Matthieu Ricard : "L’âge de l’altruisme est venu"

ted

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Présent samedi à Cannes pour un colloque, l’interprète favori du Dalaï-Lama publie "Plaidoyer pour l’altruisme". 900 pages à lire d’urgence. Un essai plein d’espoir, véritable remède anti-crise.

Il jongle avec un agenda de ministre. Enchaîne interview sur interview. Télés, radios, presse écrite et, hier, un colloque passionnant organisé à Cannes par l’association Arte Filosofia et son président, François Laperou. Mais Matthieu Ricard n’est pas homme à se laisser impressionner. Moine, bouddhiste, interprète français du Dalaï-Lama - il habite dans le monastère de Shechen au Népal - il vient de publier « Plaidoyer pour l’altruisme ». 900 pages de respiration. Qui devraient être remboursées d’urgence par la Sécurité sociale. Remède anti morosité, anti crise, anti égoïsme : des années de travail pour un concentré de bienveillance.

Vous écrivez un livre sur l’altruisme, une valeur qui semble à rebours de la société moderne...

C’est ce qu’on dit. Mais tout le monde est perdant dans un bonheur égoïste. Ce qui me frappe, c’est que pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, nous assistons à un impact majeur sur notre planète. Certes, on peut toujours dire « après moi le déluge ». Mais si on a de la considération pour les générations à venir, on ne peut rester les bras croisés. C’est comme une famille qui brûlerait sa maison avant de mourir.

L’altruisme est-il une vertu sans défaut ?

Il y a évidemment des simulacres d’altruisme. On peut l’être de manière intéressée, pour la gloriole, pour se faire mousser. Mais cette soit disant idée que vous faites du bien à l’autre, parce que ça vous fait du bien, est un argument très spécieux. La bonté, la bienveillance, la générosité sont naturelles. Cette chaleur agréable qui arrive après, comme un effet secondaire, ne se produit que si votre motivation initiale est de faire du bien à l’autre. Et bien, tant mieux ! Pourquoi devrait-on se sentir terriblement mal d’être altruiste ?
Sources : http://www.buddhachannel.tv/portail/spi ... ticle22975
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Dharmadhatu
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ba11 ba11 ba11

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Katly

buuuudaaa <<metta>>
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FleurDeLotus



Merci Ted loveeeee
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Dharmadhatu
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shuuuuuuuuuuuuttttt Je me dis que c'est presque dommage de n'en faire profiter que la seule section Vajrayana, l'altruisme étant l'un des fondements du Bouddhisme tout entier, de l'humanité tout entière, de l'univers lui-même.

FleurDeLotus
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Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
ted

Bien vu. Je le mets aussi en lien dans "Bouddhisme".
jap_8
Avec une vidéo en prime ! :)
Il dit que les animaux ont des comportements altruistes... :roll: C'est vrai ça ? :oops:
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axiste
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Et jusqu'aux orchidées qui coopèrent... oiseau2julie

L’orchidée est une plante particulièrement dépendante des champignons. Dans la nature, leur association fonctionne dès le stade de la graine, minuscule, qui a besoin d’aide pour germer. Les champignons aident aussi l’orchidée adulte en compensant la petitesse de son appareil racinaire. Le champignon “ forme un immense réseau dynamique de collecte de nourriture qui pourvoit entièrement aux besoins nutritionnels de l’orchidée, explique Tom Wakeford. L’orchidée lui procure en contrepartie de petites quantités de vitamines et de composés azotés. Sa générosité a cependant des limites clairement établies. L’orchidée se sert de fongicides naturels contre son invité chaque fois qu’il essaie de quitter les racines, sa demeure normale, dans l’intention de coloniser la tige ”.
http://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/102 ... =9:0-9:776
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
ted

Sa générosité a cependant des limites clairement établies. L’orchidée se sert de fongicides naturels contre son invité chaque fois qu’il essaie de quitter les racines, sa demeure normale, dans l’intention de coloniser la tige ”.
Toute la question est là : quelle est la limite entre altruisme et complaisance.
Même les orchidées ont des mécanismes pour éviter l'amalgame.

Quand on a eu une éducation chrétienne (esprit de sacrifice, don de soi, St Martin de Porres, BA boy scout, etc...), c'est difficile de discerner la limite. Avec Jesus mort sur la croix pour sauver le reste du monde !

Quand l'altruisme flirte avec le sacrifice, comment y voir clair ? :oops:
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axiste
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Ah oui ce passage m'a interpellée aussi et donc je l'ai laissé. C'est sans doute une question d'équilibre...
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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Dharmadhatu
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ted a écrit :
Sa générosité a cependant des limites clairement établies. L’orchidée se sert de fongicides naturels contre son invité chaque fois qu’il essaie de quitter les racines, sa demeure normale, dans l’intention de coloniser la tige ”.
Toute la question est là : quelle est la limite entre altruisme et complaisance.
Même les orchidées ont des mécanismes pour éviter l'amalgame.

Quand on a eu une éducation chrétienne (esprit de sacrifice, don de soi, St Martin de Porres, BA boy scout, etc...), c'est difficile de discerner la limite. Avec Jesus mort sur la croix pour sauver le reste du monde !

Quand l'altruisme flirte avec le sacrifice, comment y voir clair ? :oops:
color_3 Génial comme sujet ! Le Bouddhisme dira que les orchidées ont besoin de l'altruisme uniquement dans la mesure où celui-ci peut engendrer des effets biologiques et donc des réactions biologiques (comme la musique offerte par un jardinier amoureux de la nature, dont les ondes sonores harmonieuses entraînent des réactions correspondantes). Les plantes n'ont pas de conscience dans l'Abhidharma. Ce sont juste des actions/réactions physiologiques. Dans ce cas, il s'agira de l'interdépendance, âme sœur de l'altruisme des êtres conscients.

Si l'altruisme implique un sacrifice, alors la question vient: de qui est-ce le sacrifice ?

S'il est celui de la personne aimante, ok. S'il est celui de l'objet de cet amour, ça cloche.

Et encore, le sacrifice n'en est pas un pour l'altruiste puisqu'il réalise au fond du cœur qu'il n'est là que parce que les autres sont là (l'existence interdépendante).

Enfin, il me semble...

Plus techniquement, le Buddhadharma dira que les autres ne sont pas les causes substantielles de ma continuité d'agrégats appropriés - dans le sens où celle-ci n'a pas de début, mais qu'ils sont les conditions coopérantes du statut de ma condition actuelle: ils m'ont tous apporté quelque joie au moins une fois au cours de toutes mes existences. La joie d'aimer quelqu'un, celle d'être moi-même aimé par quelqu'un, celle d'être reconnu par quelqu'un, caressé dans le sens du poil dès qu'une tuile a pu m'arriver, celle d'avoir l'estomac plein bien des fois, celle d'avoir chaud dans un lit généreusement prêté, apprêté, par quelqu'un, où dans les bras de quelqu'un, dans l'écoute de quelqu'un, dans le sourire, la tendresse, l'affection de quelqu'un, la joie procurée par la vue d'une orchidée bichonnée par quelqu'un...

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Gloire aux jardiniers comme Jeannot ! loveeeee

Et au final, comme selon un point de vue bouddhiste, tous les êtres conscients furent au cours des kalpas antérieurs les jardiniers de ce monde et des orchidées sauvages qui l'ornent, gloire à tous les êtres !
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FleurDeLotus
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