Méditations solitaires et méditations en groupe

ted

lausm a écrit :Certains ne ratent jamais aucune séance, et développent un orgueil démesuré.
Je trouve ça un peu pessimiste de mettre en avant cette conclusion pour ceux qui pratiquent régulièrement en groupe.
D'autres ne ratent jamais aucune séance et sont de plus en plus heureux. Pourquoi ne pas en parler ? :cool:
Jean

Il y en a certains qui vont pratiquer une ou deux fois par semaine comme ils iraient jouer au tennis, faire de la gym ou du yoga, des arts martiaux, qui pratiquent pas chez eux ou très peu et qui vont une fois par an dans un centre, une semaine, quinze jours pour recevoir un enseignement, voir un grand Lama, faire une retraite, ou simplement être dans l'ambiance du centre...Ca les ressource, ça les fait sortir de chez eux, ça leur élargit leur cercle relationnel, ça leur permet de communiquer avec d'autres personnes avec lesquels ils ne communiqueraient pas dans leur vie quotidienne .

Ou, dans un couple, les deux membres du couple pratiquent et ça peut être formidable, comme cela peut être un enfer dans le cas où chacun se sert du Dharma pour critiquer et manipuler l'autre et deviennent ainsi tous deux des intégristes du Bouddhisme.

Plein de cas de figure...

Un cas de figure n'est pas forcement rigide, il peut évoluer années après années.

Ici, à Perpignan, il y a 3 lignées Tibétaines qui sont représentées mais comme je ne suis pas d'accord avec la pédagogie officielle, je n'y vais pas, peace in the valley, par contre je fréquente à l'occasion, au café du commerce, certains des membres.

Si un jour, de mon vivant, il y a un groupe qui se forme autour des enseignements des 3 Portes de TWR, je proposerai que chaque membre, même les débutants, dirige à son tour une session de méditation, ou de trul khor, ou de "Sons Tibétains" et même enseigne. Pas de dérogations, pas d'excuses :) On apprend en enseignant. Cela leur donnera confiance en eux, confiance dans leur intuition, confiance dans leur maître intérieur et les rendra autonomes. Cela montrerait qu'il n'y a pas qu'une seule approche, qu'un seul ressenti de la pratique. Je pense que ce serait une expérience intéressante. Bien sûr, des personnes ayant reçu l'autorisation officielle d'enseigner seraient invités. Ça peut marcher, comme ça peut ne pas marcher. TKV Desikachar encourageait cela. Certains groupes de TWR fonctionnent comme cela.

L'une des raisons des webcasts gratuits des différents Lamas est qu'il y a des gens qui n'ont pas les finances ou qui sont trop malades ou qui n'ont pas l'opportunité de se déplacer pour recevoir des enseignements d'un Lama ou pour pratiquer en groupe.
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jules
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Jean :
Si un jour, de mon vivant, il y a un groupe qui se forme autour des enseignements des 3 Portes de TWR, je proposerai que chaque membre, même les débutants, dirige à son tour une session de méditation, ou de trul khor, ou de "Sons Tibétains" et même enseigne. Pas de dérogations, pas d'excuses :) On apprend en enseignant. Cela leur donnera confiance en eux, confiance dans leur intuition, confiance dans leur maître intérieur et les rendra autonomes. Cela montrerait qu'il n'y a pas qu'une seule approche, qu'un seul ressenti de la pratique. Je pense que ce serait une expérience intéressante. Bien sûr, des personnes ayant reçu l'autorisation officielle d'enseigner seraient invités. Ça peut marcher, comme ça peut ne pas marcher. TKV Desikachar encourageait cela. Certains groupes de TWR fonctionnent comme cela.
Je trouve cette idée excellente. ba11
Robi

lausm a écrit :Certains ne ratent jamais aucune séance, et développent un orgueil démesuré.
Oui on appelle ça des fayots!... :lol:
lausm

ted a écrit :
lausm a écrit :Certains ne ratent jamais aucune séance, et développent un orgueil démesuré.
Je trouve ça un peu pessimiste de mettre en avant cette conclusion pour ceux qui pratiquent régulièrement en groupe.
D'autres ne ratent jamais aucune séance et sont de plus en plus heureux. Pourquoi ne pas en parler ? :cool:
C'est une conclusion si on veut bien arrêter sa pensée à cette seule partie de mon propos. Alors que le problème est, comme je le souligne après, l'attachement à la pratique formelle, qui est pourtant dénoncé par tous les enseignements authentiques.
Et mon constat, c'est qu'une certaine pédagogie liée au fait de laisser entendre qu'il y a une quantité de temps de pratique a pourvoir pour prétendre une évolution, entraîne cet attachement. Et comme le soulignait Jean, ce genre de personnage peuvent pourrir une sangha.
Et je pense qu'il faut une pratique intime pour devenir heureux, et si on frequente un groupe, ne pas en être dependant. Et il me semble qu'il y a encore du travail et des réflexions a faire sur cette piintégration de là pratique dans le quotidien, et son articulation avec la pratique en groupe.
ted

lausm a écrit : Et mon constat, c'est qu'une certaine pédagogie liée au fait de laisser entendre qu'il y a une quantité de temps de pratique a pourvoir pour prétendre une évolution, entraîne cet attachement.
Je crois qu'il n'y a pas de mal à être attaché dans un premier temps à un objet du dharma ou à une pratique vertueuse. Est-ce que ce n'est pas un passage presqu'obligé ? Et c'est humain...
Ne vaut-il pas mieux être accroc à la méditation plutôt qu'à l'alcool ? :roll:
Ce sont deux attachements, certes, mais l'un des deux est bénéfique. Et le jour viendra où on lachera aussi la barque...

Et puis, tu dis :"une certaine pédagogie liée au fait de laisser entendre qu'il y a une quantité de temps de pratique a pourvoir pour prétendre une évolution".
Pourquoi ? C'est pas le cas ? :oops:

Il faut pas méditer plusieurs heures, semaines ou mois, avant d'évoluer ? :?:
Les zénistes parlent de l'instant présent. Ya rien à attendre, certes. Mais pendant ce temps, est-ce que le temps passe ?

Les voies subites sont progressives dans leurs préliminaires.
lausm

Les voies subites n'ont pas de préliminaire. Sinon elles s'appeleraient voies progressives.

Voici d'ailleurs ce qu'en disait Houei-Neng :

"Dans l'enseignement orthodoxe, la distinction entre illumination graduelle et illumination subite n'existe pas réellement.
La seule différence réellement reconnue est que, par nature, certains hommes sont doués d'une vive intelligence, tandis que certains autres ont une intelligence limitée. Ceux qui sont éclairés découvrent la vérité soudainement, mais ceux qui vivent dans l'illusion doivent s'entraîner graduellement. Toutefois, cette différence disparaît dès que nous apprenons à connaître notre propre pensée et réalisons notre vraie nature. C'est pourquoi ces deux termes "graduelle" et "soudaine" sont plus apparents que réels.(...)
Erudit auditoire, la pensée qui ne se souille en aucun domaine, c'est là le "non-attachement."
L'être même qui pense, doit toujours être détaché de tous domaines afin que sa pensée ne soit pas une source de productions(causes-effets) en aucun domaine. Mais ne penser à rien, puis abolir toute pensée, arrèter le cours de la pensée, c'est la mort et, immédiatement après, nous serions tout de même réincarnés ailleurs. Voilà la grande erreur. Arriver à être sans pensée serait donc inutile puisque cela ne nous libèrerait pas des renaissances.(...)
Dans la nature propre il n'y a, intrinsèquement, rien à atteindre. Dire que dans cette nature on doit "atteindre" et parler inconsidérément de mérites ou de démérites, sont là des vues erronées et des souillures. C'est pour cette raison que, dans notre Ecole, le "non-attachement" est notre principe fondamental.
ted

lausm a écrit :Les voies subites n'ont pas de préliminaire. Sinon elles s'appeleraient voies progressives.
Et apprendre à s'asseoir dans la bonne posture, n'est-ce pas une sorte de préliminaire ?
Faire une journée de jeûne, revêtir son kesa, préparer son coussin, saluer, sourire à son voisin, faire silence, ... etc...
Qu'est ce qu'un préliminaire exactement ? C'est quoi la définition ?
lausm

Je renvoie à la citation de Houei Neng que j'ai faite plus haut, elle est claire :

"Dans l'enseignement orthodoxe, la distinction entre illumination graduelle et illumination subite n'existe pas réellement.
La seule différence réellement reconnue est que, par nature, certains hommes sont doués d'une vive intelligence, tandis que certains autres ont une intelligence limitée. Ceux qui sont éclairés découvrent la vérité soudainement, mais ceux qui vivent dans l'illusion doivent s'entraîner graduellement. Toutefois, cette différence disparaît dès que nous apprenons à connaître notre propre pensée et réalisons notre vraie nature. C'est pourquoi ces deux termes "graduelle" et "soudaine" sont plus apparents que réels.(...)"

Apprendre à s'asseoir dans la bonne posture, un préliminaire? Ok. Mais préliminaire pour quoi?
En ce sens, le zen dira que la pratique ultime étant sans but, le préliminaire n'a pas d'objet, et perd donc toute utilité, toute raison d'être.
Le préliminaire est perçu comme tel et peut être senti comme nécessaire, quand la personne n'a pas senti que l'évei, la vraie nature, est déjà présente en nous et la cherche donc ailleurs. On est dans une pratique dualiste, car la perception du monde est dualiste. On croit que l'éveil est ailleurs, et doit être atteint au moyen d'efforts.
Les illusions qu'on supprime par les pratiques, ne sont pas en fait un contenu "sale", des impuretés au sens conventionnel du terme : ce qu'on supprime, c'est une façon viciée de percevoir la réalité, c'est une relation erronée qui distord notre perception de la réalité. On ne supprime pas "quelque chose", on supprime une façon de regarder erronée...du coup, on ne supprime rien, en fait on corrige, on permet de voir de façon juste.
On n'accède en fait pas à une nouvelle intelligence de perception, on la désencombre de ce qui l'obstrue. Certains auront une autre vision, ne seront pas d'accord...pas grave. Je pense que dans la majorité des cas l'humain sous exploite son potentiel, du coup il croit qu'il faut atteindre un objectif élevé, alors qu'il faut juste cesser de croire qu'il est hors de portée.
Quand on voit qu'en fait c'est possible, quand on touche du doigt cette réalité, les préliminaires n'ont plus d'utilité.
On continue de pratiquer la bonne posture, en sachant que l'éveil "est" dans le fait de prendre la bonne posture, maintenant. On continue de revètir le kesa, et on sait que mettre le kesa, c'est pratiquer l'éveil directement. On sait que respecter son voisin, respecter le silence, tout cela est pratiquer l'éveil, maintenant, et pas accumuler des bons points pour l'obtenir plus tard.
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jules
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Pratiquez zazen et vous comprendrez.
Vous comprendrez qu'il n'y a pas même à comprendre pourquoi vous pratiquez zazen.

jules : Master of zen :oops: :mrgreen: love2
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