"Moi" est constamment à l'oeuvre

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Dharmadhatu
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Bien que nous admettions le caractère négatif des pensées égoïstes, bien que nous tentions de les éviter dans le cadre de notre pratique, nous n'y arrivons pas, parce qu'au fond de notre esprit, la sagesse est déficiente. L'opposé de la sagesse, à savoir l'ignorance, fonctionne en revanche fort bien. Elle nous fait dire qu'au fond, l'égoïsme est une bonne chose, qu'il faut aussi penser à soi-même, que personne en dehors de nous-mêmes ne prendra soin de nous. Il en résulte que les pratiques et tout ce que nous pouvons faire dans ce monde, tout est dédié à nous-mêmes, accompli pour notre usage. "Moi, moi, moi" est constamment à l'oeuvre, tout ce que nous faisons est sous l'influence de l'égoïsme, profondément ancré dans notre esprit, même si, à la surface, nous prétendons le condamner.

XIIème Gyalwang Drukpa (Petite Guirlande de la sagesse, Claire Lumière).

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
ted

Dharmadhatu a écrit :
XIIème Gyalwang Drukpa a écrit :L'opposé de la sagesse, à savoir l'ignorance, fonctionne en revanche fort bien.
Elle nous fait dire qu'au fond, l'égoïsme est une bonne chose, qu'il faut aussi penser à soi-même, que personne en dehors de nous-mêmes ne prendra soin de nous.
Bé !!
C'est vrai ou pas ? :mrgreen:
On nous serine que nous sommes notre propre lumière ! eveil_333
Que même les Bouddhas ne peuvent nous aider si nous ne nous aidons pas nous-mêmes... oiseau2julie

Qu'il faut commencer par trouver la sagesse et la paix en soi avant de pouvoir prétendre en faire profiter les autres ! loveeeee

Alors, je ne vois pas en quoi la phrase : "que personne en dehors de nous-mêmes ne prendra soin de nous", serait une phrase égoiste ? :oops:
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Flocon
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Une suggestion, sans vouloir répondre à la place de Dharmadhatu :
ted a écrit :Alors, je ne vois pas en quoi la phrase : "que personne en dehors de nous-mêmes ne prendra soin de nous", serait une phrase égoiste ?
Peut-être parce qu'elle nie la possibilité et l'efficacité de l'altruisme chez les autres, donc qu'elle témoigne d'une vision des choses trop centrée sur soi-même. :?:

En tout cas, elle est objectivement fausse : pas besoin de chercher des exemples bien loin. Je sors d'une visite d'accompagnement en maison de retraite et dans ce lieu, ce ne sont pas les personnes âgées qui prennent soin d'elles-mêmes, tu peux m'en croire. Quand nous aurons quatre-vingt dix ans et la maladie d'Alzheimer (Dieu nous préserve, comme on dit chez moi :D ), mieux vaudra ne pas trop compter sur nos propres forces, ni nous appuyer sur ce type de formule. Heureusement, nous l'aurons oubliée... :lol:
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Katly

La manière dont on aura pris soin de nous-mêmes, dont on aura vécu, vieillit, c'est l'être qu'on offrira en soin à ses proches, à ses enfants. <<metta>>
ted

Flocon a écrit :En tout cas, elle est objectivement fausse : pas besoin de chercher des exemples bien loin. Je sors d'une visite d'accompagnement en maison de retraite et dans ce lieu, ce ne sont pas les personnes âgées qui prennent soin d'elles-mêmes, tu peux m'en croire.
Mais, il ne s'agit pas de ce genre de soins... :oops: :shock: :roll: <<metta>>
Sinon, la formule serait fausse, effectivement.
On peut apporter une sécurité matérielle à des personnes dépendantes. Un peu d'affection, de tendresse et de compassion aussi. Mais on ne peut pas leur apporter la paix de l'esprit sur un plateau. Sinon, les Bouddhas, dans leur grande compassion, le ferait pour tous les êtres.

Donc, quand on parle d'être sa propre lumière, de prendre soin de soi-même, c'est bien à cet apaisement de l'esprit qu'on fait référence ? En tout cas, je l'ai toujours compris comme ça... Et ça, on ne peut pas déléguer.

Ceci dit, il faudrait connaître le contexte de la citation du XIIème Gyalwang Drukpa. Peut-être s'adressait-il à un petit groupe bien précis de personnes qui pratiquaient des rites et des rituels, de bonne foi, mais avec un esprit de gain assez évident ? :oops:
Katly

Pas de "baguette magique" à offrir.
( Libération de l'esprit par soi-même, travail sur soi, soin de son propre esprit... )
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Flocon
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Mais de quel genre de soins parles-tu, alors? :shock:

"Apporter la paix de l'esprit" n'est qu'une formule abstraite, tu sais...
Je ne sais pas si tu as un peu d'expérience en matière de contact avec le grand âge, et des personnes en situation de dépendance profonde. Il se trouve que j'en ai (c'est la vie), et je t'assure que le personnel d'une maison de retraite contribue beaucoup à la tranquillité mentale des pensionnaires par ses soins matériels. Bien donner à manger à une personne âgée sénile, c'est l'aider à s'apaiser mentalement. Il n'y a pas de clivage entre le corps et l'esprit (et d'ailleurs le bouddhisme n'en établit aucun, du moins à ma connaissance :?: ).

Bref, je pense qu'il y a un malentendu.
Peu importe d 'ailleurs : ma réponse n'était qu'une suggestion et moi non plus, je ne connais pas le contexte de la citation.
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Katly a écrit :Pas de "baguette magique" à offrir.
( Libération de l'esprit par soi-même, travail sur soi, soin de son propre esprit... )
Mais est-ce bien vrai justement ?
Puisque le XIIème Gyalwang Drukpa semble dire (mais j'ai sans doute mal compris la citation ou son contexte) que ce type de pensée est égoïste, structurellement, puisque née de l'ignorance fondamentale.
Est-ce que les Bouddhas n'auraient pas un pouvoir beaucoup plus grand que celui qu'on veut bien leur donner ?
Par exemple, qu'est ce que la transmission ? :shock:
Ce n'est pas un effort que nous produisons par nous-mêmes. :cool: C'est bien "quelque chose" que nous passe un être éveillé. Un maître éveillé. :oops:
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Dharmadhatu
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ted a écrit :
Dharmadhatu a écrit :
XIIème Gyalwang Drukpa a écrit :L'opposé de la sagesse, à savoir l'ignorance, fonctionne en revanche fort bien.
Elle nous fait dire qu'au fond, l'égoïsme est une bonne chose, qu'il faut aussi penser à soi-même, que personne en dehors de nous-mêmes ne prendra soin de nous.
Bé !!
C'est vrai ou pas ? :mrgreen:
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Alors, je ne vois pas en quoi la phrase : "que personne en dehors de nous-mêmes ne prendra soin de nous", serait une phrase égoiste ? :oops:
jap_8 Coucou les amis,

En effet, chacun est son propre flambeau, mais tous les êtres sont aussi interdépendants. Il y a à mon avis, un juste milieu entre: tout est entre les mains de quelqu'un d'autre et tout est entre les mains de chacun. De la même façon qu'on fait soi-même la route, mais qu'on a aussi besoin que d'autres nous l'indiquent.

FleurDeLotus
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ted

Flocon a écrit :"Apporter la paix de l'esprit" n'est qu'une formule abstraite, tu sais...
Non. Pas d'accord...
Flocon a écrit :Je ne sais pas si tu as un peu d'expérience en matière de contact avec le grand âge, et des personnes en situation de dépendance profonde. Il se trouve que j'en ai (c'est la vie), et je t'assure que le personnel d'une maison de retraite contribue beaucoup à la tranquillité mentale des pensionnaires par ses soins matériels. Bien donner à manger à une personne âgée sénile, c'est l'aider à s'apaiser mentalement. Il n'y a pas de clivage entre le corps et l'esprit (et d'ailleurs le bouddhisme n'en établit aucun, du moins à ma connaissance :?: ).
Quand on se lance sur une voie telle que la voie bouddhiste, je pense que beaucoup de gens réalisent qu'"être" est fondamental. Et qu'"avoir" n'est pas la source du bonheur, ni de l'apaisement. Alors, oui, bien sur, des conditions matérielles correctes sont un bon cadre pour poser une pratique. Mais il y a tant de personnes, parfois âgées, qui bénéficient de conditions matérielles plus que correctes et qui pourtant, dépérissent.

Oui, les personnels de certaines maisons de retraite (pas toutes hélas), font des miracles et développent des trésors de communication. Mais ce n'était pas mon propos. Ce que je relève, c'est l'aspect apparemment égoïste (d'après la citation) , de la pensée consistant à vouloir : "prendre soin de soi-même"/"personne d'autre ne le fera pour nous". N'y aurait-il pas là une incitation à placer plus de confiance en l'action des Bouddhas ? :)

PS : Oui, Flocon. J'ai déjà été en contact avec des personnes agées dépendantes.
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