle se pose la question "Qu'est ce qui perçoit" va arriver à l'expérience de la pleine conscience identique à celle d'un Dzogchenpa, d'un pratiquant Zen ou d'un pratiquant Tantrique.

Les qualités de cette pleine conscience sont ; espace, luminosité, calme, bien-être, silence, bienveillance, etc
Katly

Merci pour le tableau et les explications de Jean.
tongra

Donc oui, c'est bien d'essayer de se détendre par tous les moyens avant la médit.
Je ne crois pas qu'il faille essayer par tous les moyens ... plus celui qui prétend se détendre s'efface plus la détente prend place. En tout premier lieu, on ne doit rien chercher mais simplement ressentir. Ressentir tout ce qui est tendu : ce simple constat suffit à progressivement et naturellement défaire les tensions et cela sans aucune intention de détendre quoi que ce soit.
De cette façon on ne nourrit pas un sujet ni un objet et à ce point on aborde ce qu'on peut appeler la Méditation.
Dhammadanam

Et que faire quand l'on est immédiatement (trop) détendu ? shuuuuuuuuuuuuttttt
tongra

Laisser s'effacer Celui qui pense être détendu !
lausm

Dhammadanam a écrit :Et que faire quand l'on est immédiatement (trop) détendu ? shuuuuuuuuuuuuttttt
Se réveiller.
Adrien

Katly a écrit :Je le fais pour le corps autant que pour le visage, prendre le temps de s'installer en posture, scan du corps, détendre chaque partie.
Quand je ne prends pas ce temps, ça arrive, ma méditation est juste à peine une pause, peu profonde, c'est pas terrible.
Tu ressens les choses un peu comme moi. C'est intéressant de voir que d'autres vivent les choses de la même façon que soi-même.
Katly a écrit :Parfois, en marchant dans la rue, quand je constate un stress, que je me tracasse avec mes pensées, je me mets alors à décrisper le visage, fais des petits arrêts, ralenti le souffle, et les pensées s'évanouissent, passent.
Idem !
Flocon a écrit :Non, pas du tout, mais je pratique une forme de méditation différente de celle du Theravada.
Que celle du Theravada ? Il y a de multiples façons d'approcher la méditation dans le Theravada. Peut-être que la tienne se rapproche de l'une d'entre elle ? Quelle méthode utilises-tu et comment l'as-tu choisie ? Personnellement, c'est après avoir trouvé un enseignant qui m'inspirait la plus grande confiance (pas seulement en terme de ses réalisations, mais surtout pour sa façon d'enseigner) que j'ai choisi ma méthode de pratique.
Ted a écrit :Ce que je trouve difficile, c'est qu'il faut en même temps tenir la posture, ce qui suppose une certaine tension (pousser un peu le ciel avec la tête, rentrer le menton), tout en étant détendu, relacher le ventre, les intestins, basculer le torse vers l'avant, être à l'aise au niveau des jambes. Cette recherche d'équilibre entre la tension et la détente, ça toujours été assez difficile pour moi.
Je vois ce que tu veux dire, bien que je ne ressente pas de difficulté à ce niveau. Pour moi, la colonne vertébrale est le pilier de la position, et tout ce qu'il y a autour est détendu (non pas que je ressentes des tensions dans la colonne). Finalement, il est même possible de détendre un muscle en activité qui soutient la position, sans pour autant le relâcher.

J'ai plus de difficultés par contre avec l'esprit : si on le détend trop, et surtout de la mauvaise façon, la torpeur s'installe. Il faut donc réussir à trouver la bonne façon de le relaxer, tout en gardant une forte attention. J'en suis à un stade ou ça demande de multiples ajustements tout au long de mon assise (sauf quelques rares éclairs où l'attention se maintien toute seule et sans effort pendant un moment).
Adrien

Ted a écrit :Donc oui, c'est bien d'essayer de se détendre par tous les moyens avant la médit. Mais arrive un jour où la détente devient immédiate
Je ne sais pas si on parle vraiment de la même chose, mais il m'arrive aussi d'être immédiatement détendu. Mais je prends quand même le temps de tout relaxer, même si j'ai l'impression que ça n'a pas d'effets. Je ne sais pas ce que ça donnerait si je plongeait directement dans la respiration dans cette situation là (qui ne s'est pas présentée lorsque je commençais systématiquement par anapanasati).
lausm a écrit :J'avais essayé une façon de faire que j'avais lue dans un livre de Jérome Calmar sur le chan chinois : il parlait de retraites où il s'agissait meme pas de faire de la méditation assise, mais de se concentrer sur ses sensations...ce qui revient a bien des égards a la technique décrite par Adrien.
Là je ne suis pas trop d'accord, parce que j'ai déjà pratiqué cela sans pour autant me relaxer convenablement. Il est vrai que l'observation des sensations aura quand même une influence positive à ce niveau, mais pour une méditation quotidienne, ça n'a pas le même effet que de chercher les zones tendues et de les relâcher intentionnellement. Et pour ce qui est du mental, il est tout à fait possible qu'il reste tendu pendant cette pratique (même si cela veut dire qu'on ne pratique pas comme il faudrait). Ce que tu décris dans la suite de ton message ressemble plus à ce dont je parles : ne fais-tu pas de différence ?
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