la prière

Katly

Cela me rappelle un autre arbre, que j'ai demandé de ne pas couper.
En pleine campagne, où j'habitais il y a quelques années, on avait un arbre mort dans notre champs en face. Il avait encore une belle allure robuste, malgré qu'il était gris et sec comme un os. Il servait de perchoir à une magnifique buse qui venait là, même l'hiver, je la regardais par la fenêtre, le matin tôt, dans les brumes et le silence.
Quand nous avons quitté les lieux, cette maison a été reprise par d'autres personnes qui s'étaient montrés peu amicales. Elles ont annoncé qu'elles couperaient l'arbre pour faire du bois de chauffage. Je leur ai dis de ne rien faire, qu'il appartenait à la nature et la buse qui venait chasser ici, que pour le bois, il y avait d'autres fournisseurs. Ils ne m'ont pas écouté. :-(
Pour eux c'était un arbre qui servait à rien et laid. :shock:

Je n'ai pas eu le pouvoir ni de la parole, ni de la prière, ni du haïkaï...
Cela fait toujours bizarre un arbre qui n'est plus dans l'espace.
Avatar de l’utilisateur
Flocon
Messages : 1701
Inscription : 19 mai 2010, 07:59

Katly a écrit :Je n'ai pas eu le pouvoir ni de la parole, ni de la prière, ni du haïkaï...
Bien sûr. Qui l'aurait? loveeeee
Il y a bien une part de merveilleux, ou de surnaturel, dans l'histoire de Chiyo Ni, comme dans celle de Saint François ; la nonne et le Saint ne sont pas exactement "comme tout le monde" (en termes bouddhiques, on dirait que Chiyo Ni joue dans le petit conte un rôle de Bodhisattva, je crois, voire qu'elle est carrément un avatar de Jizô Bosatsu). Bref, on n'est pas dans la réalité brute ; la réalité brute, en fait, elle est dans le haïkaï. Le destin normal d'un arbre devenu inutile aux yeux des hommes, beau ou laid, avec ou sans l'intervention d'un poète, c'est la cheminée.

Katly a écrit :Cela fait toujours bizarre un arbre qui n'est plus dans l'espace.
Oh oui.
Il y a de beaux textes à ce sujet. Je pense à Supervielle, il a bien décrit cette étrangeté du manque, qui est commune aux hommes et aux animaux.

Dans la forêt sans heures
On abat un grand arbre.
Un vide ver­ti­cal
Tremble en forme de fût
Près du tronc étendu.

Cher­chez, cher­chez, oiseaux,
La place de vos nids
Dans ce haut sou­ve­nir
Tant qu’il mur­mure encore.

love_3
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Katly

Flocon a écrit :
Katly a écrit :Je n'ai pas eu le pouvoir ni de la parole, ni de la prière, ni du haïkaï...
Bien sûr. Qui l'aurait? loveeeee
Il y a bien une part de merveilleux, ou de surnaturel, dans l'histoire de Chiyo Ni, comme dans celle de Saint François ; la nonne et le Saint ne sont pas exactement "comme tout le monde" (en termes bouddhiques, on dirait que Chiyo Ni joue dans le petit conte un rôle de Bodhisattva, je crois, voire qu'elle est carrément un avatar de Jizô Bosatsu). Bref, on n'est pas dans la réalité brute ; la réalité brute, en fait, elle est dans le haïkaï. Le destin normal d'un arbre devenu inutile aux yeux des hommes, beau ou laid, avec ou sans l'intervention d'un poète, c'est la cheminée.
Ouais, aux yeux des hommes.
Pour l'arbre mort, ils m'avaient prise pour une "uluberlue". :roll: :oops: Je ne sais pas comment il était mort, mais la foudre était le plus plausible. Mais c'est eux que je n'ai pas réussi à faire changer d'avis, à l'époque, c'est ce que je voulais dire.
Dans la nature ( sans les hommes )il y a des arbres morts qui restent debout longtemps, c'est leur façon à eux d'être morts(utile), encore debout, mangé par des vers, leur tombeau c'est le ciel et la terre. "Ami" de la buse et nourriture de la terre...

Flocon a écrit :
Katly a écrit :Cela fait toujours bizarre un arbre qui n'est plus dans l'espace.
Oh oui.
Il y a de beaux textes à ce sujet. Je pense à Supervielle, il a bien décrit cette étrangeté du manque, qui est commune aux hommes et aux animaux.

Dans la forêt sans heures
On abat un grand arbre.
Un vide ver­ti­cal
Tremble en forme de fût
Près du tronc étendu.

Cher­chez, cher­chez, oiseaux,
La place de vos nids
Dans ce haut sou­ve­nir
Tant qu’il mur­mure encore.

love_3
Très beau, merci Flocon, magnifique j'aime beaucoup Jules Supervielle et celui-ci, je ne le connaissais pas, bel hommage à nos souvenirs d'arbres, aux arbres. jap_8
Avatar de l’utilisateur
Flocon
Messages : 1701
Inscription : 19 mai 2010, 07:59

De rien, c'est toujours un plaisir de partager des souvenirs et des poèmes. :)

Pour revenir au sujet de la prière dans le bouddhisme, c'est quelque chose qui reste un peu obscur pour moi. Il existe des formules d'hommage au Bouddha (historique ou cosmique comme Amida, peu importe), des formules de vœux pour soi-même et pour autrui, des invocations aux êtres vénérés, mais s'agit-il à proprement parler de ce que nous avons l'habitude d'appeler "prière", je n'en sais trop rien. Personnellement, je ne pratique aucune prière dans un cadre bouddhiste, donc ma foi... :?:
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Katly

Je me disais pour un arbre, même mort, parfois, on ne peut pas être tranquille.
Mais pour les humains, on prie et cela les aide à faire le voyage tranquille, on prend le temps.

Je n'ai connu que deux prières enfant, du christianisme, mais mal transmises par le milieu familial, d'une mauvaise façon sur le sens, et les circonstances mais cela a malgré tout touché mon coeur, c'est passé au travers. :D Je m'en rend plus compte aujourd'hui... Après ça, ça s'est enfoui, la prière est devenue intérieure, puis plus tard spontanée dans le recueillement naturel du silence parfois, mais je ne savais pas vraiment si c'était "prier", ou en marchant souvent... puis maintenant je découvre la prière dans le bouddhisme petit à petit.
Je crois qu'on apprends pas vraiment cela comme une pratique, on grandit avec, on le vit au fil du temps, même si cela semble avoir disparu de notre vie à un moment, cela resurgit et on éprouve le besoin très intense un jour, que cela devient plus présent, comme respirer. On vit en respirant, on vit en priant. Donc, les prières du bouddhisme vont faire comme ça un chemin en nous, entrer dans notre coeur et dans notre vie naturellement.
S'il y a bien une chose qu'on ne peut pas forcer ou apprendre par coeur de façon confuse, c'est bien la prière.
J'ai mauvaise mémoire pour bien des choses, mais le début d'une prière qui revient, un mantra ou une chanson ça ça reste.
Mais à part ça, j'ai encore du mal à mettre ça dans une forme avec des mots, dans le bouddhisme, peut-être que la poésie m'aidera... :) Je ne sais pas. Je me sens mieux dans le silence, peut-être que la prière ça existait bien avant de parler, avant les mots, les langues...
La raison la plus bête aussi c'est qu'il faut lire la prière pour la connaître et mes yeux se sont fatigués sur les livres, faut des bonnes binocles.
ted

Une chose est certaine : quand on émet un souhait, avec suffisamment de conviction, de foi et d'espoir, ... il n'est pas rare qu'il se réalise.
Alors, je laisse aux théoriciens le soin de savoir "pourquoi" ou "par qui" ou "comment"... :)

Mais c'est quelque chose de précieux... <<metta>>
Katly

ça je pense que oui, simplement émettre du fond de son coeur... parce que il y a longtemps, des choses que je ne savais pas traduire ou formuler, ou exprimer mais qui partait de l'amour et que je souhaitais intensément, j'en vois des signes aujourd'hui. Et je me dis que j'avais raison, j'avais raison d'y croire, des fois comme quelqu'un de ivre qui saute de joie. :oops:

Je m'excuse si je n'ai pas vraiment répondu à la question de Flocon mais invoquer, invoquer des forces pour changer des choses, c'est une prière. Les voeux aussi je pense. L'hommage aux êtres vénérés, c'est a la fois prière et remerciements, gratitude sans doute.

Autrement, les moines tibétains lisent, psalmodient des textes très longuement assis devant des petites tablettes, je ne le fais pas mais je comprends l'énergie que cela peut générer.
Avatar de l’utilisateur
Flocon
Messages : 1701
Inscription : 19 mai 2010, 07:59

Katly a écrit :Je m'excuse si je n'ai pas vraiment répondu à la question de Flocon
Je t'en prie. Ce n'est pas une question facile de toute manière. Ce qu'on appelle "prière" diffère dans chaque religion, malgré des traits communs.
Katly a écrit : invoquer des forces pour changer des choses, c'est une prière.


Pas forcément : pour le judaïsme et l'Islam, qui prônent le strict recours à Dieu seul, il s'agit d'idolâtrie.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Katly

Ah, oui... :roll: ce mot "idolâtre" me fait toujours penser à un doigt accusateur :roll: pour les autres. :roll: <<metta>>
Parfois on invoque des forces sans savoir d'où et de qui, à travers une chose ou pas, mais en même temps on sait qu'il y a quelque chose.
Enfin, bref, je considère pour ma part que sans "foi de confiance", on aura beau être né dans une religion, ou avoir eu une éducation quelconque, la prière ne s'épanouit pas.
Tout ça est très personnel, intime, c'est comme l'amour, personne ne peut te dire comment prier comme comment aimer, tu trouve en toi.
On peut dire que la prière est lumière et elle a cette part d'obscur, d'inexplicable et c'est pas plus mal. love3
Avatar de l’utilisateur
Flocon
Messages : 1701
Inscription : 19 mai 2010, 07:59

Non, je ne crois pas qu'il faille voir une quelconque accusation dans cette notion d'idolâtrie. Pour les religions monothéistes strictes, c''est simplement une erreur, qui consiste à mal orienter sa confiance : si l'on prie le vent par exemple, (qu'on le personnifie en un dieu ou non n'a pas d'importance) on prie en réalité un phénomène météorologique indifférent qui ne pourra jamais nous exaucer car seul Dieu a ce pouvoir. La prière est alors inefficace. Prier des "forces" indéterminées relève, me semble-t-il, du même type de pensée, mais je me trompe peut-être.

C'est compliqué de toute façon, et on irait vite au HS en développant. Je prends juste un exemple concernant le judaïsme pour mieux me faire comprendre : il y existe des prières à la lune :shock: :lol: . Quand on apprend à les réciter, on apprend aussi à bien le faire pour éviter l'idolâtrie, c'est-à-dire à ne pas prier l'astre en lui-même, mais à travers lui, Dieu qui est à l'origine de son existence et de ses bienfaits pour les hommes. Il y a des techniques particulières pour cela (et si on les maîtrise mal et qu'on verse un peu dans l’idolâtrie, ce n'est pas non plus un drame, on ne reçoit pas le ciel sur la tête).

Voilà, j'espère avoir levé le malentendu s'il y en avait un. loveeeee
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Répondre