Peut-on être de plusieurs traditions ?

longchen2

Pour en revenir au titre du topic : on peut aussi se demander pourquoi être de plusieurs traditions ? Quel intérêt à cela ?
Est-ce que dans telle ou telle tradition on ne trouve pas tout ce que l'on cherche ? Pourquoi cumuler ? Quand on va voir ailleurs c'est généralement que quelque chose manque là où l'on est est, non ?
FleurDeLotus
lausm

peut-être peut-on s'interroger d'abord sur ce qui est une tradition.
il ne me semble pas que ce soit un ensemble monolithique figé. Mais le produit d'une constante évolution.
vivons-nous encore dans les montagnes de l'Himalaya isolés du reste du monde?
notre structure sociale et de pensee est-elle la même que celle du Japon médiéval?
effectivement on peut se poser la question: qu'est-ce qui se transmet?
aujourd'hui des informations qui ne pouvait pas se côtoyer il y a 50 ans s'echangent quotidiennement.
cela est forcément à prendre en compte pour l'évolution de cette situation. tout change tout le temps il n'y a aucune raison que les traditions échappentp à cela. cela évoluera forcément.
ce qui compte c'est de savoir maintenant comment on se situe dans ce que l'on pratique : cela nous aide-t-il à aller mieux, ou non?
Avatar de l’utilisateur
jules
Messages : 3228
Inscription : 15 février 2009, 19:14

longchen2 a écrit :Pour en revenir au titre du topic : on peut aussi se demander pourquoi être de plusieurs traditions ? Quel intérêt à cela ?
Est-ce que dans telle ou telle tradition on ne trouve pas tout ce que l'on cherche ? Pourquoi cumuler ? Quand on va voir ailleurs c'est généralement que quelque chose manque là où l'on est est, non ?
FleurDeLotus
Oui, il se peut qu'il manque quelque chose, et nos pérégrinations peuvent nous amener à faire des rencontres parfois imprévues avec des traditions parfois différentes, au travers de bouquins entre autre. Par exemple on peut lire une phrase sur un forum qui nous touche et on se dit, super je vais acheter le bouquin écrit par son auteur.
C'est un peu dirais-je la manière dont s'exprime ce que dans le bouddhisme on nomme l'esprit d'éveil qui détermine ces rencontres hétéroclites ou le fait qu'on s'en tienne à une seule tradition.
ted

Binah a écrit :Peut-on être de plusieurs traditions ?
Oui, bien sur. Mais faut pas le dire. C'est très mal vu... :mrgreen:
Ya un pote qui m'avait dit un jour qu'au dojo, pendant zazen, il faisait parfois des visualisations et qu'il se sentait terriblement coupable. L'impression de trahir l'esprit du Zen... :oops:
Je lui ai dit : "Bé, ils vont pas aller lire dans tes pensées quand même..." :)
Mais d'un point de vue moral, ça se discute en effet... :cool:
Mais ça ne veut pas dire que TOUTES les traditions se recouvrent. Je pense qu'on peut garder le Zen et l'associer à quasiment tout...
(Zendo va bondir dans son coin !!! :mrgreen: )
binah

longchen2 a écrit :Pour en revenir au titre du topic : on peut aussi se demander pourquoi être de plusieurs traditions ? Quel intérêt à cela ?
Est-ce que dans telle ou telle tradition on ne trouve pas tout ce que l'on cherche ? Pourquoi cumuler ? Quand on va voir ailleurs c'est généralement que quelque chose manque là où l'on est est, non ?
FleurDeLotus
Oui, d'un côté, certains pourraient douter du bien fondé de l'intérêt. Je pense que ça peut être complémentaire deux traditions. Après, je suis d'accord, une chose après l'autre. jap_8
binah

ted a écrit :
Binah a écrit :Peut-on être de plusieurs traditions ?
Oui, bien sur. Mais faut pas le dire. C'est très mal vu... :mrgreen:
Ya un pote qui m'avait dit un jour qu'au dojo, pendant zazen, il faisait parfois des visualisations et qu'il se sentait terriblement coupable. L'impression de trahir l'esprit du Zen... :oops:
Je lui ai dit : "Bé, ils vont pas aller lire dans tes pensées quand même..." :)
Mais d'un point de vue moral, ça se discute en effet... :cool:
Mais ça ne veut pas dire que TOUTES les traditions se recouvrent. Je pense qu'on peut garder le Zen et l'associer à quasiment tout...
(Zendo va bondir dans son coin !!! :mrgreen: )
Merci Ted ! jap_8
longchen2

binah a écrit :Oui, d'un côté, certains pourraient douter du bien fondé de l'intérêt. Je pense que ça peut être complémentaire deux traditions. Après, je suis d'accord, une chose après l'autre. jap_8
C'était pour poser la question, je suis en faveur de la liberté individuelle et collective :D
lausm

On peut différencier le zen en tant que technique de méditation, et le zen en tant que tradition comprenant zazen en tant que technique de méditation. Ca dépend de ce qu'on exprime par ce terme.
ted

Jean a écrit :Dans le Hatha Yoga, le ressenti a une très grande importance, on explore les ressentis de la posture. et on se concentre dessus

Dans le tantrisme les visualisations sont accompagnées de ressentis. Ce n'est pas un film que l'on voit défiler et les ressentis sont aussi importants que la visualisation.

Tout TWR est basé sur la prise de conscience de certains ressentis et sur la concentration sur certains d'entre eux

Il y a cette vidéo de Lama Guendune ou il parle de la méditation sur la compassion et où celle ci devient comme un incendie qui purifie tout. C'est du ressenti. Et quel ressenti!

Mirarépa parlait du corps comme d'une montagne, de l'esprit calme comme un lac et vaste comme le ciel, c'est du ressenti.

Dans Zazen le ressenti physique est très important. Il s'agit de se sentir assis sur le coussin, assis dans son Hara, assis dans son coeur. Il y a même un livre sur le Zen ou l'auteur parle du ressenti de ne plus avoir de tête!

Idem pour Ki hin et pour les différentes marches méditatives. Sentir le sol sous les pieds, marcher sur la Terre. Il y a des jours où on le ressent, ce sont les "bons" jours, d'autres jours où on ne le ressent pas, c'est les "mauvais" jours et le travail consiste à essayer de le ressentir, à ramener son esprit dessus.

Le ressenti permet de sortir du bavardage mental.

En plus; il est enseigné de gouter, de se nourrir de ces ressentis.

la "présence " est un ressenti.

Souvent la poésie des pratiquants est constituée de ressentis que le pratiquant essaie de faire partager avec les autres.

L'important c'est : qu'est ce que l'on fait de tout cela dans la vie courante? C'est excellent de se ressentir comme une montagne, l'esprit calme comme un lac et l'esprit vaste comme le ciel mais bon, alors quoi? Si ça n'apporte rien dans la vie courante, aucune amélioration de comportement. Un pastis ferait autant l'affaire où 2 où 3 où la bouteille! :D

Il y a aussi des ressentis qui sont des traumatismes positifs qui changent définitivement une vie comme la rencontre avec une personne très évoluée spirituellement. rencontres avec des saints, rencontre avec des maîtres spirituels.

Un ressenti peut être tout à fait ordinaire mais extraordinaire compte tenu du contexte. Ressentir le calme en soi après une journée éreintante constituée que d'une succession d'ennuis, de problèmes et de tracas est une expérience extraordinaire.

Trés souvent pour promouvoir la méditation, on parle de calme, de sérénité, de paix, de joie; de plénitude et cela constitue pour la plupart la motivation à la pratiquer, en tout cas plus que la capacité de voir l'absence d'existence inhérente en toute chose.

Finalement parler de ses ressentis n'est pas un mal en soi, c'est la motivation qui est derrière qui est importante.
Si on aborde les choses sous cet angle, la tradition n'interviendrait alors que pour sélectionner, qualifier, interpréter tous ces ressentis ?
  • - Le Zen dira : ne faites pas attention à cette sensation.
    - Le Theravada dira : concentrez-vous sur cette sensation jusqu'à ce qu'elle disparaisse.
    - Le Vajrayana dira : enflez cette sensation jusqu'à ce qu'elle vous envahisse et envahisse le monde.
    - Le Christianisme dira : accueillez cette sensation. Ou détournez-vous de cette sensation.
Ca c'est pour Dhyana.

Quant aux discours sur Sila (la morale, les préceptes), ils me semblent globalement identiques dans toutes les traditions (bouddhistes ou non bouddhistes) : Essayer de faire le bien, éviter de faire le mal, ne pas voler, ne pas tuer, ne pas mentir, etc...

Pour prajna, ça se complique. Car l'interprétation dogmatique pointe son nez assez vite dans certaines traditions.
Quand Robi ressent cette présence chaleureuse et joyeuse, pour lui, sans nul doute, l'Esprit Saint lui accorde une grâce.
Mais pour un bouddhiste, une présence chaleureuse et joyeuse est le signe que la pratique fonctionne. Il n'aura pas d'interprétation métaphysique réflexe, car il sait que l'irruption de l'intellect pour interpréter le ressenti risque de chasser ce même ressenti : "Heureux les simples en esprits..."
Jean

Ted a dit :
"Le Theravada dira : concentrez-vous sur cette sensation jusqu'à ce qu'elle disparaisse."
Si la sensation est mauvaise, si on se concentre dessus (pleine conscience etc) elle disparait

Mais si on se concentre sur une bonne sensation : le calme par exemple, le calme s'approfondit de plus en plus; Le calme très profond (plus calme que cela tu es mort!) est semblable à la mort. Quelqu'un qui ne ferait que cette pratique pourrait expérimenter la "Claire Lumière"

A propos des pratiques de voie traditionnelle unique ou de voies multiples;Il y a aussi un autre cas de figure :

Si on pratique à fond sa première pratique, on voit ou on entrevoit jusqu'où elle peut mener : l'essence de soi-même.

Après avoir fait cela avec sa première pratique, on peut essayer avec d'autres pratiques qui amène à cet état de conscience que l'on a trouvé avec la première pratique.

Mais ces différents chemins sont des chemins traditionnels. Si on a bien repéré les lieux, les différentes étapes, les différents ressentis, on peu ensuite trouver son propre chemin, son chemin "naturel" qui peut s'appuyer sur un éventail de pratiques traditionnelles d'une seule voie ou issues de plusieurs voies.

La voie traditionnelle, est comme ouvrir les pétales d'une fleur, l'une après l'autre, méthodiquement. Le chemin "naturel" est semblable à une fleur qui éclot. Sous-jacent, il y a une cohérence biologique propre au type de fleur et à la fleur elle-même.

Bien utilisée, la pratique traditionnelle accompagne et renforce le processus. Zazen est un bon exemple. C'est la posture optima pour que le processus biologique se mette en route et se développe. un peu équivalent à l'image de la Bodhicitta qui est la graine et qui nécessite un sol bien préparé et fertilisé, de l'eau de la chaleur, de l’oxygène, un espace pour se développer et la chaleur du soleil. Avec Zazen, la Bodhicitta a trouvé tous ces éléments.

Mal utilisée la pratique traditionnelle peut créer un frein, un blocage au processus naturel.

C'est peu comme le piano classique et le piano jazz.

D'abord il faut avoir fait ses gammes avec un ou plusieurs professeurs

ensuite si on est un musicien classique, on joue la musique des autres, si on est un pianiste de jazz on fait sa propre musique quand on improvise.

TWR, comme Trungpa, comme d'autres Lamas parlent de créativité comme aussi les études occidentales sur la méditation (C'est récent chez les uns comme chez les autres) : La créativité artistique, comme la créativité de l'adaptation aux situations de la vie, mais je n'ai encore rien lu sur l'importance ou la non-importance de la créativité dans la pratique.

Une question à poser à une personne compétente. Mais ce n'est pas une question à poser en groupe. C'est une question à poser en entretien individuel. La réponse sera individuelle. Au groupe, la réponse sera toujours par sécurité. "Une seule voie traditionnelle, pas de mélanges" pour éviter tout syncrétisme halluciné.
Répondre