Où s'en va le désir ?

Jean

Une absence de désir peut être le signe d'une dépression et non de réalisation. Une personne dépressive peut croire qu'elle est sur le bon chemin, que son absence de désir est le signe qu'elle progresse et ainsi persévérer, approfondir sa dépression. Cela aussi peut être le signe d'une maladie pas encore déclarée.

Le désir , c'est un mécanisme pour essayer de recouvrir la sensation de manque qui est une sorte de peur du vide.

Pour résoudre la situation douloureuse de la souffrance de l'état de manque

le manque crée un objet du désir dans la dualité, et on court après pour l'obtenir et mettre fin à l'état de manque et ensuite vient une sorte d'orgasme de bref moment de plénitude, un nouvel état de manque va surgir, etc

l'autre moyen est par la méditation, retrouver son état naturel de plénitude
Exercer "le regard profond", le lâcher- prise sur la peur du vide peut être un moyen pour retrouver l'état naturel de plénitude.
Katly

Ben, pas fan de Mike Jagger :D c'est pas grave docteur. :lol:
Mais j'en ai d'autres. flower_333
Surtout des rêves, des beaux projets, un gros trésor de joie vraie bien caché dans le fond de mon coeur. oiseau2julie
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Flocon
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Jean a écrit :Une absence de désir peut être le signe d'une dépression et non de réalisation. Une personne dépressive peut croire qu'elle est sur le bon chemin, que son absence de désir est le signe qu'elle progresse et ainsi persévérer, approfondir sa dépression. Cela aussi peut être le signe d'une maladie pas encore déclarée.
Il me semble aussi, et je crois qu'il faut parfois se méfier sur ce point.
Ce que le bouddhisme se propose d'éteindre, ce n'est pas le désir, qui est une composante naturelle et bénéfique du fonctionnement humain : c'est la "soif", le maillon qui relie, dans le cadre de la coproduction conditionnée, la sensation et l'attachement. C'est-à-dire la convoitise intense, l'avidité douloureuse, une sorte de tension extrême entre l'individu et le monde. Ce n'est pas la même chose, je crois.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
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Dharmadhatu
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Flocon a écrit :
Jean a écrit :Une absence de désir peut être le signe d'une dépression et non de réalisation. Une personne dépressive peut croire qu'elle est sur le bon chemin, que son absence de désir est le signe qu'elle progresse et ainsi persévérer, approfondir sa dépression. Cela aussi peut être le signe d'une maladie pas encore déclarée.
Il me semble aussi, et je crois qu'il faut parfois se méfier sur ce point.
Ce que le bouddhisme se propose d'éteindre, ce n'est pas le désir, qui est une composante naturelle et bénéfique du fonctionnement humain : c'est la "soif", le maillon qui relie, dans le cadre de la coproduction conditionnée, la sensation et l'attachement. C'est-à-dire la convoitise intense, l'avidité douloureuse, une sorte de tension extrême entre l'individu et le monde. Ce n'est pas la même chose, je crois.
jap_8 Très juste, les amis.

La soif est parfois rendue à tort par désir, mais elle devrait être rendue par "désir obsessionnel".

C'est très différent, en effet.

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
ted

Dharmadhatu a écrit :
Flocon a écrit :
Jean a écrit :Une absence de désir peut être le signe d'une dépression et non de réalisation. Une personne dépressive peut croire qu'elle est sur le bon chemin, que son absence de désir est le signe qu'elle progresse et ainsi persévérer, approfondir sa dépression. Cela aussi peut être le signe d'une maladie pas encore déclarée.
Il me semble aussi, et je crois qu'il faut parfois se méfier sur ce point.
Ce que le bouddhisme se propose d'éteindre, ce n'est pas le désir, qui est une composante naturelle et bénéfique du fonctionnement humain : c'est la "soif", le maillon qui relie, dans le cadre de la coproduction conditionnée, la sensation et l'attachement. C'est-à-dire la convoitise intense, l'avidité douloureuse, une sorte de tension extrême entre l'individu et le monde. Ce n'est pas la même chose, je crois.
jap_8 Très juste, les amis.

La soif est parfois rendue à tort par désir, mais elle devrait être rendue par "désir obsessionnel".

C'est très différent, en effet.
bé, ça n'explique pas pourquoi les moines renoncent à toutes sortes de désirs. Ca devrait leur être autorisé tant qu'ils ne sont pas dans l'obsession ? :oops:
Katly

Il faut nuancer. jap_8 C'est l'obsession qui est néfaste et dangereuse. C'est ce qui porte aux extrêmes, aux transgressions, jusqu'au crime, et ignore le respect, la bienveillance et la compassion pour autrui et pour soi-même que ce soit moine/moniale ou laïc(que), malheureusement. Un désir qui en est arrivé à l'obsession, c'est un désir non-résolu, non transformé.
Le renoncement n'est pas une disparition du désir. Renoncer au désir se vit.
Choix de vie.
FleurDeLotus
Katly

Dans une autre religion, l'obscurantisme façon "Le nom de la rose" n'a pas fait de bonne choses.
Le passé sert de leçon. Ni retour en arrière ni fuite en avant ne sont possible maintenant.

Chacun son choix :) de là où il/elle commence. Vie monastique ou vie laïque, ou vie de "religieux mariés", comme dans certains pays, c'est vécu différemment, que ce soit dans l'un ou l'autre de toutes façons, Il y a un juste milieu, un juste équilibre, à trouver, à travailler, à cultiver, à mon avis.

FleurDeLotus

Au niveau plus matériel et possessions diverses, voitures, portables...etc c'est pareil, rares sont les monastères coupés de tout, des villes, du monde et des autres, sauf pour des retraites totales, intenses ou bien les lieux sont fermés à certaines périodes...
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Dharmadhatu
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jap_8 Très bonne question, Ted. Les moines ont d'innombrables voeux pour leur simplifier la vie: ayant moins d'occasion d'avoir du désir, ils n'ont pas à gérer la soif éventuelle qu'il peut susciter et ont ainsi plus de temps pour pratiquer.

Pour les moines du Mahayana, et surtout ceux du Vajrayana, le postulat est différent car il y a des méthodes supplémentaies offertes par le Bouddha pour gérer la soif éventuelle suscitée par le désir, comme le rappelait Longchen.

FleurDeLotus
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Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

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Jean

Non dualité : Pas de désir

Dualité : désir (sauf pour les gens trés avancés c'est la compassion qui les fait sortir de la dualité))

le passage non dualité dualité se fait par l'ignorance (sauf pour les gens trés avancés), ensuite sensation d'incomplétude, de manque, soif de plénitude, recherche d'un objet pour combler le vide.

Le passage dualité, non dualité par la peur de l'ego de mourir, par la peur du vide (sauf pour les gens très avancés)

Du point de vue du plaisir la non dualité serait comme du champagne et le plaisir dans la dualité étant comme celui du gros rouge qui tache. Si on a foi en cela, dans l'aspect plénitude et plaisir, c'est beaucoup plus facile de lacher prise.

Aller dans la non-dualité c'est revenir à la maison mais la crispation peur/ignorance est se situe très profondément. La crispation est simultanée à l'ignorance la crispation maintient l'état de conscience duelle, et la peur surgit dés que la crispation commence à se défaire, ce qui empêche le lâcher-prise. C'est comme passer un disque à l'endroit c'est la phase non dualité vers dualité par la crispation puis à l'envers, dualité vers non dualité, phase de la décrispation le son est l'émotion de la peur.(du néant, du vide, de mourir. On est habitué à vivre dans la dualité et on pense, on ressent que si on change de mode d'être, on va mourir.

C'est bon se rappeler que personne n'est mort pour avoir pratiqué la relaxation ou la méditation. Personne n'est passé à travers le plancher parce qu'elle s'est trop relaxée!

C'est difficile de se débarrasser définitivement de cette crispation originelle parce qu'elle est très profonde et très subtile. Il faut éliminer les crispations grossières pour y parvenir. C'est comme le premier pli d'une feuille de papier qui a été froissée, d'abord il faut remettre le papier completement à plat mais en plus le repasser pour que la cicatrice du moindre pli disparaisse. S'il reste même la moindre cicatrice, c'est comme laisser une seule mauvaise graine dans du terreau.

Il a du boulot!

Trungpa comparaissait la formation de l'ego à un tourbillon qui se forme dans la rivière. Ce qui le maintient c'est l'ignorance qu'il est la rivière, la crispation et la peur de ne plus être tourbillon, mais s'il lachait prise...

Le calme de la posture de méditation calme, ralentis le tourbillon et même parfois peut l’arrêter

C'est aussi l'histoire pour enfants (petits et grands) "How Roland Rolls" que raconte Jim Carey de la vague qui à peur de mourir sur la plage et qui s’aperçoit qu'elle est l'océan.
Dernière modification par Jean le 05 février 2014, 11:51, modifié 2 fois.
Katly

On voit aussi bien le renoncement chez les laïcs que les moines/moniales.Il y a les deux dans l'un et dans l'autre.
Dans une vie de laïc, on voit aussi le renoncement, la vie sociale, les protocoles ne sont pas les mêmes.
Il y a des gens qui ont ont pris comme "des voeux d'artiste peintre", de "marins", de "médecin"... etc
Et sinon, comment aider les êtres ? si on est pas ouvert au monde...
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