Peut-on être de plusieurs traditions ?

binah

Robi a écrit :
binah a écrit :C'est dans le titre. Je me posais la question. Par exemple, être de la tradition zen avec Vajrayana ?
Est-ce que dans la forêt tu peux marcher sur deux chemins à la fois?
Bien vu merci. :roll:
binah

longchen2 a écrit :Cela me paraît difficile de s’engager dans plusieurs courants très différents en même temps ; par exemple le Théravada et le Vajrayana qui divergent sur pas mal de points. Par contre au niveau de l'étude, qui est intellectuelle (et qui ne correspond pas nécessairement à un engagement), oui c'est très possible.

A l’intérieur du bouddhisme tibétain il y a différentes lignées ou approches, là cela me semble à priori plus simple d’y circuler, enfin cela demande certainement un effort d’adaptation moins important même si une lignée x ou y peut revendiquer sa suprématie sur une autre.
Butterfly_tenryu
Je vois effectivement l'étude des traditions, qui me parait nécessaire. J'avais vu aussi dans un ouvrage que certains moines engagés dans le bouddhisme tibétain s'intéressaient à la pratique zen, voir le pratiquaient. Oui, je suis d'accord, le bouddhisme tibétain peut paraître moins fastidieux dans l'approche.
Jean

Binah a écrit :
Le karma subi n'est pas à subir justement, Jean. Il se libère comme toute souffrance... Merci pour ton témoignage
Je suis bien d'accord avec toi Binah, mais il m'a fallu du temps pour apprendre les principes de la purification du karma et de l'auto-libération. Le lotus aux feuilles immaculées qui pousse sur un étang de boue ou le soleil qui brille toujours derrière les nuages...Même si j'ai connu assez tôt ces images et leur signification, ça prend du temps pour les vivre réellement et ça reste encore une expérience intermittente.

par Karma subi, je veux dire des conditionnements, des limitations. Quand on commence un chemin spirituel c'est le point de départ. Qui a commencé le chemin sans limitations, sans conditionnements? Puis peu à peu on s'en débarasse ou on &apprend comment le transcender,ou on commence à savoir vivre avec (la marre de boue ou le nuage)

Zazen Et vajrayana. Si Zazen est la pratique principale, c'est possible, tout s'intégre autour de cela. Dans le zen Coréen, il y a la pratique de mantra.

Thin Naht Hanh a inclus une sorte de Ki Gong et la marche dans sa pratique de la pleine conscience.

Il y a des pratiquants de Zazen qui pratiquent le Tai Chi ou le yoga hindouiste

Chez les pratiquants du Bouddhisme tantrique japonais, je crois qu'il y a aussi de nombreux pratiquants de Zazen.

Quand j'avais abordé le Vajrayana, je l'ai grignoté peu à peu tout en maintenant ma pratique de Zazen, si je n'avais pas connu Zazen, probablement je n'aurai rien compris au Vajrayana.

le premier flash que j'ai eu avec le Bouddhisme Tibétain, cela a été Tong Len. Malgré ma pratique du hatha Yoga et de zazen, il y avait des trucs négatifs dont je n'arrivais pas à me débarasser, une fois que j'ai reçu l'enseignement de Tong len, j'ai su comment prendre le taureau par les cornes et m'en débarasser. Cela a été immédiat. Evidemment c'est revenu, mais je savais comment le traiter puis peu à peu ça a disparu.

Zazen m'a servi de microscope. Etant par Zazen dans un état de plus grand calme, clarté, lucidité d'esprit j'ai pu voir comment prières, mantras, visualisations fonctionnaient, quels étaient leur impact intérieur. Si je n'avais pas pratiqué zazen avant, il m'aurait fallu la foi et du temps et beaucoup de pratique pour m’apercevoir de cela.

Parce que je pratiquais d'un côté du Hatha Yoga (Méthode Iyengar qui est une méthode commando : plie ou crève, 1 heure de posture sur tête ou en chandelle ou en charrue ou en pince) et de l'autre coté je pratiquais zazen, j'ai commencé à prendre conscience des énergies (énergies vitales, émotionnelles, mentales). Qu'est ce que c'était ce binz? Donc j'étais voir un Lama qui enseignait les pratiques liées aux énergies avec les explications adéquates. Ayant reçu ces enseignements, ça m'a pris des années à grignoter, digérer, intégrer cela à mon être mais aussi à ma vie ordinaire. Et ce n'est pas fini. Il y a des trucs que l'on peut pratiquer dans la vie ordinaire et d'autres qui sont impossibles à pratiquer dans la vie ordinaire à moins d'être doué et entre temps j'ai changé la méthode de yoga pour une méthode plus cool. Il y a eu expériences, tâtonnements, marches avant, marches arrière, etc

C'est pour cela que j'aime bien la méthode des 3 Portes de Tenzin Wangyal car elle concerne le corps, le mental, les émotions, le coeur, les énergies et l'esprit et l'action . Elle agit directement sur tous les niveaux de l'Etre et elle est facilement intégrable à la vie ordinaire. Si j'avais connu sa méthode quand j'ai commencé mon chemin, je n'aurais pas eu toutes ces errances. Mais karma!!!!!, quand j'ai commencé, lui il avait 8 ans! Mais je ne regrette rien. Mon chemin a été comme cela et je l'accepte. Dans mon chemin il y a un côté instinct de survie matérielle et spirituelle. mais enfin j'envie presque les jeunes générations avec tous les bouquins, les enseignants disponibles.

Vu avec les yeux d'un débutant, on pourrait dire que le Zen est si simple qu'il est difficile à comprendre et que le Bouddisme Tibétain (Sutras, tantras, mahamoudra ou Dzogchen) est si compliqué qu'il est difficile à comprendre. Comment tout cela fonctionne et s'articule. On peut arriver à les comprendre intellectuellement mais le plus important est de les comprendre dans son Etre par les expériences, par les ressentis que produit la pratique.

Avec un confis de noisette et une légère couche de miel, ça ferai une bonne tartine
Dernière modification par Jean le 02 avril 2014, 20:12, modifié 2 fois.
binah

lausm a écrit :
Je pense qu'il faut en fait trouver le type de pratique qui nous convient le mieux, si on en tente plusieurs, et s'en servir d'axe si l'on va voir autre chose.
Mais effectivement, combiner trop de choses en meme temps risque de créer une tambouille indigeste.
Je pense que si on expérimente différentes pratiques, il faut bien les délimiter entre elles.
C'est comme les thérapies, si on fait trente -six trucs, on finit par ne plus savoir ce qui fait quel effet.

PS : Chogyam Trungpa était un pionnier. Savoir reconnaitre les qualités d'une autre tradition et d'un autre maitre sont une vraie grandeur spirituelle.
Oui, l'essentiel est d'aller vers ce qui parle le plus, vers sa résonance. love3
binah

Jean a écrit :Binah a écrit :
Le karma subi n'est pas à subir justement, Jean. Il se libère comme toute souffrance... Merci pour ton témoignage
Je suis bien d'accord avec toi Binah, mais il m'a fallu du temps pour apprendre les principes de la purification du karma et de l'auto-libération. Le lotus aux feuilles immaculées qui pousse sur un étang de boue ou le soleil qui brille derrière les nuages...Même si j'ai connu assez tôt ces images et leur signification ça prend du temps pour les vivre réellement et ça reste encore une expérience intermittente.
Ok. Oui, cela prend du temps pour libérer et purifier. Et ce n'est pas limpide du jour au lendemain comme on dit. Je te souhaite donc le soleil qui brille sans les nuages. jap_8
Jean

Évidemment, c'est un exemple de poids lourds de la spiritualité, mais des gens comme Ramakrishna ou Ma Ananda Mayi étaient capables d'enseigner aussi bien à des musulmans, des Hindouistes, des Bouddhistes, des Chrétiens etc

Je crois que Thich Nhat Hanh ou Le Dalai lama sont capables de faire la même chose.

Trungpa, Tenzin Wangyal, Sogyal Rinpoché, le Dalai Lama ont étudié la culture, les religions occidentales et les occidentaux pour pouvoir transmettre leur enseignements plus efficacement.

Dans la relation Maitre-Disciple l'un des points de repère pour que ça fonctionne est que chacun fasse la moitié du chemin.

C'est légèrement hors fil, mais cela a son importance : Expliquer un chemin spirituel avec les concepts d'un autre chemin spirituel. C'est délicat, mais c'est faisable.

Si on pratique par exemple 1 chemin spirituel pendant 1 heure et séparément un autre chemin pendant une autre heure, peut être l'intellect ne va pas pouvoir synthétiser les deux démarches de suite mais peut être par la voie de l'expérience, du ressenti, l'inconscient va le faire et peut être l'intellect va pouvoir ensuite faire peu à peu sa synthèse.
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Flocon
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Jean a écrit :C'est légèrement hors fil, mais cela a son importance : Expliquer un chemin spirituel avec les concepts d'un autre chemin spirituel. C'est délicat, mais c'est faisable.
J'ai du mal à le croire. J'ai moi-même deux "chemins spirituels", judaïsme et bouddhisme, et penser/expliquer le Dieu du judaïsme avec les concepts bouddhistes, ou la discipline bouddhiste avec les outils de la pratique juive me paraît être source de confusion.
C'est un avis personnel et j'ai conscience que tous les syncrétismes sont possibles et légitimes, mais je reste très dubitative sur ce type de démarche intellectuelle.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Jean

je ne peux pas en discuter car je ne connais rien à la religion Juive.

mais je sais que de nombreux juifs sont considérés comme des experts en Bouddhisme, ont écrits des livres très importants sur ce sujet et ont trouvés des points communs entre la Kabbale et le Bouddhisme ésotérique (corps subtil, chakras, utilisation de lettres ressemblant aux syllabes germes du Bouddhisme tantrique. La notion de Dieu est différente dans la Kabbale et dans la religion juive telle qu'elle est pratiquée par le plus grand nombre. En tout cas ces auteurs juifs ont trouvé un moyen de vivre harmonieusement avec ces 2 approches spirituelles.

As-tu lu "Le rabbin dans le Lotus"? je ne l'ai pas lu, mais qu'en penses-tu?

Entre religion juive et kabbale, il me semble que la différence est un peu comme celle d'entre religion Musulmane et Soufisme, entre religion Hindouiste et les aphorisme de Patanjali ou le yoga Civaîste, entre religion Chrétienne et pratiques et expériences des moines contemplatifs.

Une même expérience spirituelle ou mystique est exprimée d'une certaine manière dans une culture et d'une autre manière dans une autre culture et cela peut varier aussi dans une même culture en fonction de l'individu.
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jules
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Sur le : Peut-on être de plusieurs traditions ?

Le mot "être" de plusieurs traditions révèle une certaine posture en rapport avec ces traditions, presque comme si elles constituaient une sorte d'identité de l'individu. On s'intéresse à des courants, avec passion même, on est pas nécessairement obligés de les confondre ou de les séparer. On sent juste qu'ils nous touchent. Si on s'intéresse au bouddhisme, on peut aller prier Dieu dans une église.Je dirais que si on sent l'élan spontané de le faire, on ne va pas sabrer cet élan sous prétexte que certains textes ne considèrent pas l'existence de Dieu. Personnellement, parfois je sens l'existence d'un Dieu tel une entité à laquelle je peux m'adresser et en général, c'est parce que je sens le besoin de dire quelque chose d'intime; donc je dirais que cette croyance concorde avec ce besoin. Plus d'une fois cela m'a fait du bien de m'adresser à lui. Et puis les textes hein, on sait qu'on leur fait dire ce qu'on veut pour justement qu'ils servent ce que l'essence de toute religion est sensée servir et que chacun doit intimement sentir en lui-même dans sa démarche d'aller vers l'une ou l'autre, vers celle-ci à un moment, vers celle là à un autre. Par exemple, l'idée qu'il y'ait un Dieu ne fait pas partie de la philosophie bouddhiste dira t'on, ok mais Maître Deshimaru qui a eu la transmission dit "d'embrasser les contradictions".
Donc c'est toujours à partir de soi même que cela se passe.
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Flocon
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Jean a écrit :As-tu lu "Le rabbin dans le Lotus"? je ne l'ai pas lu, mais qu'en penses-tu?
Je ne l'ai pas lu. Je le lirai si j'en ai l'occasion et je changerai peut-être d'avis après cette lecture. Mais... :roll:

Pour dire les choses plus clairement peut-être : je ne doute pas qu'il soit possible de vivre harmonieusement les deux traditions, puisque c'est mon cas :) . Je doute simplement qu'on puisse les combiner intellectuellement sans risque de confusion.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
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