Une façon simple de se libérer du Karma ?

ted

Je ne cherche pas spécialement une nouvelle pratique, j'essaie simplement de comprendre la portée du Bhūmija Sutta que j'ai cité plus haut, quand il précise que nous fabriquons nous-mêmes nos sankharas corporels, verbaux, mentaux par la volition (intention/volonté).

C'est vrai qu'il sont assez balaises à ce sujet coté Lam Rim, mais il faut un décodeur, faut le reconnaitre... :D
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Dharmadhatu
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Ted a écrit :Mener une vie vertueuse ne signifie pas qu'un jour, on ne va pas tomber sur le facteur déclenchant. Donc, vaudrait mieux se débarrasser de l'empreinte karmique. Est-ce que c'est possible ?
:D Si quelqu'un pratique, il échappera de toutes façons à d'innombrables causalités karmiques parce qu'il entraîne son esprit à ne plus laisser place à ces causalités en éliminant progressivement l'ignorance affligée.

Se débarrasser du voile afflictif (= atteindre le nirvana) est la seule solution. Dans le Mahayana traditionnel indien, ça correspond à l'atteinte du 8ème bhumi. Selon cette tradition, ce n'est qu'à partir de ce niveau qu'on ne fabrique plus de karmas contaminés (vu qu'on n'a plus d'ego), aucun autre état ne le permet, comme demeurer en pleine conscience et autres.

Toute action est karma, sauf que dans le cas de ces Bodhisattvas et des Bouddhas, ils ne sont plus contaminés (= n'engendrent plus de résultats contaminés ou sources des 3 types de souffrance).

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
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Flocon
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Je crois que c'est un enseignement bouddhiste tout à fait classique, pas spécialement lié à une école en particulier, Chan ou autre. En tout cas, pour revenir à ta première question, le Chan, du moins tel que je le connais, ne décrit pas l'observation des sensations et l'abandon de leur classification comme un moyen de se libérer du karma. Le seul moyen est de mettre fin à l'ignorance, ce qui est, me semble-t-il, conforme au sutra.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
tompouce

Bonjour,

Est ce que se libérer du karma c'est aussi de l'accepter ?
ted

tompouce a écrit :Bonjour,

Est ce que se libérer du karma c'est aussi de l'accepter ?
Non, je ne crois pas non... :roll:
Mais je me trompe peut-être...
En fait, je ne sais pas trop... :oops:
lausm

Bonjour.

Je réitère dans le sens de ce que j'ai dit : on ne peut se libérer de ce qu'on ne connait pas, donc il faut quelque part l'accepter.
Ted, dans ce que tu écris, je décèle le désir de ne plus etre sujet au karma.
Si ne plus souffrir est compréhensible, je pense que l'accent que tu mets sur le fait de vouloir échapper a ce que tu crains-c'est ce que je ressens a te lire-me semble un mauvaise motivation : tu voudrais échapper a quelque chose, et donc quelque part a mon avis il s'agit d'une aversion....donc vouloir éviter les conséquences de ses actes, donc les conséquences d'un karma passé, est encore un karma qu'on produit.
Dainin Katagiri disait que son maitre se plaignait qu'il lui arrivait tout le temps des tuiles, mais qu'il était conscient que malgré sa pratique il avait un mauvais karma.

Mais en fait il faudrait plutot différencier le karma de ses fruits.
Un sutra qui est dans "l'enseignement du Bouddha", de W.Rahula, l'explique très bien.
On peut pratiquer, avoir une vie vertueuse, créer du bon karma et etre heureux dans cette vie, car on reçoit les fruits d'un bon karma.
Et on peut pratiquer, avoir une vie vertueuse, créer du bon karma et n'avoir que des embrouilles, car on paie les fruits d'un mauvais karma passé...meme si on sème des bonnes graines.
Et l'inverse est valable : on peut avoir une vie dissolue, créer du mauvais karma et ne jamais avoir de problèmes : on récolte les fruits de bons karma passé.
Ou avoir une vie dissolue,créer du mauvais karma et n'avoir que des emmerdes : on récolte ce qu'on sème.

Donc on ne peut échapper a son karma : il faut l'assumer, c'est a mon sens la meilleure façon de le dépasser.
Il n'y a pas selon la vision de l'éveil subit, un réservoir en nous dans le sens que si nous n'avons pas d'ego substantiel, où la poussière pourrait-elle se déposer, comme aurait dit Eno?
Par contre on peut le réaliser, cela n'empèche pas qu'on ait a assumer les conséquences de ses actes. Donc éventuellement un mauvais fruit karmique.
Mais la sagesse populaire dit la meme chose quelque part : qui paie ses dettes s'enrichit.

cela est le sens de l'histoire du renard sauvage et Hyakujo : ce moine qui vient le voir et lui dit qu'il était maitre, et que depuis cinq cent vies il transmigre sous la forme d'un renard sauvage, en rétribution d'avoir osé dire a un moine qui le questionnait sur la causalité, que l'éveil pouvait l'affranchir de la causalité.
-pour les traducteurs, attention donc au mauvais karma qui fait devenir renard sauvage-
Alors il lui repose la meme question, et Hyakujo de lui répondre : "n'essaie pas d'effacer tes traces".

Se libérer du karma n'est pas donc de s''en échapper...mais d'assumer ses actes etc...et leurs conséquences.

Comme dit Flocon, on s'illumine de l'intérieur : en fait quand je parle d'observation, il ne s'agit pas d'une observation analytique : c'est réellement une action de conscience totale de son etre, et si j'utilise ce terme, je le ressens plus comme Flocon le décrit, comme une illumination directe....après on pourra toujours chipoter sur les mots, ils peuvent toujours etre trompeur, mais dans le zen, shikantaza, c'est concentrer observer d'un seul esprit, c'est aller direct au centre sans faire des étages de catégorie.
C'est éclairer ses illusions, mettre le projo sur son mauvais karma-le bon aussi d'ailleurs.
Par contre, le fait de pratiquer cette illumination, en permettant de devenir "plus"conscient-car ce "plus" que j'utilise décrit mal quelque chose qui est plus qualitatif que quantitatif concernant la conscience- permettrait d'inactiver le surgissement des graines de mauvais karma qui sont dans l'esprit, si ça peut te rassurer.
Tu as du vivre déja des moments où tu te vois t'énerver après des trucs, et voir ce mouvement se lever et tomber d'un coup, presque sans l'avoir voulu : c'est ça, cette habitude de la pratique qui va faire qu'on va réagir plus sainement sans meme l'avoir voulu, a force d'exercice.

Mais je sens de la culpabilité derrière cette question : il faut aussi se pardonner sans condition et sortir de ce poison psychique qu'est la culpabilité : ce qu'on a fait on a fait, on ne pourra jamais refaire le passé, par contre on peut cesser de reproduire ses erreurs, et en tirer leçon et aider les autres a partir de cela. Pour cela il faut s'aimer soi meme aussi.
Ne pas avoir peur de ce qu'on est.
ted

lausm a écrit : Par contre, le fait de pratiquer cette illumination, en permettant de devenir "plus"conscient-car ce "plus" que j'utilise décrit mal quelque chose qui est plus qualitatif que quantitatif concernant la conscience- permettrait d'inactiver le surgissement des graines de mauvais karma qui sont dans l'esprit, si ça peut te rassurer.
Ah ! quand même ! :)
Parce que ça fini par être déprimant de faire des efforts pour finalement en être peu récompensé. :)
lausm

Oui, cher Ted, mais tu ne dois pas etre sans savoir que la meilleure façon de toucher la récompense, c'est de pratiquer ces efforts en abandonnant toute velléité d'en retirer un profit quelconque, et donc de pratiquer pour pratiquer, peu importe le but qu'on atteigne ou pas.

Mais souvent on cherche les bienfaits quelque part, et on ne reconnait pas la où ils sont, parfois sous notre nez.
Tu vas y arriver.
tongra

ted a écrit :Ah ! quand même ! :)
Parce que ça fini par être déprimant de faire des efforts pour finalement en être peu récompensé. :)
C'est justement ce positionnement qui est problématique : dès le début on installe "sa personne" comme devant faire des efforts. Moi, le but et ce qu'il y a à faire.
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axiste
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Je le ressens ainsi tout à fait.

C 'est difficile de se défaire des mots entendus mille fois, ça demande de poser toute velléité de quoi que ce soit…l'acte gratuit c'est pas mal pour sortir de ces mots là, ça demande une écoute au présent...

Plus de moi, plus de but, et plus rien à faire que ce qui se déroule…et encore, on peut se perdre aussi dans cette démarche si elle est récurrente: on sort alors de la gratuité, du don...

C'est d'ailleurs pas facile d'y rester car on est sollicité de tous les côtés: pourquoi tu te "laisses faire", on se "sert de toi"…et j'en passe…faut se mettre des oreillettes ou être drôlement convaincue…parce qu'au final on ne donne pas: dans le don on reçoit. …alors les arguments s'étiolent si à l'intérieur on est pas mu par une évidence…l'idéal étant peut-être d'oublier tout ça et de prendre les choses comme elles arrivent: donner quand cela se présente et faire des efforts en fonction d'un but d'autres fois mais pour la situation et pas pour soi(alors là on retomberait dans le don)...bref, oui, ça peut-être compliqué...

Mais c'est pareil avec la notion de karma, on devrait presque oublier sa signification… sachant que si on fait le ménage dans les kilesas, ça devrait aller mieux…
Mais c'est beaucoup de mots…trop de mots encore...

Je suis un peu sorti du sujet karma mais en fait non si le karma est action…d'ailleurs, quelle est la signification qu'on lui donne ? Est-elle la même pour toutes les écoles ?

Sorry si j'ai débordé un peu... Butterfly_tenryu
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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