Le rôle du désir dans la quête spirituelle ?

Zopa

Pour revenir à notre exemple précédant sur le sourire et son éventuel lien avec le désir,

Lorsque nous disons qu'il doit être spontané et naturel - c'est à dire sincère -, ce caractère naturel et authentique du sourire n'est le fruit que d'un désir d'amour (une aspiration bienveillante, si tu préfères).

C'est alors que ce sourire déploie et exprime une expérience de l'amour bienveillant qui constitue l'une des possibilités de la conscience humaine et du désir. <<metta>>
ted

Zopa a écrit : Lorsque nous disons qu'il doit être spontané et naturel - c'est à dire sincère -, ce caractère naturel et authentique du sourire n'est le fruit que d'un désir d'amour (une aspiration bienveillante, si tu préfères).
S'il suffisait de "désirer" être bienveillant pour le devenir, l'éveil serait facile.
Saurais-tu, avec un simple désir, éprouver de la bienveillance pour ceux qui maltraitent ta famille, te torturent et te détestent ?
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jules
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Il y'a aussi le léger sourire du Bouddha dans certaines des représentations qu'on fait de lui en méditation, un sourire qui peut résonner comme un appel à ce que chacun veuille expérimenter la grande paix qu'il a lui-même réalisée. En zazen par exemple on a les yeux baissés, le regard tourné vers l'intérieur comme dit Dogen. Regarder quelqu'un qui médite peut être très inspirant et aussi motivant pour essayer soi-même cette pratique. On peut dire alors que ce sourire du Bouddha est un partage spontané de la grande paix, et on peut le voir comme si il était inconsciemment tourné vers tous les êtres, comme si il nous délivrait un enseignement sans lever les yeux, silencieusement, sans même chercher à le faire, par l'intermédiaire de la bienveillance innée de vipassana.

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"Quand le maître gouverne les gens,
On a à peine conscience qu'il existe."

Extrait du chapitre 17 du Tao Tö King.
Zopa

Les paroles que tu viens de dire sont magnifiques, Jules.

Merci de les avoir partagé.
Zopa

Qu'entends-tu par la "bienveillance innée de vipassana" ?
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jules
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Vipassana, qui signifie voir les choses telles qu'elles sont réellement, est une des plus anciennes techniques de méditation de l'Inde. Il y a plus de 2500 ans, elle a été redécouverte par le Bouddha Gautama, qui l'a enseignée en tant que remède universel à des maux universels, c'est-à-dire en tant qu'Art de Vivre.

http://www.french.dhamma.org/vipassa.html
Zopa

Lorsque l'on pratique cette forme de méditation dont tu parles, que découvre-t-on au sujet du désir ?
binah

jules a écrit :Vipassana, qui signifie voir les choses telles qu'elles sont réellement, est une des plus anciennes techniques de méditation de l'Inde. Il y a plus de 2500 ans, elle a été redécouverte par le Bouddha Gautama, qui l'a enseignée en tant que remède universel à des maux universels, c'est-à-dire en tant qu'Art de Vivre.

http://www.french.dhamma.org/vipassa.html
Cette méthode fait partie de la tradition Mahayana ?
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jules
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binah : Cette méthode fait partie de la tradition Mahayana ?
J'ai hâtivement parlé de vipassana apparemment, parce que j'avais compris que c'était l'origine de tous les courants bouddhistes qui usaient de la transmission de la pratique enseignée par le Bouddha en en privilégiant certains aspects telle la position des mains (mudra), pratiquer face à un mur (zen) etc.

Sinon, je ne suis pas très au fait sur le Mahayana, je ne sais pas.

Donc, je voulais parler en fait de la méditation transmise par le Bouddha pour éviter de mettre le drapeau zen sur cette dernière.
Zopa : Lorsque l'on pratique cette forme de méditation dont tu parles, que découvre-t-on au sujet du désir ?
On peut sans doute découvrir des tas de choses, et lorsqu'on découvre quelque chose, ce sera circonstanciel, c'est à dire à l'instant où l'on se penchera sur le problème et qu'on y réfléchira. A présent par exemple, me vient l'idée que tu sens le besoin de racheter le désir qui te semble méprisé dans le bouddhisme et que c'est pour cette raison que tu as ouverts le sujet. Nous nous sommes accordés sur le fait que le désir n'était pas exclu dans le bouddhisme et que par exemple les bodhisattvas n'en étaient pas dépourvus, bien que le Bouddha lui-même ait, pour le dire succinctement dépassé toute forme de désir comme le disait Ted. Pour ma part, j'ai une certaine opinion là dessus qui me fait penser que les deux états ne sont pas incompatibles, mais c'est une autre discussion. Malgré ce sur quoi nous nous sommes entendu, la question semble demeurer chez toi ? Pour ne pas déflorer ce questionnement qui t'appartient, et auquel je voudrais éviter d'apporter une réponse toute faite, peut-être que ce sera à toi de te poser des questions, portant par exemple sur le fait de savoir pourquoi il est si important pour toi de donner une place si prépondérante au désir en ce moment, ou quels sont les désirs tacites apparaissant dans ton questionnement que tu voudrais racheter, ce que cela légitime pour ta vie de tous les jours etc...

J'espère en tous les cas ne pas t'embrouiller l'esprit. Comme je te l'ai dit, chacun fait comme il peut. <<metta>>
Zopa

Oui, tu as raison, Jules. Je ressens effectivement le besoin de réhabiliter le désir parce qu'il m'a semblé être souvent déprécié dans le bouddhisme.

Comme je l'ai dit, Définir essentiellement le désir comme une impulsion obscure, un manque, une privation, un piège pour les sens, une cause d'insatisfaction et de désespoir ...et ne pas parler du désir comme d' une énergie de vie qui mettrait en mouvement l'individu vers une action créatrice ... me semble résulter d'une vision partielle et pessimiste.


Et je pense que ce genre de questionnement sur le désir, même s'il est le mien en ce moment et que je ne dispose pas encore des réponses, a été ou sera celui de toute personne à un moment ou à un autre.
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