Les difficultés dans la pratique du bouddhisme

Zopa

Robi a écrit :
Zopa a écrit :pour rebondir sur les paroles de Robi,
si faire le tri, c'est garder certaines caractéristiques de notre nature superficielle et se débarrasser de certaines autres, l'opération implique évidemment de faire des choix. Même si ces choix sont nourris par la connexion avec notre nature profonde ( ou ce que nous avons pu ressentir d'elle au travers de nos méditations), notre nature superficielle pourra se sentir allégée dans bien des cas mais pourra aussi parfois se ressentir comme amputée ou castrée pour reprendre le terme de Jean. Savoir ce qui est bien ou mal pour soi n'est pas toujours si clair, je trouve.
Hm, hm...
Jean a dit que frustration ou "castration" il y avait dans la situation où il n'y a pas d'équilibre, la situation où l'on ne se fie qu'à une seule des deux natures (pour garder ce terme): se mépriser soi-même pour laisser toute la place à la nature profonde par exemple.
Sinon c'est vrai que la nature profonde (la vérité) est exigeante au regard des désirs (la soif) de la nature superficielle (qui veut tout: être le meilleur, le plus beau, le plus puissant, le plus riche, le plus vertueux, le plus intelligent, le plus talentueux, etc etc). Cela peut sembler une frustration à tous ces désirs dont on doit faire le tri et garder ceux qui sont raisonnablement satisfaisants. Mais justement raisonnablement ou par foi ou par confiance, il apparait bien que les désirs dont il vaut mieux se défaire -en vue de son épanouissement vrai- sont effectivement un obstacle.
Est-ce que me fait bien comprendre? ;-)
Oui je comprends bien ce que tu veux dire. ;-)
Ça me rappelle le sujet que j'avais proposé il y a quelques temps sur : "le rôle du désir dans la quête spirituelle ?"
lausm

Il me semble que vouloir supprimer les désirs marche moins et que ce qui marche mieux, c'est de satisfaire le désir d'epanouir sa nature profonde. Il me semble qu'alors, ce qui rejoint ce que disait Robi, le tri se fasse tout seul.
la semaine passée, j'ai fait zazen avec notre minigroupe. Je n'avais plus envie de rien, mais me sentais bien, sans manque. je n'avais a renoncer à rien, ça se fait tout seul sans souffrance.
Zopa

lausm a écrit :Il me semble que vouloir supprimer les désirs marche moins et que ce qui marche mieux, c'est de satisfaire le désir d'epanouir sa nature profonde. Il me semble qu'alors, ce qui rejoint ce que disait Robi, le tri se fasse tout seul.
la semaine passée, j'ai fait zazen avec notre minigroupe. Je n'avais plus envie de rien, mais me sentais bien, sans manque. je n'avais a renoncer à rien, ça se fait tout seul sans souffrance.
Je comprends cette expérience. J'ai déjà ressenti ce contentement tranquille : ne plus avoir envie de rien, tout en se sentant bien, sans avoir à renoncer à quelque chose, et cela semble se passer de manière naturelle pendant la méditation.

En dehors de la méditation,lorsque j'observe mon esprit au quotidien, il me semble que je n'ai pas beaucoup de désirs en fait. Par exemple, je vis de manière simple, n'ai jamais été trop attaché aux choses matérielles, je n'ai pas de désir particulier pour la reconnaissance sociale, encore moins la célébrité. Et je m'en fiche d'avoir raison ou pas aux yeux des autres. Mes relations avec les autres sont simples et détendues dans l'ensemble.

Mais -sans plaisanter- j'ai tellement peu de désirs que je me demande si j'en ai encore assez !
Robi

Zopa a écrit :Mais -sans plaisanter- j'ai tellement peu de désir que je demande si j'en est assez !
:lol: Il faut allumer le feu ou avoir envie d'avoir envie...
Jean

Extrait des "Voeux du mahamoudra" du III eme Karmapa

"La base de purification est l'esprit, union de la vacuité et de la clarté,
Mahamoudra, la pratique du diamant, est le purificateur
Les purifiés sont les confusions et les souillures sans existence inhérente.
Puissè-je réaliser le Dharmakaya, le fruits d'être purifié"

On pourrait remplacer Mahamoudra par Zazen ou Rigpa, ou la Nature de Bouddha ou l'Esprit le plus Subtil, etc

Il y a un aspect purification pour se connecter à l'esprit dans sa nudité, mais il y a a aussi un aspect purification, simplification, lacher prise, "laisser tomber" harmonisation qui est induit, provoqué par l'expérience de l'esprit dans sa nudité ou de sa nature de Bouddha.

Quelques fois un renoncement volontaire peut provoquer un déséquilibre, tandis que le "laisser tomber" provoqué par l'expérience intérieure profonde sera quelque chose qui harmonisera la personne aussi bien au niveau de la relation des différentes composantes de son ego qu'au niveau de la relation entre sa nature ultime et sa nature conventionnelle jusqu'à ce que l'ego devienne une franchise de la nature de Bouddha. :D Un mauvais ego est un ensemble d'attitudes fermées, un bon ego est un ensemble d'attitudes ouvertes.

On laisse tomber quand on s’aperçoit que ce qu'on laisse tomber n'est pas indispensable, encombre et ne fait que compliquer la vie. La volonté n'est pas utilisée. Mais pour cela là confiance dans l'aspect purificateur, guérisseur de la nature de Bouddha et la confiance dans la pratique de la méditation qui permet de la révéler ou de s'y connecter est une condition indispensable. C'est une Prise de Refuge : Je prends refuge dans la pratique, je prends refuge dans ma nature de Bouddha. Ce peut être une prise du Refuge par la foi, par la confiance ou qui est le résultat d'un raisonnement ou d'une intuition ou d'une expérience. On peut être dans la plus grande confusion mais on sait que si on pratique la méditation que l'on a choisie. Premièrement, on ne se trompe pas et que, deuxièmement, par la pratique les choses vont s'améliorer tôt ou tard, d'une manière ou d'une autre, peut être même d'une manière inconcevable étant donné la situation ou l'on est.

Il y a un équilibre à trouver entre la pratique du renoncement volontaire et la pratique de la méditation pour son aspect purificateur, simplificateur.

Il y a une phrase de Ramakrishna :

"Le vent de la grâce Divine souffle incessamment, les hardis marins hissent haut les voiles"

Pour un Bouddhiste la phrase serait :

"La dynamique de la Nature de Bouddha est incessante, les hardis yogis s’assoient en méditation pour s'y ouvrir complétement"
ted

Jean a écrit :Il y a un équilibre à trouver entre la pratique du renoncement volontaire et la pratique de la méditation pour son aspect purificateur, simplificateur.
Je ne suis pas un renonçant :oops: mais, faut-il parler "d'équilibre" entre "renoncement volontaire"et "aspect purificateur" ?
Ce ne sont pas plutôt les gens qui s'arrêtent en chemin ?
La voie bouddhiste pure et dure, c'est bien celle du renoncement, non ?
Jean

Je crois que même Milarépa a utilisé le renoncement, la purification par les tantras et la purification par la pratique du Mahamoudra pour renoncer et/ou laisser tomber ses attachements.

Tant que l'on pratique la méditation, on avance sur le chemin. Laisser Tomber est un effet KissCool de la méditation. laisser Tomber est parfois un renoncement inconscient. On peut s'apercevoir avec le recul qu'on a laissé tomber certains attachements sans même s'en apercevoir.

Et c'est un processus naturel que la méditation peut soutenir ou accélérer : Avec l'age les attachements que l'on avait quand on avait 18 ans ont disparu peu à peu. Il n'y a pas eu de renoncements volontaires ou douloureux pour chacun d'entre eux.

Si on expérimente grâce à méditation des états de paix, d'harmonie, la question "Mais qu'est-ce qui m'empoisonne la vie?" surgit naturellement et ensuite c'est un choix : maintenir son attachement et en souffrir ou le laisser tomber et expérimenter, la paix, la plénitude même hors coussin de méditation.

Je me méfie du renoncement, (c'est peut-être dû aussi à la signification que je donne au mot), je méfie de la liste à suivre dans l'ordre indiqué des choses aux quelles il faut renoncer, certaines personnes voulant être de grands renonçants, champions du monde, sont tombés dans le panneau "Qui veut faire l'ange, fait le démon".

On pourrait dire qu'un bon renoncement est quelque chose qui rend profondément heureux. S'il n'y a pas cet aspect de joie, d'épanouissement, de plénitude peut être c'est le signe que ce renoncement est prématuré, que le corps ou le coeur ne suivent pas encore la tête.

Et il y a cette phrase de Shunryu Susuki : "Le mauvais cheval peut être le bon cheval" et je crois aussi qu'il disait que la mauvaise herbe pouvait constituer un excellent compost.

On peut voir Zazen comme étant un silo à compostage. On s'asseoit et on laisse le compostage intérieur s'effectuer. :D

C'est vrai que le renoncement est une caractéristique de la voie Bouddhiste pure et dure, mais la voie Bouddhiste est aussi une voie intelligente et adaptable à la situation de chacun. Sinon, pour être honnête, il devrait y avoir au début de tout texte Bouddhiste, l'avertissement "Si vous n'êtes pas capable de partir dans une caverne dans les Himalaya ou dans une hutte dans la jungle, passez votre chemin". :D
ted

Jean a écrit :C'est vrai que le renoncement est une caractéristique de la voie Bouddhiste pure et dure, mais la voie Bouddhiste est aussi une voie intelligente et adaptable à la situation de chacun. Sinon, pour être honnête, il devrait y avoir au début de tout texte Bouddhiste, l'avertissement "Si vous n'êtes pas capable de partir dans une caverne dans les Himalaya ou dans une hutte dans la jungle, passez votre chemin". :D
On pourrait rajouter aussi :
  • "Si vous n'êtes pas non plus capable de vivre tout seul dans un petit studio d'une grande ville,
    • tout seul en banlieue dans un petit pavillon,
      tout seul célibataire ou divorcé,
      tout seul sans vos enfants,
      tout seul avec un boulot, mais pas d'amis,
      tout seul avec vos complexes qui font fuir les autres,
      tout seul avec votre addiction à la drogue ou à l'alcool,
      tout seul avec vos fins de mois difficiles,
      tout seul avec votre physique ingrat,
      tout seul avec le poids des ans qui a blanchi vos cheveux,
      tout seul dans votre cellule de prison,
      tout seul dans la foule ou en famille, mais tellement seul,
    passez votre chemin".
ted

Faut reconnaître que les gens qui se tournent vers le bouddhisme ont, en général, beaucoup morflé ! :-(
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yudo
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Jean a écrit :Je crois que même Milarépa a utilisé le renoncement, la purification par les tantras et la purification par la pratique du Mahamoudra pour renoncer et/ou laisser tomber ses attachements.(...)
Je me méfie du renoncement, (c'est peut-être dû aussi à la signification que je donne au mot), je méfie de la liste à suivre dans l'ordre indiqué des choses aux quelles il faut renoncer, certaines personnes voulant être de grands renonçants, champions du monde, sont tombés dans le panneau "Qui veut faire l'ange, fait le démon".
Je pense parfois que le renoncement, c'est un peu comme de décider de ne manger que des fruits et légumes de saison. Quand ils ne sont pas de saison, on s'en passe, sans même avoir besoin (quoique peut-être au début) de tenir en considération le bilan carbone des fruits et légumes venant de loin, ou leur (manque de) saveur, ni même leur valeur nutritive douteuse.

Pour moi, le renoncement, c'est beaucoup prendre ce qui vient, et ne pas en faire une montagne quand je n'en ai plus ou pas.
La responsabilité des élèves est d'empêcher le maître de se "prendre pour un maître".
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