Les cycles et leurs cessations

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michel_paix
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tirru... a écrit :Bonjour les ami(e)s,

Si nous devions résumer la fameuse, très complexe et insondable coproduction conditionnée cela donnerait :

« Ceci étant, cela devient ;
ceci apparaissant, cela naît [croît, est construit].
Ceci n'étant pas, cela ne devient pas ;
ceci cessant, cela cesse de naître [croître, de se construire]. »
A première vue, cette affirmation semble banale, mais pas tant que ça. D'une certaine façon les deux premières lignes nous expliquent de façon sommaire et logique le processus de naissance et donc de renaissance des phénomènes. Ce qui suppose que cela s'inscrit dans un scénario répétitif. Renaissance donc directement liée aux actes de l'individu. Chaque acte conditionne un autre dans un cycle continuel est ainsi, assuré, entretenu et répété.

Dans les deux dernières lignes, selon la même démarche logique, il apparait clairement que s'il n'y a pas d'acte, une sorte de non-agir appliqué de façon juste et réfléchie, il ne peut y avoir de devenir ou plutôt du redevenir d'un phénomène. On s'en affranchit, s'en libère, c'est la cessation.
On est pas obliger de le voir ainsi, comprenant le fond on peut très bien l'utiliser inversément, je vais donner un exemple exprimant mon expérience, mais disons simplifié pour en donner qu'un appercu favorable a la réflexion individuelle ''présentation pas très orthodoxe'' :

Quand sati est produit, le détachement ce produit, quand le détachement ce produit, un certain recule se produit, quand se recule est produit, la vue juste est possible, quand la vue juste est produite, ce produit une absence de souffrance, quand l'absence de souffrance est produite, l'attachement peut se produire, si l'attachement est produite, sati cesse, le détachement cesse, le recule cesse, la vue juste cesse, de cette cessation dukkha sera produite a nouveau...

Ps: J'utilise le mot Dukkha exprimant ici le mal être intérieur vis a vis ce qui est, Dukkha dans cette exemple n'aborde pas les douleurs.

En espérant que cela soit favorable a une discussion que tu aimerais aborder !! <<metta>>
:)
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Dharmadhatu
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anjalimetta Moi ce que je trouve génial dans la citation donnée par Tirru, c'est que "ceci étant, cela devient" peut s'appliquer à tout, et pas seulement à la causalité.

Mais même dans la causalité, c'est génial si on voit que non seulement l'effet ne vient pas sans cause, mais aussi que la cause n'est cause que lorsque existe son effet. C'est la désignation dépendante.

FleurDeLotus
apratītya samutpanno dharmaḥ kaścin na vidyate /
yasmāt tasmād aśūnyo hi dharmaḥ kaścin na vidyate

Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Shakhyam

La formulation complète du Canon pâli est le suivante :

imasmim sati idam hoti imassuppâda idam uppajjati /
imasmim asati idam na hoti imassa nirodhâ idam nirujjhati //


"Ceci étant, celà est. Ceci apparaissant, cela apparaît. Ceci n'étant plus, cela n'est pas. Ceci cessant, cela cesse
."

Ted nous explique n'avoir jamais compris la subtilité de ces formulations. Comme je le comprend, elles n'ont rien d'extraordinaires à cela prêt qu'elles rigidifient les objets de la causalité, la rendant par la-même totalement mécanique et matérielle... ce que précisément elle ne peut être puisque portée par des êtres sensibles, conscient de leur sensibilité et des changements incessants qu'elle entraine.

L'utilisation qui en fut faite par les adeptes du petit véhicule représentait totalement leur ambition qui consistait à éradiquer le désir de leur comportement, leur permettant ainsi et pour eux-mêmes d'atteindre le Nirvana. Elle suffisait donc.

Cependant survint le Mahayana et son ambition universaliste où la réflexion philosophique pris le pas sur l'application précédente considérant "... que des entités dépourvues de nature propre n'ont pas (vraiment) d'existence, la formule "ceci étant, cela est" est inadéquate".

Il est en effet évident qu'il s'agit là d'un jeu de dupes, les choses n'ayant plus d'être en soi, il est difficile de supposer qu'une quelconque relation, fusse-t-elle causale, puisse avoir lieu.

Tel est bien le cas en effet et cette constatation peut s'appliquer à tout, sans dépendance.




FleurDeLotus Butterfly_tenryu
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Dharmadhatu
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Shakhyam a écrit :la rendant par la-même totalement mécanique et matérielle...
:D Je ne pense pas qu'il soit jamais dit dans le Bouddhisme que la causalité ne s'applique qu'à la matérialité. Une conscience est un phénomène produit, or elle n'est pas matérielle.
Cependant survint le Mahayana et son ambition universaliste où la réflexion philosophique pris le pas sur l'application précédente considérant "... que des entités dépourvues de nature propre n'ont pas (vraiment) d'existence, la formule "ceci étant, cela est" est inadéquate".
Bien au contraire. Nagarjuna dit bien que "ce qui apparaît en dépendance est désigné comme vacuité". Donc "ceci étant, cela est" est la preuve du probandum qu'est la vacuité et la vacuité est la preuve du probandum qu'est "ceci étant, cela est". Autrement dit, c'est parce que les phénomènes existent en dépendance qu'ils sont vides d'existence indépendante et c'est parce que les phénomènes sont vides d'existence indépendante qu'ils existent en dépendance.

FleurDeLotus
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Shakhyam

Dharmadhatu a écrit :
Shakhyam a écrit :la rendant par la-même totalement mécanique et matérielle...
:D Je ne pense pas qu'il soit jamais dit dans le Bouddhisme que la causalité ne s'applique qu'à la matérialité. Une conscience est un phénomène produit, or elle n'est pas matérielle.

Je ne pense pas avoir jamais soutenu pareille ineptie. Au contraire, je prétends que la conscience par sa variabilité fondatrice et fonctionnelle dépasse, transcende, annihile les effets d'une automaticité causale que la formule voudrait nous faire admettre comme indépassable. Autrement dit la causalité n'est réelle que dans un Univers non-systémique qui implique un créateur "responsable" de la création dont j'ai démontré ailleurs, contre LEIBNITZ, qu'elle s'auto-détruisait. L'acceptation du principe même de Vacuité, comme une évidence systémique précisément, nous épargne l'encombrement de l'Esprit d'une notion creuse inutile et pernicieuse (causalité) qui ne vaut que localement par un ensemble de "tour de force" de l'intelligence dont là-encore démonstration a été apportée qu'elle participe de très peu à l'avènement de l'Eveil.

Cependant survint le Mahayana et son ambition universaliste où la réflexion philosophique pris le pas sur l'application précédente considérant "... que des entités dépourvues de nature propre n'ont pas (vraiment) d'existence, la formule "ceci étant, cela est" est inadéquate".
Bien au contraire. Nagarjuna dit bien que "ce qui apparaît en dépendance est désigné comme vacuité". Donc "ceci étant, cela est" est la preuve du probandum qu'est la vacuité et la vacuité est la preuve du probandum qu'est "ceci étant, cela est". Autrement dit, c'est parce que les phénomènes existent en dépendance qu'ils sont vides d'existence indépendante et c'est parce que les phénomènes sont vides d'existence indépendante qu'ils existent en dépendance.

Ainsi donc, voilà NAGARJUNA qui plaide contre lui-même... C'est bien la démonstration à l'évidence que l'Homme éveillé n'a nul besoin du principe éculé de causalité et que l'Eveil l'autorise, comme à chacun d'entre nous, à inclure des actes et des affirmations qui sembleront contraires au commun des mortels prisonnier des limites qu'il se pose à lui-même, contre toutes expérimentations.




FleurDeLotus Butterfly_tenryu

FleurDeLotus
boudiiii !

C'est vendu avec le décodeur ?
Shakhyam

Eh non ! çà serait de la causalité et tu n'aurais qu'à en recueillir les fruits... si elle est valide !

Sors-toi donc les doigts du c....lavier et cherche ta propre compréhension... au fond de ta question !!





FleurDeLotus Butterfly_tenryu
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michel_paix
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Bonjour Chakyam,

Sans causalité pas d'éveil, sinon tu visualise l'éveil comme Un ''absolu''.
Sans causalité pas de voie, sinon tu visualise la voie comme Un ''absolu''.
Sans causalité pas de Buddha, sinon tu visualise les Buddhas comme existant En ''absolu''.
Sans causalité pas de nirvana, sinon tu visualise le nirvana comme étant Un ''absolu''.

Ce qui signifie qui n'a pas d'issu possible a l'Ordre des choses ''Dhamma''.

<<metta>>
:)
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Dharmadhatu
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boudiiii ! a écrit :C'est vendu avec le décodeur ?
:lol:
michel_paix a écrit :Bonjour Chakyam,

Sans causalité pas d'éveil, sinon tu visualise l'éveil comme Un ''absolu''.
Sans causalité pas de voie, sinon tu visualise la voie comme Un ''absolu''.
Sans causalité pas de Buddha, sinon tu visualise les Buddhas comme existant En ''absolu''.
Sans causalité pas de nirvana, sinon tu visualise le nirvana comme étant Un ''absolu''.

Ce qui signifie qui n'a pas d'issu possible a l'Ordre des choses ''Dhamma''.

<<metta>>
jap_8 J'ajouterais que ne pas accepter la causalité conventionnelle, c'est être complètement à côté de la plaque malgré toutes les évidences conventionnelles. C'est ne pas très bien comprendre où commence l'ultime et où s'arrête le conventionnel. C'est entretenir des vues nihilistes et par là même s'engager dans des voies porteuses de souffrance un jour ou l'autre. C'est aussi entretenir ce que la psychologie bouddhiste appelle la saisie de la supériorité d'une vue (fausse malgré toutes les évidences conventionnellement valides). C'est aussi trahir le sens du Dharma exposé par le Bouddha et Nagarjuna tout en se targuant de l'avoir compris et de vouloir l'exposer sur le net. Ca va plus loin encore que Monsieur Jourdain: ne pas pouvoir faire autrement que de s'inscrire conventionnellement dans la causalité conventionnelle tout en la niant conventionnellement.

FleurDeLotus
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Puisqu'il n'est rien qui ne soit dépendant,
Il n'est rien qui ne soit vide.

Ārya Nāgārjuna (Madhyamakaśhāstra; XXIV, 19).
Shakhyam

Il t'es tout à fait loisible de faire croire ou d'inciter tes lecteurs à penser que les évènements, les personnes, les liens qu'ils établissent sont réels au point qu'ils seraient porteurs d'une autonomie d'être qui les fait échapper à leur nature de produit et te ferait choir du côté "éternaliste". Il t'es même tout à fait loisible d'oublier le principe d'impermanence corrélatif de la vacuité, principe qui s'applique à tous moments, dans toutes les situations et auquel personne ne peut déroger - du moins tant qu'il se prétend bouddhiste -

Que tu ne lises pas mes textes, c'est ton droit le plus strict mais n'interprête pas, à ta guise, ce que tu as pu glaner malgré tout. Où as-tu été chercher que je n'accepte pas la causalité conventionnelle ? Il est vrai que j'en subordonne la lisibilité à la réalité factuelle de l'agent susceptible de la transmettre et qu'à l'instar de NAGARJUNA je n'en trouve aucun.

Rappelle-toi et relis les stances : 23, 1, 7, 4, 13, 14, 15, 23 et tu nous éviteras tes sempiternelles digressions mettant sur le même plan le conventionnel et l'ultime. Ce n'est pas parce l'ultime utilise le langage du conventionnel qu'il est pour autant de nature identique bien que chacun d'entre eux reste soumis, constitué et empreint de vacuité comme l'explicite d'ailleurs si bien le zen soto : shikki (phénomènes) mu (non-acte) ku (vacuité, absence de nature propre)

Je sais bien que t'as les boules, les glandes et tout le restant parce que j'ai entrepris l'explication des Madyamaka-karikas. Y répondre directement serait un signe de faiblesse pour toi, je l'ai bien compris. Je te mets néanmoins AU DEFI de m'opposer des arguments valides et valables, c'est à dire fondés et argumentés en droit tenant compte de la totalité du réel expérimenté, connu, explicité et justifié par la-même.

Quant à Michel Paix, désolé ! il est dans la confusion la plus totale.

"Sans causalité pas d'éveil, sinon tu visualise l'éveil comme Un ''absolu''.
Sans causalité pas de voie, sinon tu visualise la voie comme Un ''absolu''.
Sans causalité pas de Buddha, sinon tu visualise les Buddhas comme existant En ''absolu''.
Sans causalité pas de nirvana, sinon tu visualise le nirvana comme étant Un ''absolu''.

Il extrapole un hypothétique évènement (la causalité) et en fait la charnière de l'Eveil, de la voie, du bouddha et du Nirvana. Fort bien. Evidemment, tu tombes la-dedans comme un gros cailloux dans une mare d'eau sale et tu crois que la causalité est justifiée en tant que processus... causale évidemment.

Rien n 'est moins faux. C'est confondre l'évènement singulier (causalité) avec ce dont il permet la réalisation (bouddhéité, éveil, voie, nirvana) que je ne cite que pour rappeler qu'ils constituent précisément notre Nature dont la nature est précisément de ne pas en avoir.

Pas d'absolu la-dedans !




FleurDeLotus Butterfly_tenryu
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