Le KARMA c'est dans cette vie ci ? ou dans la prochaine ?

Katly

Jean a écrit :
L'autre approche, c'est celle décrite par Shunryu Suzuki. Si on pratique tout au long de sa vie le Dharma d'une manière ou d'une autre, c'est comme marcher dans le brouillard, à la fin on est trempé, imbibé jusqu'aux os par le Dharma. On a remplacé peu à peu de mauvaises habitudes, conceptions, attitudes, comportements, attachements par leur contraire et on a équilibré dans sa vie l'Etre et le Faire. Des retraites petites et moyennes sont possibles à faire relativement facilement.

A propos du karma, un même ensemble de cause peut produire un résultat immédiat qui va produire un résultat à moyen et long terme qui va produire un résultat dans le Bardo qui va produire un résultat dans la vie suivante. Principe de la boule de neige.

Une question à poser à une personne compétente : Il est dit que dans le Bardo, on dispose, entre autre chose, d'une conscience encore plus vive que de son vivant, on dispose aussi des souvenirs de sa vie précédente, ce qui veut dire que l'on peut prier, méditer, réciter son mantra favori, Etre et ainsi agir dans l'évolution de son expérience du Bardo, naviguer dans le Bardo et induire une bonne renaissance. Il ne manquerait plus alors qu'à se marier, vivre heureux et avoir de nombreux enfants. :D
jap_8 <<metta>>
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Dharmadhatu
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jap_8 En effet, Katly, les retraites peuvent être effectuées par des laïcs; ça a été mon cas et ça le sera à nouveau j'imagine.

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Jean

Pour en revenir au concept de Bodhissattva.

C'est sûr que le Bodhissattva est quelqu'un d'admirable, que c'est beau, que c'est exemplaire mais ce qui est important dans cette réalisation c'est que le coeur soit ouvert.

Si le coeur est fermé il n'est pas possible de se connecter à l'esprit le plus subtil, à Rigpa et donc à sa vraie nature, au visage que l'on avait avant sa naissance. Si le coeur est fermé toute la circulation des énergies est perturbée et elles ne circulent pas là ou elles devraient circuler, ce qui se traduit par des perceptions distordues et tous les comportements aberrants qui en découlent et aussi par des maladies.

Quand les enseignants parlent d'esprit vaste, d'esprit spacieux, de conscience illimitée, c'est du coeur qu'ils parlent. Dans le Bouddhisme, ils situent la conscience dans le coeur. Ouverture du coeur ou ouverture de l'esprit son synonymes.

On pourrait dire que quand on rentre dans le chemin du Bodhissattva, on prend le taureau par les cornes.

Le coeur est le centre énergétique le plus difficile à ouvrir, le plus instable. S'il est ouvert, stabilisé tout le reste suit.

Dans Zazen la stabilité , le calme de la posture, amène la détente du Hara qui fait tache d'huile, se répand jusqu'au niveau du coeur. Thich Naht Hanh suscite cette ouverture du coeur par la pleine concience du sourire, la douceur, la bienveillance.
Katly

jap_8 Je n'en doute pas une seconde, Jean. :) loveeeee



Cette vie m'offre maintenant, déjà, des joies profondes et des petits bonheurs.

Ouverture du coeur

imprégnation

comme la rosée

sur la fleur de l'instant.
lausm

Dans le zen, l'ordination dite de bodhisattva, est celle de disciple laic. Celle de moine, c'est pas laïc!
Bodhisattva, ça veut dire "être d'éveil". aussi simple que ça, ça devrait trancher toute complication.
Ted rappelait que je suis moine. Certes. Cela dit, je ne veux plus utiliser ce terme comme un étendard : à vrai dire je pense comme Freelion, que ce terme est trop galvaudé. Je suis, comme il dit, un faux moine (je vis avec une nonne, nous avons eu un fils ensemble, argh!).
Cela dit, le fait d'avoir femme ou homme, n'est pas pour moi un critère de moinitude plus qu'autre chose, pas plus que manger ou pas de la viande, etc etc....
Je pense qu'on ne force pas un engagement.
PAr contre, l'ordination, m'a probablement permis de continuer à pratiquer. Deshimaru présentait ça comme une aide, à ce qu'on m'a dit. C'est comme ça que je le perçois.
Après, faut arrèter d'idéaliser : beaucoup en font beaucoup trop avec ce truc. On est des gens normaux, avec un voeu spirituel.
Après, plein de gens normaux sont bien plus réalisés spirituellement, que certains qui sont moines. Au final, ça ne veut rien dire de plus.
C'est comme le mariage, faut le faire vivre après.

Après, je serai contradictoire par rapport à la norme (mais la norme m'intéresse peu, ça ne m'a jamais réussi d'"essayer de ne pas être moi-même!), moine c'est ce qui m'a permis de devenir homme, aussi de trouver ma compagne. Pour moi, moine n'est pas séparé de la vie normale, sinon c'est une projection de notre vision occidentale du moine.
Car au Japon, ils se marient. Certains ont une vie civile normale aussi, d'autres optent pour la vie de temple.
Et au final, je pense qu'au 21e siècle, toutes ces distinctions sont un peu surranées, et qu'on devrait en finir avec tout ça. et juste prendre les préceptes, et arrèter de créer des catégories, des échelons, des illusions de progression.
Car l'éveil c'est être complètement ce qu'on est, ici, maintenant.
Alors, cette vie, la prochaine : et si cette vie était déjà la prochaine? et si la prochaine était cette vie?
allez savoir!
Katly

:) <<metta>> Merci pour ta réponse Lausm. jap_8
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Flocon
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Merci des réponses complémentaires. :D
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Katly

Comme Lausm, "ça ne m'a jamais réussi d'essayer de ne pas être moi-même". Les moules, les normes... je suis déjà une contradiction de la "normalité", atypique sans doute... Quel que soit l'engagement, cela ne se force pas oui...

Cette idée de me conformer, poussée trop loin a une époque, m'a fait plus de mal que de bien. Le bien qu'il en reste, c'est l'acceptation de soi, est beaucoup plus ouverte et créatrice. Être soi-même, faire avec ce qu'on est, en accord avec son coeur, son aspiration profonde et ses propres rêves. C'est déjà plus transformateur, et une confiance en sa nature de bouddha.
Dans notre pays, il y a toujours cette séparation du corps et de l'esprit... :roll:

Si avec TNH, il y a un ordre monastique et des ordinations, il y a aussi une approche ouverte avec les laïcs, qui se préoccupe davantage de l'être, de son aspiration profonde, au quotidien, dans la pratique, l'action, les "entraînements"... plus que le titre, c'est l'être, le vivre et ça fait son chemin...

"Chaque instant de votre vie peut servir à pratiquer la pleine conscience.
Que vous soyez à attendre votre repas ou à faire la queue pour l'appel, vous pouvez respirer en toute conscience ou pratiquer la technique du sourire.
Veillez à ne pas gaspiller aucun instant de votre vie, toute minute qui passe pouvant être utilisée pour cultiver la solidité, la paix ou la joie.
Après seulement quelques jours de pratique de la pleine conscience, votre entourage retirera un certain bien-être de votre présence - ce dont vous vous rendrez compte.
Votre présence ici peut être celle d'un bodhisattva, d'un saint. Cela est du domaine du possible."

Thich Nhat Hanh.


FleurDeLotus
lausm

Voilà, le domaine du possible : une pratique doit être pratiquable, vivable, intégrable au quoditien. Sinon à quoi ça sert?
Kaïkan
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Bonjour

L'important dans l'ordination c'est de recevoir le katsumyaku (certificat de filiation du maître au disciple) , le kesa et bien entendu les préceptes.

" Le Okesa est ce que vénèrent tous les Éveillés, ce en quoi ils croient. Il est le corps du Bouddha, le cœur du Bouddha. On l'appelle l'habit de délivrance, la rizière bienheureuse, l'habit sans forme, l'habit du Tathagata, l'habit d'Anuttarak Samyak Sambodhi (l 'Éveil complet, parfait et sans égal).''
Maître Dôgen

Jiun a écrit :Ultimement, prendre ces préceptes ne représente qu'un engagement de soi vis-à-vis de soi-même. Qu'on les garde et nul ne viendra vous féliciter. Qu'on les transgresse et nul ne viendra vous réprimander. C'est juste une manière de se proposer à soi-même un chemin spirituel. De faire de sa vie un chemin éthique. Pourtant à cette dimension personnelle et intérieure est associée une dimension collective extérieure : nous entrons en bouddhisme. Cette tradition de prise des préceptes est restée ininterrompue depuis l'époque du Bouddha. Avec, bien entendu, des variations. Mais chaque personne qui reçoit les préceptes les reçoit d'une personne qui les a également reçus tout pareillement et ainsi de suite jusqu'à remonter au Bouddha Shâkyamuni. Les recevoir, c'est directement les recevoir du Bouddha lui-même. Nous disons traditionnellement que l'ordonné(e) devient un fils ou une fille du Bouddha.
Jiun Éric Rommeluère
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-- Kaïkan --
- Kyo gyo sho itto
-
L’enseignement, la pratique et le satori sont unité.
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