C'était le soir. …je percevais son vol comme un moteur au son aigu et acéré, mais très étouffé. Par moment, ce bruit s'intensifiait et s'amenuisait et je pouvais imaginer dans l'ombre les loopings qu'il faisait, en suivant le fil du son qui s'étirait et qui se rétractait…je savais qu'il sondait les possibilités d'assouvir sa soif et j'attendais de savoir où il allait frapper: peu à peu, je devinais qu'il convoitait mon visage grâce à ses gammes parfaites au dessus de ma tête. Pas envie de lutter ce soir pensais-je…et j'oubliais moustique. Cependant, quand ses minuscules pattes se posèrent sur mon front, je dus résister à l'envie de mettre fin au supplice: supplice ? Pour qui ? Qui était assoiffé de sang, était-ce moi ? Renversant les rôles en pensées, je m'apaisais peu à peu…et c'est là que je sentis l'aiguille doucement entrer en contact avec ma peau, et puis soudain, une sensation aigüe qui m'indiquait exactement ce qui était en train de se passer: moustique avait commencé son repas. Et moi je voulais tenir bon…Alors, je me concentrais sur la scène et étrangement, au lieu de m'apaiser, ce fut tout l'inverse qui arriva: la légère douleur se transforma en pique de seringue et je me vis en flagrant délit d'inflation…puis je sentis la colère contre moi même arriver: tu vas craquer!!!
Alors je pris une grande respiration: je buvais l'air et je l'expulsais, en faisant du bruit pour oublier…et tout à coup, j'éclatais de rire et je me redressais: c'était fini. Le vrombissement s'estompa et la nuit m'attrapa. Après tout, ce n'était vraiment pas grand chose…
Au réveil, un minuscule bouton qui me rappelait moustique…et figurez vous, j'étais presque attendrie.
Je n'ai pas l'habitude de laisser les moustiques me piquer…je précise.
C'était juste une expérience.
Et je serai bien incapable de résister à une cohorte de dix moustiques à la fois…
En tous les cas, il est très facile de monter des toutes petites choses en épingle…
Après, j'ai lu cela:
http://www.dhammadelaforet.org/sommaire ... uleur.html
Ne pas diriger son esprit là où il y a douleur mais plutôt se décrisper et accueillir la détente...ça permet la déflation et c'est tellement plus simple... <<metta>>