Où s'arrête la curiosité ? Où commence la spéculation ?

Katly

« La vie est si curieuse, si surprenante, si nuancée, et chaque tournant du chemin nous découvre une vue entièrement nouvelle.
La plupart des gens ont une vision conventionnelle de la vie, or il faut s’affranchir intérieurement de tout, de toutes les représentations convenues, de tous les slogans, de toutes les idées sécurisantes, il faut avoir le courage de se détacher de tout, de toute norme et de tout critère conventionnel, il faut oser faire le grand bon dans le cosmos : alors la vie devient infiniment riche, elle déborde de dons, même au fond de la détresse. »

*


« La vie et la mort, la souffrance et la joie, les ampoules des pieds meurtris, le jasmin derrière la maison, les persécutions, les atrocités sans nombre, tout, tout est en moi et forme un ensemble puissant ; je l’accepte comme un totalité indivisible et je commence à comprendre de mieux en mieux pour mon propre usage, sans pouvoir encore l’expliquer à d’autres, la logique de cette totalité ; je voudrais vivre longtemps pour être un jour en mesure de l’expliquer. J’ai réglé mes comptes avec la vie, je veux dire : l’éventualité de la mort est intégrée à ma vie ; regarder la mort en face et l’accepter comme un partie intégrante de la vie, c’est élargir cette vie. À l’inverse, sacrifier dès maintenant à la mort un morceau de cette vie, par peur de la mort et refus de l’accepter, c’est le meilleur moyen de ne garder qu’un pauvre petit bout de vie mutilée méritant à peine le nom de vie. Cela semble un paradoxe : en excluant la mort de sa vie on se prive d’une vie complète, en l’y accueillant on élargit et on enrichit sa vie. »

*

« Nous remarquions qu’il importait de ne pas perdre le sens de la vie : le sens de la vie, cela dépasse la vie. »


Etty Hillesum

FleurDeLotus
longchen2

S’agissant du mot désenchantement et comme vous l’avez dit je crois qu’il est à prendre au premier degré dans le bouddhisme, même dans le bön.
Dit autrement il est question d’être complètement dégoûté de l’existence que nous connaissons, une image dit même de fuir le monde comme un cerf qui à l’odeur des humains, détalerait immédiatement.

Je ne connais pas les thèses du savant que vous citez, est-il conventionnel ou est-ce un penseur hérétique :mrgreen:
longchen2

C'est déprimant ce dégout du samsara, enfin je trouve flower_333
ted

longchen2 a écrit :mais au final il est possible qu’il faille tout lâcher, alors pourquoi ; oui, pourquoi ? :mrgreen:
Est-ce que "tout lacher", c'est lacher aussi cette curiosité "naturelle" qui nous pousse au final à porter trop d'intérêt au samsara ?
Ou bien, est-ce que c'est lacher seulement l'attachement maladif ?
Katly a écrit : "Les moments terribles dans le samsara ne seraient que du mauvais karma qu'on consomme. Une fois cette rétribution terminée, sukkha se fera ( ferait ) sentir dans toute sa mansuétude."
Le problème, c'est que dukkha est dans les quatre nobles vérités, mais pas sukkha... anjalimetta
Katly

longchen2 a écrit :C'est déprimant ce dégout du samsara, enfin je trouve flower_333
C'est un passage par lequel on passe qui nous amène à choisir la voie mais sur lequel on bloque à mon avis. Nirvana sans Samsara, comme avec l'égo à anéantir avec haine soi...etc Quand on voit qu'un seul côté des choses et pas la suite.
Evidemment que ça déprime, celui qui le vit, son entourage ou ceux à qui on l'inculque et qui bloquent. Faut sauter le pas. On déprime, mais on prend la voie, il y a un élan vital.
Comme dit TNH, "on veut le lotus, mais pas la boue". S'il n'y avait pas eu de boue, il n'y aurait eu de lotus et il n'y aurait pas eu de Bouddha. Le tout c'est assez de boue sans le noyer pour faire croître le lotus.
On peut réduire la boue, la laisser au fond, mais pas la supprimer, on la transforme.
ted

longchen2 a écrit :S’agissant du mot désenchantement et comme vous l’avez dit je crois qu’il est à prendre au premier degré dans le bouddhisme, même dans le bön.
Dit autrement il est question d’être complètement dégoûté de l’existence que nous connaissons, une image dit même de fuir le monde comme un cerf qui à l’odeur des humains, détalerait immédiatement.
Voici comment commence le Shodoka, l'un des grands textes classiques du Zen :
Shodoka - Le chant de l’éveil
  • 1 – Cher ami, ne vois-tu pas cet homme du satori qui a cessé d'étudier et est inactif ? Il ne cherche ni à écarter les illusions ni à trouver la vérité.
    2 – La nature réelle de notre ignorance est la nature de Bouddha; notre corps vide et illusoire est le corps du Bouddha Dharma-kaya.
    3 – Si nous comprenons le corps de Bouddha, il n'y a plus rien. Source originelle, notre nature propre est le pur et vrai Bouddha.
    .../...
    32 – Se retirer dans les montagnes profondes, vivre dans un petit ermitage, assis sous un grand pin, calme et tranquille, pratiquer zazen, paisible et heureux dans la demeure du moine-ermite, vie simple et sereine, véritable beauté.
    .../...
[/color] source
Katly

ted a écrit :
longchen2 a écrit :mais au final il est possible qu’il faille tout lâcher, alors pourquoi ; oui, pourquoi ? :mrgreen:
Est-ce que "tout lacher", c'est lacher aussi cette curiosité "naturelle" qui nous pousse au final à porter trop d'intérêt au samsara ?
Ou bien, est-ce que c'est lacher seulement l'attachement maladif ?
Katly a écrit : "Les moments terribles dans le samsara ne seraient que du mauvais karma qu'on consomme. Une fois cette rétribution terminée, sukkha se fera ( ferait ) sentir dans toute sa mansuétude."
Le problème, c'est que dukkha est dans les quatre nobles vérités, mais pas sukkha... anjalimetta
Sukkha fait partie du chemin dans l'expérience qu'on en fait jusqu'à cessation complète de la souffrance.
Katly

ba11 ba11 ba11 Ted
Au moins j'ai bien écris le mot. :D
Mais même si le mot était peut-être mal placé en reprenant ta phrase, je me comprends, car il y a du bon karma dans le samsara même, dans lequel nous vivons. Et Sukkha ( bohneur ) ou piti c'est un élément dans la pratique, du chemin comme j'ai voulu le dire :

http://books.google.fr/books?id=yVWX2C_ ... ha&f=false

FleurDeLotus
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jules
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Katly :
Sukkha fait partie du chemin dans l'expérience qu'on en fait jusqu'à cessation complète de la souffrance.

"Souffrance" est un mot, et en tant que mot il se doit de designer quelque chose. A partir de quel moment allons nous donner notre accords pour englober une sensation dans ce mot ? c'est a voir. Nous disons : "Je ne veux pas souffrir, qui d'ailleurs pourrait donc bien le vouloir", autre phrase toute faite revelant un autre accord synthaxique qui par la, implique que le vouloir PEUT etre mis en echec puisqu'en designant la sensation vecue sous le vocable de "souffrance", nous disons egalement implicitement que nous sommes en posture de la subir.
D'accords synthaxique en accords synthaxique, nous adherons a une idee du bonheur, a une idee de la souffrance, de la joie, de la tristesse, du samsara, etc. Mais la sensation pure elle, n'est rien du tout en soi : la necessite de lui donner forme au travers de ces enchainements d'accords vient par habitude, par adhesion inconsciente a la syntaxe, par des raccourcis qui, s'ils comportent un aspect indeniablement pratique, peuvent egalement nous desservir au plus haut point.

Cette reflexion ne me semble pas inutile en ce qui concerne le sujet de ce fil, et meme au sujet de l'ego, bref, concernant toutes ces choses auxquelles nous donnons notre accords, le plus souvent inconsciemment et que nous faisons exister telles des choses "reelles" indubitables et que nous privons de nos considerations au sujet de ce qu'elles nous font dire au travers de leur dire...De ce qu'elles nous font experimenter en tant qu'etres de parole ou de verbe.
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