Le culturel au détriment de l'essentiel ?

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Boubou
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Inscription : 15 juillet 2012, 08:36

Voici un extrait d'un texte de Peter Fenner, qui peut entrer dans le thème du culturel qui s'intègre à nos formes culturelles pour aller vers l'essentiel :
Changements dans les structures de la transmission

Bien que l'expérience de la vacuité ou de la pure présence transcende les différences culturelles, les instruments pour la transmission de cette expérience changent avec l'introduction du bouddhisme dans les cultures occidentales.
L'un des changements que nous pouvons déjà observer est une démocratisation des institutions et des mécanismes de la transmission spirituelle. Dans les cultures indo-asiatiques traditionnelles, la transmission de la réalisation spirituelle avait lieu généralement dans une relation de maître à disciple (guru-shisha). La transmission des enseignements tantriques, par exemple, est construite sur la pratique du gourou-yoga. Dans cette pratique, le disciple perçoit le maître comme un être pleinement éveillé - un Bouddha. Tout ce que fait le maître est l'état d'éveil en action. Dans les traditions pratiquant l'enseignement des sûtras, l'enseignant est considéré comme un ami spirituel (kalyana-mitra) qui a droit a un respect et une dévotion que l'on rencontre rarement dans les relations hiérarchiques en Occident.
En Occident, la plupart des personnes en recherche spirituelle n'ont pas de références leur permettant de pratiquer suivant le modèle de transmission gourou-dis¬ciple. Le modèle autoritaire ou absent qui nous est plus familier, de par notre éducation ou notre rôle de parents, n'a pas permis d'engendrer le respect et la vénération qui soulignent une relation gourou-disciple efficace.

Cela, combiné avec l'ethos démocratique inhérent aux cultures occidentales modernes, est en train de créer des institutions bouddhistes dans lesquelles il y a moins de vénération pour des individus réalisés, mais plus de confiance faite aux communautés égalitaires. Le côté positif de ce changement, c'est que certaines communautés spirituelles se renouvellent autour du simple engagement de révéler et libérer les fixations de leurs membres. On suppose que les membres de ces communautés servent avec respect à refléter leurs points forts et leurs limitations respectives. De cette manière, certaines communautés regroupées autour d'une lignée ou d'un centre remplissent des fonctions de gourou.
Ma propre expérience va dans ce sens. Lorsque j'ai rencontré pour la première fois le bouddhisme tibétain, dans les années soixante-dix, j'ai eu le bonheur de recevoir l'affection et le soutien de Lama ThubtenYeshe. J'ai pu faire l'expérience directe de la grâce salvatrice d'un maître qui m'a extirpé d'un mode de vie autodestructeur et créé des apprentissages qui ont profondément marqué ma voie spirituelle. Après sa mort, en 1984, j'ai été forcé de trouver mon maître intérieur. J'ai bataillé seul pendant de nombreuses années. Lorsque j'ai commencé à enseigner, j'ai découvert que la capacité cumulative de mes étudiants à refléter mes propres limitations était égale, dans sa précision, son honnêteté et son attention chaleureuse, au soutien et aux enseignements que j'avais reçus de mon maître. Ce changement est en accord avec la façon dont je me considère moi-même, c'est-à-dire un guide plutôt qu'un maître spirituel.
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