Christian Bobin l'irréel

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ted

Ce qu'il appelle "l'irréel", c'est le monde virtuel, en fait ? Un monde créé par des machines, qui ne survit qu'à travers des machines.

Il y a un petit parfum de Jihad Butlerien dans l'air. :D Pour ceux qui connaissent...
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Flocon
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ted a écrit :Ce qu'il appelle "l'irréel", c'est le monde virtuel, en fait ? Un monde créé par des machines, qui ne survit qu'à travers des machines.
J'ai compris son propos comme ça moi aussi.

Et ba11 pour le rapprochement avec Dune, je crois que c'est vraiment une idée très proche de celle de Herbert dans les volumes que tu indiques. Sauf que maintenant, grâce à toi, j'ai envie d'en relire un peu, au lieu de travailler : c'est malin... :shock: loveeeee
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Katly

Je n'ai pas lu ce livre :oops: mais on arrive dans le même chemin par d'autres sentiers...
Ce qui m'intéresse le plus, dans son propos c'est le fait que le "monde virtuel" ajouté au consumérisme matérialiste, entre autres ( avec sa reconnaissance sociale par l'avoir, le paraître ) crée, nourrit et impose une grande solitude et un manque d'humanité, une fuite, une perte du contact réel avec la vie. Donc, je comprends ainsi l'empoisonnement de nos vies par ça. Il n'y a pas une volonté d'interdiction, mais une conscience du danger de ce jouet si fascinant. On a mis un écran très épais et lourd entre les visages. La vraie forêt, il faut la vivre, avec sa gadoue, ses odeurs de bois pourri de l'automne, le vent. L'arbre, il faut être tout près, au pieds de l'arbre pour le voir, le toucher, c'est un visage en pleine face de la forêt. C'est pareil pour les gens dans la rue, tout. C'est pernicieux ce vivre virtuel pour ne pas vivre le réel. Parce que c'est toujours plus facile derrière un écran. Mais ça créer aussi des bouleversements, parce que ceux à côté de qui on passait sans les voir se retrouvent derrière ces écrans, ceux qui ne se seraient jamais rencontrés dans la vie, oo qui n'auraient pas dû se "rencontrés", par leurs différences de culture ou sociale ou autres, la vie où il y a déjà tant et trop de murs dressés.
L'esprit de l'homme, de la femme, de l'être humain ne peut être une machine, il ne le sera jamais, c'est comme si on voulait que la vie soit une machine. Et le coeur a un visage, un corps...
J'ai connu un temps où le brin de muguet étaient vendus par les roms, les tziganes, sans vouloir idéaliser ce peuple, c'est un signe.
Enfant, chez mes grands-parents, à la campagne, ils s'arrêtaient à la porte de chez nous, pour nous vendre des napperons de dentelles et nous dire "la bonne aventure ", une femme comme du feu avec des bracelets et un châle fleuri.
Je me souviens qu'à l'école, en banlieue, des filles du voyage m'avaient battu, puis on a fait la paix et elles m'ont invité à entrer dans le camp au milieu d'un terrain vague, que j'ai retraversé au retour seule, à la tombée de la nuit, sans aucune peur.
On oubli pas des choses comme ça.
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Flocon
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Bah, tu sais, Dune pour moi maintenant, c'est surtout de vieux souvenirs. Il y a beaucoup de nostalgie, je crois, dans mon envie matinale.
Katly a écrit :Enfant, chez mes grands-parents, à la campagne, ils s'arrêtaient à la porte de chez nous, pour nous vendre des napperons de dentelles et nous dire "la bonne aventure ", une femme comme du feu avec des bracelets et un châle fleuri.
Je me souviens qu'à l'école, en banlieue, des filles du voyage m'avaient battu, puis on a fait la paix et elles m'ont invité à entrer dans le camp au milieu d'un terrain vague, que j'ai retraversé au retour seule, à la tombée de la nuit, sans aucune peur.
On oubli pas des choses comme ça.
:D loveeeee Ah, la rencontre physique... Il n'y a rien de tel pour dissiper les peurs et vacciner contre elles. Ni Internet, ni les bouquins, si merveilleux soient-ils, ne remplacent ni ne remplaceront jamais l'humanité concrète.

Je m'aperçois en écrivant qu'au fond, je suis plus optimiste que Bobin. :shock: :D
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
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Kong Tseu
Katly

Oui, il est optimiste, et surtout actif :D mais il le dit "c'est une lutte", une lutte du poète de "ramener au réel," car la tendance du monde est dans l'irréel, de croire et faire croire qu'on peut remplacer l'esprit par la machine.
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Flocon
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C'est vrai : Bobin est un poète remarquable par son engagement d'artiste. love_3
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
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Kong Tseu
Katly

L'arbre est devant la maison, un géant dans le lumière d'automne. Vous êtes dans la maison, près de la fenêtre, vous lui tournez le dos. Vous ne vous retournez pas pour vérifier s'il est bien toujours là – on ne sait jamais avec ceux qu'on aime : vous négligez de les regarder un instant, et l'instant suivant ils ont disparu ou se sont assombris. Même les arbres ont leurs fugues, leurs humeurs infidèles. Mais celui-là, vous êtes sûr de lui, sûr de sa présence éclairante. Cet arbre est depuis peu de vos amis. Vous reconnaissez vos amis à ce qu'ils ne vous empêchent pas d'être seul, à ce qu'ils éclairent votre solitude sans l'interrompre.Oui, c'est à ça que vous reconnaissez l'amitié d'un homme, d'une femme ou d'un arbre comme celui-ci, gigantesque et discret. Aussi discret que gigantesque.

Christian Bobin L'inespéré




Il y a une phrase de Pascal, qu’on a trouvé dans son mémorial, qu’il avait cousu dans son pourpoint, c’était une sorte d’extase ou d’illumination qu’il a eue, qu’il a daté - il a même donné le temps exact où ça s’est passé, de 10 heures à minuit. Ce mémorial de Pascal se termine par une phrase sublime, une phrase qui donne ce qu’elle dit, c’est-à-dire qu’elle donne une joie très profonde aux yeux de celui qui la lit, dans les yeux et dans le cœur. Elle dit ceci, exactement  : « Éternellement en joie, pour un jour d’exercice sur Terre. » Le seul fait d’avoir éprouvé la pointe du vivant donne une joie. Et pourtant, savoir qu’on est vivant, c’est savoir qu’on va disparaître. Mais paradoxalement, cette fleur même de l’instant, cette haute conscience brûlante de la vie passagère est un accès au plus éternel et donne un état paisible, donne une paix qui ensuite demeure par-dessous tous les accidents de la vie.

http://www.buddhachannel.tv/portail/?article18151


FleurDeLotus
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Flocon
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Katly a écrit :Vous reconnaissez vos amis à ce qu'ils ne vous empêchent pas d'être seul, à ce qu'ils éclairent votre solitude sans l'interrompre.
Très beau, et si vrai. :)
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
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