Une journée particulière

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Longchen
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Flocon a écrit :(...) Longchen, oui, mais tu sais, face à une classe qui dérape, se connecter au calme intérieur, etc., c'est bien beau, mais on n'a pas le temps. (...)
Si si c’est possible, Rinpoché a donné des exemples, évidemment cela nous éloignerait du propos ici.
Un ou une pratiquante qui a une certaine familiarité avec la pratique du refuge intérieur peut se connecter très rapidement au calme au silence et à l’espace, en une fraction de seconde si c’est nécessaire, et cette fraction de seconde peut faire la différence, au niveau d’un type de réaction.
Ce n’est pas moi qui le dit ! zeeeennnyyy
L’instant présent 🙏
ted

Faudrait déjà mieux définir l'homophobie.

Parce que entre ce que la loi en dit et ce que les militants en font, ya souvent un fossé.
Un exemple : il y a des commentaires sur le net ou Will Smith se fait traiter d'homophobe :shock: parce qu'il repousse un homme qui essaie de l'embrasser publiquement sur la bouche. Je trouve que ce genre d'accusations excessives nuisent à la cause des homos.

ted

Quand des propos antisémites, racistes ou homophobes sont proférés, même autour d'une bonne bière, entre copains qui se tapent sur le ventre, il faut rappeler que ces propos sont hors la loi. Bien sur, sur le terrain, c'est pas toujours facile. Et les tribunaux sont encombrés. Mais un prof, lui, a une certaine autorité pour faire des rappels à la règle. Mais un bouddhiste n'essaie pas non plus de lutter contre le vent pour imposer sa vision du monde. S'il y a une loi et que personne ne la respecte, il faut en chercher les causes. Les supprimer, si c'est possible, sinon, accepter le monde tel qu'il est et non tel qu'on voudrait qu'il soit.

Il y a une loi qui sanctionne l'homophobie. Il suffit de faire un rappel à la loi et signaler aux personnes que, malgré leurs habitudes culturelles, leurs propos tombent désormais sous le coup de la loi parce que les temps changent. Ya rien à expliquer du tout. C'est interdit. Point barre. Mes réponses en bleu.
Flocon a écrit :Je relance donc le fil dans un sens plus en accord avec ce que j'en espérais au départ. :oops:

En tant que bouddhistes, que faire lorsqu'on est confronté à des cas d'homophobie? Je n'ai pas d'idée particulière à ce sujet mais je me pose la question. Je vais prendre trois exemples personnels, tous liés à mon métier :

- l'histoire de la remarque sur Socrate entendue en séminaire : le fait n'est pas anodin, et dépasse le seul anachronisme ; qualifier l'homosexualité d'un personnage historique de "perversion" consiste, en réalité, à traiter indirectement de malades mentaux les homosexuels présents (il y en avait au séminaire, je reviendrai éventuellement sur la réaction de l'un d'eux). Comment réagir à ce type de formule? Faut-il laisser couler, reprendre, expliquer? Pas facile.

===> Faire un rappel de la législation : l"homosexualité n'est pas une perversion. Maintenant, si tu veux CONVAINCRE la personne du contraire, c'est une autre histoire. Mais tu peux toujours l'obliger à la boucler. Tu as le droit.


- dans une classe de cinquième, un élève en traite un autre de PD -et la classe approuve et rigole. Faut-il sévir sans explication, interrompre le cours, discuter?

===> PD, négro, bouffon, bougnoule, connard : on ne parle pas ainsi à ses camarades. Quand à rentrer dans des discours savants pour expliquer qu'un pédéraste n'est pas un homosexuel, je crois que c'est perdu d'avance, mais tu peux toujours essayer.

- pendant un cours en troisième sur la mythologie grecque, on aborde le mythe de Ganymède. L'élève chargé d'un exposé sur Zeus tente de raconter aux autres élèves les amours du beau garçon et du maître des dieux. Il se donne du mal, le sujet le passionne... Et il récolte des lazzi, vaguement mêlés d'insultes et de cris de dégoût, s'adressant autant à l'échanson céleste qu'à lui-même. Comment l'enseignant peut-il redresser la situation?

===> Les cris de dégout, c'est pas interdit par la loi. Là, la ligne jaune n'est pas franchie. On peut obliger les gens à vous respecter. On ne peut pas les obliger à vous aimer. :oops:
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Flocon
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Longchen, d'accord : mais tout le monde n'est pas un pratiquant expérimenté des techniques tantriques. Je m'adressais plutôt à monsieur tout le monde, dans mon post. :oops:

Ted, merci des réponses. Je suis globalement d'accord avec toi, et en même temps, le recours "dur" à la loi (ou au règlement intérieur du collège), la pure affirmation d'autorité, ne marche pas toujours très bien. Ces méthodes fonctionneront pour simplement réduire au silence des personnes proférant des propos choquants, oui. Et il est parfois nécessaire d'y avoir recours, sans hésiter, pour protéger les victimes de ces propos. Mais est-ce suffisant?
Sans explications, ne risque-t-on pas d'obtenir un effet contraire à celui recherché, en persuadant ces personnes, surtout dans le cas où elles sont très jeunes, que leur droit à l'expression a été bafoué et en les confortant davantage encore dans leurs préjugés? C'est là, en réalité, qu'est le point délicat pour moi. Je suis plutôt partisane d'associer rappel à la loi et explications, même si c'est moins confortable et gratifiant que de se contenter de mettre en oeuvre la seule autorité. Mais bon, c'est discutable et ton point de vue se défend aussi.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
ted

Flocon a écrit : face à une classe qui dérape, se connecter au calme intérieur, etc., c'est bien beau, mais on n'a pas le temps.
Pourtant, c'est ce qu'il faut faire. S'entrainer chez soi, au dojo, au temple, en retraite, jusqu'à ce que le silence intérieur soit à notre portée quand les poisons s'élèvent dans l'esprit.
Flocon a écrit : On ne l'a guère davantage du reste dans le cas, plus tranquille, d'un séminaire universitaire. Je parle, volontairement, de situations où il faut réagir "à chaud", et donc décider très vite de ce qu'on estime devoir faire, et comment.

On peut réagir très vite tout en se connectant au silence intérieur. Parce que le temps RALENTIT. Et l'acte juste, la parole juste, émergent des tréfonds de la non-pensée. C'est une façon totalement différente d'envisager la vie et nos rapports avec les gens. Et nos propos ont une chance de faire mouche là ou les formules autoritaires pré-établies seront inefficaces. Quand je me connecte à cet état, les homosexuels et moi-même sommes frères de souffrance. Il n'y a aucune différence entre eux et moi.
Flocon a écrit :Je précise également que face aux classes de collège, l'option "se taire" que tu signales est impossible, car elle relèverait de la faute professionnelle -on ne laisse pas déraper une classe sans rien dire. Dans le cas de la fac, le silence est possible, mais on se heurte alors au risque de complaisance : se taire revient à approuver implicitement le discours qu'on ne relève pas, par souci de tranquilité, ce qui n'est pas forcément la meilleure approche. :?:
On n'enseigne rien aux élèves. On révèle ce qu'ils savent déjà. A mon avis, il faut insister sur l'aspect affectif de la souffrance ressentie par les homosexuels en général. Ainsi que par ceux éventuellement présents, plutôt que sur l'aspect légal, juridique, qui est une forme de coercition. On n'a pas besoin de lois pour avoir de la compassion envers les autres. Et la compassion, c'est plus durable qu'une loi qui peut être abrogée à n'importe quel moment.
jap_8
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Flocon
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ted a écrit :On n'enseigne rien aux élèves. On révèle ce qu'ils savent déjà. A mon avis, il faut insister sur l'aspect affectif de la souffrance ressentie par les homosexuels en général. Ainsi que par ceux éventuellement présents, plutôt que sur l'aspect légal, juridique, qui est une forme de coercition. On n'a pas besoin de lois pour avoir de la compassion envers les autres. Et la compassion, c'est plus durable qu'une loi qui peut être abrogée à n'importe quel moment.
Entièrement d'accord avec ça, et je le préfère de beaucoup à ta première proposition qui reposait sur le pur autoritarisme. Après, concrètement, ce n'est pas toujours facile à mettre en oeuvre dans des situations délicates.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
Sourire

ted a écrit :- pendant un cours en troisième sur la mythologie grecque, on aborde le mythe de Ganymède. L'élève chargé d'un exposé sur Zeus tente de raconter aux autres élèves les amours du beau garçon et du maître des dieux. Il se donne du mal, le sujet le passionne... Et il récolte des lazzi, vaguement mêlés d'insultes et de cris de dégoût, s'adressant autant à l'échanson céleste qu'à lui-même. Comment l'enseignant peut-il redresser la situation?

===> Les cris de dégout, c'est pas interdit par la loi. Là, la ligne jaune n'est pas franchie. On peut obliger les gens à vous respecter. On ne peut pas les obliger à vous aimer. :oops:
C'est peut-être pas interdit par la loi, mais c'est franchement irrespectueux, quel que soit le sujet du cours ou de l'exposé.
Je me souviens, au temps où j'étais au collège (et à l'époque les classes étaient pourtant plus calmes que maintenant) m'être brutalement interrompue au milieu d'une phrase pendant que la prof m'interrogeait. Elle a voulu m'aider à poursuivre. J'ai répondu "j'attends que les autres se taisent"
Dans le cas que tu cites, en plus, il se s'agit pas seulement d'une classe qui n'écoute pas et parle, chahute etc. Mais franchement exprime son dégoût. La ligne jaune, je ne vais pas dire où elle est, mais le premier pas est fait.

ted a écrit :Faudrait déjà mieux définir l'homophobie.
Parce que entre ce que la loi en dit et ce que les militants en font, ya souvent un fossé.
Un exemple : il y a des commentaires sur le net ou Will Smith se fait traiter d'homophobe :shock: parce qu'il repousse un homme qui essaie de l'embrasser publiquement sur la bouche. Je trouve que ce genre d'accusations excessives nuisent à la cause des homos.

A côté de ça, une femme repousse un homme qui essaye de l'embrasser, elle a le droit de l'accuser de harcèlement sexuel, personne ne dira le contraire.
Cette histoire avec Will Smith, c'est aussi absurde que les chiennes de gardes sur le coup du "mademoiselle". Si pas plus.
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Flocon
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Bon, je vous laisse débattre, je pars assister au séminaire dont j'ai parlé.
Aujourd'hui, on va discuter autour d'Origène, un Père de l'Eglise qui a rencontré des problèmes liés à son orientation sexuelle. C'était (très probablement) un eunuque, et il revendiquait le droit à dépasser toute distinction entre homme et femme : il a été victime en son temps d'une campagne d'opinion acharnée, qu'on qualifierait sans doute, aujourd'hui, d'homophobe ou de transphobe (avec un peu d'anachronisme, évidemment). Je vous tiens au courant, si les exposés m'obligent à intervenir : on entend parfois des choses assez bizarres à son sujet... :shock: :-(
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
ardjopa

A un gars qui parlait d'un homo, en le nommant de "sale p.."
je lui avais répondu quelquechose comme "il y a aussi des "sales hétéros"

Les discriminations sur les "genres" sont injustes en général par nature, comme tous "clichés", trop simplistes;
Comme de faire croire que toutes les femmes sont des "saintes nitouches", chastes et pures (je vous salie ma rue)
ou des victimes des hommres; Comme de faire croire que tous les hommes sont des matchos, bourrins, qui ne pensent qu'avec leur... "libido";
La réalité est bien sûr toute autre : il y a des hommes bourrins, obsédés, et des femmes avides de sexe, vulgaires ou agressives ou qui changent "de futur ex" tous les trois jours , il y a des hommes honnêtes et respectueux ou seuls parfois des années, et des femmes de même; et toutes les nuances possibles;
ted

Flocon a écrit :
ted a écrit :On n'enseigne rien aux élèves. On révèle ce qu'ils savent déjà. A mon avis, il faut insister sur l'aspect affectif de la souffrance ressentie par les homosexuels en général. Ainsi que par ceux éventuellement présents, plutôt que sur l'aspect légal, juridique, qui est une forme de coercition. On n'a pas besoin de lois pour avoir de la compassion envers les autres. Et la compassion, c'est plus durable qu'une loi qui peut être abrogée à n'importe quel moment.
Entièrement d'accord avec ça, et je le préfère de beaucoup à ta première proposition qui reposait sur le pur autoritarisme. Après, concrètement, ce n'est pas toujours facile à mettre en oeuvre dans des situations délicates.
C'est très dur pour moi de répondre à ce genre de questions. Pourquoi ? Parce que j'essaie de déconstruire régulièrement mes ressentis.

A froid :
  • 1) On me dit : homosexuel, je n'ai pas de réaction. C'est neutre. :cool:
    2) On me dit mariage homosexuel : j'ai le conditionnement chrétien qui remonte : AH NON ! :shock:
    3) On me dit : deux hommes s'embrassent : ma réaction : BAAAAHHHH !!! :D
Ensuite, je vais observer et chercher les causes de ces diverses réactions :

1) Neutre. Forcément, j'aime bien tout le monde et j'aime que les gens soient libres.
2) J'ai reçu une éducation qui remonte. J'observe ces pensées qui m'ont été inculquées par un système. Constat final, elles reposent sur une décision arbitraire de la société. Donc, je n'ai pas de raison valable de faire un choix dans un sens ou dans l'autre. Au final, je suis neutre. Donc, je pourrais voter OUI.
3) Je suis dégouté. Normal, je suis hétéro. Si je ne l'étais pas, je serais homo. Je ne vais pas déconstruire ma réaction hétérosexuelle.

Mais ha, ha, c'est là que ça devient passionnant. D'un point de vue bouddhiste, homosexuel, ce n'est pas une identité. Mais hétérosexuel, non plus !
Donc, il est possible de déconstruire ce sentiment de dégout. Allons- y !
On creuse, on descend, on observe. D'où vient ce dégoût ? Pourquoi suis-je hétéro ?
Suis-je né hétéro ? Ou bien le suis-je devenu ?
Les homos sont ils nés homos ?
Ou bien le sont-ils devenus ?

J'embrasse mon fils. Je ne suis pas dégouté.
J'embrasse aussi mon oncle.
Mais les russes s"embrassent bien sur la bouche ?
Il n'y a donc rien de dégoutant en-soi quand deux hommes s'embrassent.
Ce dégoût que je ressens est donc le fruit d'un conditionnement.
Mais alors, l'attirance aussi de ces deux hommes la-bas, l'un envers l'autre, est aussi le fruit d'un conditionnement !

Mais à quel moment s'est fait le conditionnement ?
Est-ce un karma d'être homosexuel ou hétérosexuel ?
Ca devient intéressant.

Je suis bouddhiste, les conditionnements, quels qu'ils soient, d'où qu'ils viennent, je veux pouvoir les voir tels qu'ils sont.
Je ne vais pas m'enfermer dans une identité hétérosexuelle ou homosexuelle, alors que j'essaie de réaliser le non-soi ? :shock:
Donc, j'en conclus que tout ça n'a pas beaucoup d'importance.
Qu'on ferait mieux de lacher toutes ces étiquettes.

Alors, bien sur, elles ne disparaissent pas du jour au lendemain.
Mais on peut commencer à sourire en y pensant.
Les femmes sont très belles, si belles.
Mais je sais que je peux déconstruire ce ressenti.

Je sais que je peux détruire tous les fondements de ma personnalité, d'un regard.
Un regard pénétrant, profond.
Et ce regard, on le possède tous. Et il nous rend libres.
Les luttes mondaines sont sources de chute.
Il faut faire ce qui est juste, mais il ne faut pas reconstruire la cage.

Voila pourquoi j'ai du mal à avoir une opinion définitive.
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