Le Dalaï Lama ne voit "pas d’urgence" à décider de son succe

Lupka

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Le chef spirituel des Tibétains, le Dalaï Lama, a déclaré le 23 septembre 2011 qu’il ne voyait "pas d’urgence" à décider de la façon dont son successeur devrait être choisi, tout en soulignant que le dernier mot ne reviendrait pas à la Chine mais à lui seul.
"Il est en mon pouvoir et de mon droit de décider de ma réincarnation", a déclaré le Dalaï Lama, 76 ans [1], lors d’un rassemblement de responsables des quatre principales écoles spirituelles du bouddhisme tibétain à Dharamsala, dans le nord de l’Inde. [2]

Le Dalaï Lama a déclaré le 24 septembre dans un document de 4 200 mots publié à l’issue de ce rassemblement : "Lorsque j’approcherai de mes 90 ans, je consulterai les grands lamas des traditions bouddhiques tibétaines, les Tibétains et les autres adeptes du bouddhisme tibétain et procéderai à une réévaluation de l’institution du Dalaï Lama pour savoir si elle doit ou non être pérennisée. Ma décision sera prise sur cette base".
"En dehors de la réincarnation reconnue à travers ces méthodes légitimes, aucun candidat ne peut prétendre à une reconnaissance ou un agrément, s’il a été choisi pour des finalités politiques par qui que ce soit, y compris par ceux qui se trouvent dans la République populaire de Chine" a-t-il souligné.

Selon la tradition tibétaine, les moines doivent identifier un jeune garçon présentant des signes selon lesquels il est la réincarnation du dernier chef spirituel, mais le Dalaï Lama a évoqué dans le passé une volonté de rompre avec cette tradition en choisissant un successeur avant sa mort ou parmi les Tibétains en exil. Il a aussi dit qu’il pourrait être ouvert à une élection du prochain Dalaï Lama.
De nombreux observateurs prédisent que la Chine désignera son successeur, ce qui aurait pour conséquence d’aboutir à l’existence de deux Dalaï Lamas, l’un reconnu par la Chine et l’autre par les exilés ou choisi avec le consentement de l’actuel chef spirituel. [3]
Ce cas de figure s’est déjà produit en 1995 lorsque la Chine rejeta le choix du Dalaï Lama concernant la réincarnation du Panchen Lama, le deuxième plus haut titre dans le bouddhisme tibétain. [4]

Le Panchen Lama choisi par la Chine, Gyaincain (en tibétain Gyaltsen) Norbu, est aujourd’hui âgé de 21 ans et fait souvent l’éloge de l’administration chinoise au Tibet. Le Panchen Lama choisi par le Dalaï Lama, Gedhun [5] Choekyi Nyima, n’a pas été vu depuis 1995, après avoir été arrêté par la Chine.




[1] Le Dalaï Lama est né le 6 juillet 1935, ce qui fait 76 ans selon notre mode de calcul, mais 77 ans pour les Tibétains ! Voir la biographie du Dalaï Lama.

[2] Les responsables et des représentants des 4 grandes traditions du bouddhisme tibétain et de l’ancienne tradition Bön, en provenance des différentes régions bouddhistes et de la Kalmoulkie (*) participent du 22 au 24 septembre 2011 à une conférence présidée par le Dalaï Lama. L’objet de cette conférence, parmi d’autres sujets liés à la religion, sera de discuter de la réincarnation du Dalaï Lama, un sujet qui a fait la une des journaux ces dernières années, en raison de l’âge du Dalaï Lama et de lois chinoises indiquant que toute réincarnation devra désormais être approuvée par le Parti communiste. (Voir Note 3 ci-dessous)

(*) La Kalmoukie est une République de la Fédération de Russie, située au nord de la Mer Caspienne

[3] Voir l’article "Le gouvernement chinois veut contrôler l’identification des "Bouddhas vivants"", du 06/08/2007.

[4] Voir le dossier Panchen Lama.

[5] Gedhun ou Gendun, selon l’orthographe choisie
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