La vieille dame

Katly


(la vieille dame, le moine et la jeune fille, conte Zen)



Il était un très beau jeune homme, aux traits fins et virils qui s'était fait moine errant. Son errance ne dura pas longtemps, il rencontra une vieille femme qui décida de le prendre sous sa protection.

A cette époque il était utile d'avoir un moine près de chez soi. Ce n'était pas des locataires très encombrants : Ils construisaient eux même leurs cabanes, un repas par jour leur suffisait et le reste du temps, ils priaient en silence. Leur voisinage dura ainsi très longtemps.

Le moine n'était pas bavard et la vieille femme ne savait quoi lui dire. Leurs rencontres étaient donc très silencieuses : Elle le regardait manger et lui ne parlait jamais la bouche pleine.

Elle l'aimait bien malgré tout. Elle aurait voulu lui faire plaisir mais ne savait pas comment. Un jour une jeune fille arriva. Elle était très jolie et très pure, cela donna une idée à la vieille.

Elle lui parla du jeune moine et lui demanda de s'occuper de lui, comme on s'occupe d'un homme. La jeune fille accepta volontiers, non par vice mais par charité : La pureté, il faut bien que ça serve.

Elle alla le voir, lui avoua son amour sincère, voulut se donner à lui mais le moine refusa. Il disait qu'il ne pourrait l'aimer, qu'il était sec comme du bois mort et qu'il ne ressentirait rien à ses caresses. Pourtant a cette époque moine et chasteté n'était pas forcément liés.

La jeune fille retourna raconter son entrevue à la vieille. Celle-ci n'apprécia pas du tout la réaction du moine :

"Un cadeau, ça ne se refuse pas ! "

Elle commença à s'énerver :

" Comment ai-je pu garder si longtemps ce moine imbécile auprès de moi ?" Hurlait-elle.

Plus elle regardait la beauté de la jeune fille moins elle comprenait la réaction du moine. Elle énerva tant qu'elle alla mettre le feu à sa cabane.

Le feu crépitait et grandissait. La pauvre hutte n'était faite que de bois et les flammèches embrassaient tout ce qu'elles atteignaient.

Lorsque le moine sortit, il toussait mais se tenait droit, la silhouette déformée par la fumée. Au pas de sa cabane, sans comprendre pourquoi son abri brûlait, le moine regardait la vieille femme et la jeune fille qui l'observaient. Il advint ce qui devait arriver : Ses vêtements s'enflammèrent subitement et la torche vivante s'écroula.

La jeune fille qui fixait le moine brûler au sol sans chercher à s'extraire des flammes, s'enfuit en criant avant que le feu ne s'épuise de lui-même et laissa la vieille dame à ses pleurs. Et toutes deux comme l'ermite, bien que connaissant la cause de cette querelle meurtrière, n'en comprenaient plus le pourquoi.

Du moment où elle rentra chez elle, la jeune fille ne resta pas jeune bien longtemps. Elle avait été belle, avec ses traits très purs, son regard d'ange et son corps de fée.

Mais les quelques années qui suivirent la transformèrent en vieille femme Elle parlait souvent en dormant et répétait toujours la même question :

" Comment le moine aurait du réagir ? "

Il n'aurait pu d'accepter son offre d'amour pourtant il n'aurait pas du refuser ! Endormie ou éveillée, elle restait sur son nuage sur son nuage et d'une voix brumeuse, ensommeillée, ne cessait de répéter :

" Comment le moine aurait du réagir ? "


FleurDeLotus
ted

Ca me rappelle un peu ce film dont on a parlé ici : viewtopic.php?f=62&t=6408

Dans le film, le moine cède. Mais quelques années plus tard, il...
Bon, je ne vais pas raconter la fin. Yen a qui n'ont pas encore vu le film... :D
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