Hésitations au sujet du bouddhisme

Sylorion

Mugugaypan a écrit :

Je vais prendre un peu de temps pour lire Schopenhauer plutôt que Nietzsche eveil_333
C'est vrai que Nietzsche a beaucoup critiqué le bouddhisme et l'as comparer au christianisme, en qualifiant ces deux mouvement de nihilistes.
Pourtant à la fin de sa vie, dans son livre Ecce Homo, il s'est rétracter vis à vis du bouddhisme.
Petite citation : « Le ressentiment doit pour le malade être essentiellement tabou, c'est sa maladie elle-même : c'est aussi malheureusement son penchant le plus naturel Bouddha l'avait compris, le grand physiologiste. Sa « religion » - qu'on ferait mieux d'appeler hygiène pour ne pas la confondre avec une chose aussi pitoyable que le christianisme - faisait dépendre son efficacité de la défaite du ressentiment : libérer l'âme du ressentiment c'est le premier pas vers la guérison. « Ce n'est pas l'inimitié qui mettra fin à l'inimitié, c'est l'amitié qui mettra fin à l'inimitié »5 : voilà la première leçon du Bouddha ; ce n'est pas le langage de la morale, c'est celui de la physiologie. »

Donc il n'est pas forcément besoin de lire des philosophies pour approfondir sur les enseignements du Bouddha
Mais si c'est par plaisir ou pour la culture général, Nietzsche a quand même dit des choses qui étaient en concordance avec les enseignements .

Voilà voilà
Jean

"Une once de pratique vaut mieux que 10 tonnes de théorie".

Au début j'ai trouvé cette phrase de Sivananda Sarasvati excellente et elle m'a influencé. Maintenant, je la trouve un peu radicale. Car elle peut en rebuter certains. Comme toujours la voie du milieu. Le temps que l'on passe à la pratique devrait être équivalent au temps que l'on passe à étudier.

Si on veut méditer et que l'on ne sait pas encore quelle méditation pratiquer, quelle école suivre, la méditation sur la respiration est une pratique qui est partagée par toutes les écoles. Donc la pratiquer dés le départ n'est pas du temps perdu, débroussaille le terrain et peut permettre de mieux choisir plus tard l'enseignement de l'école dans lequel s'engager, avec lequel on a des affinités.

Il doit être assez facile de trouver des enseignants de cette méthode capables de donner les conseils de base pour bien pratiquer cette méditation.

Dans diverses traditions on parle aussi de l'unité Corps/Esprit, Corps/Parole/Esprit, Corps/Respiration/Esprit, Corps/Énergie/Esprit. Donc le corps est aussi important. Les changements de conscience s'accompagnent de changements physiologiques. Un corps en bonne santé est important. Comme on entretient sa voiture, ou on fait son ménage, c'est positif de s'occuper de son corps. Cela peut aller du jogging au yoga en passant par le Tai chi, le Qi Gong etc.

Des enseignants de ces disciplines sont aussi faciles à trouver.
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michel_paix
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Effectivement Jean, j'aime beaucoup l'exemple du scientifique "quantique" il sait par des constatation qu'il n'y a aucune "solidité" dans l'univers, il le sait !! Pourtant il s'appréhende lui-même et ces instruments comme existant "solidement". Cette exemple simple démontre que le savoir ne se suffit pas a lui-même. Contrairement a celui qui mets en pratique un simple bout de papier "fragmenté" peut faire l'expérience de l'ultime réalité, il connaitra pas les approches scientifique mais il vivera par experience direct leur recherche.
:)
Sourire

yudo a écrit :
Mugugaypan a écrit :(...)En effet, vous avez évoqué la possibilité qu'il y ait un "autre monde", à savoir quelque chose d'autre, quelque chose de mieux, et que ce que nous connaissons quotidiennement ne serait pas la vraie vie (...) J'ai fini par avoir l'impression que cette idée de "monde meilleur" (je grossis le trait) naît toujours au détriment de l'existence vérifiable et tangible, qui est au final dépréciée. (...)
Effectivement, l'idée de monde meilleur se fait toujours au détriment de l'existence véritable et tangible.

Le problème, c'est que la plupart d'entre nous ne vivons pas cette existence véritable et tangible, mais toujours une tentative de faire en sorte que cette dernière ressemble à un fantasme qu'on a en tête.

Le Bouddhisme, c'est d'apprendre à vivre vraiment cette existence véritable et tangible, et de faire avec même lorsqu'elle pourrait être qualifiée de "monceau de m...", parce que, même si elle est cela (je pense à quelqu'un ayant vécu une existence jusque là privilégiée et qui serait de but en blanc plongé dans une situation de catastrophe naturelle, avec guerre et épidémie et que sais-je encore, juste pour donner un exemple. Même dans ce type de situation, celle-ci ne peut être meilleure ou pire: elle est ce qu'elle est, et si on veut faire en sorte qu'elle soit autre chose, il faut commencer par la prendre telle qu'elle est.
L'idéal, c'est sans doute quand on commence par le morceau de m... ;-) Ensuite, on peut recevoir toutes les pommes pourries qui tombent du ciel, ça sera pas une affaire !

Mais en général, le pire vous arrive plus tard... Au détour du coin de la rue de la vie...
Iskander

Je pense qu'il faut se méfier des commentaires de Nietzsche sur le bouddhisme, car à son époque les traductions des textes bouddhiques étaient très mauvaises, et souvent effectuées par des missionnaires chrétiens, ce qui est loin d'être une bonne base pour l'interprétation des textes.

Encore aujourd'hui, le travail de traduction des textes vers des langues occidentales n'est pas terminé, et il y a encore pas mal de points à régler avant d'arriver au niveau de consensus des textes bibliques de langues européennes.

Personnellement, je ne vois pas en quoi le bouddhisme tenterait d'éviter ce monde-ci pour se réfugier dans un "arrière monde". Toute la pratique bouddhiste consiste justement à cerner la réalité du ici maintenant. Pas du futur ou du passé, ou un monde hypothétique post-apocalypse. Par contre, il est vrai qu'il y a des pratiquants renonçants dans le bouddhisme et christianisme. Ce qui ne veut pas dire qu'un renonçant bouddhiste rejette le monde qui l'entoure, il essaie simplement de simplifier son existence pour mieux percevoir la réalité, comme quelqu'un éteindrait la télé ou la radio pour se concentrer sur la lecture d'un passage difficile. Un renonçant chrétien peut avoir les mêmes motivations. Par contre il existe une dérive commune aux deux traditions, qui est de se "mutiler" maintenant dans un espoir de gain futur: lorsque le chrétien s'autoflagelle pour gagner les bonnes grâces de son créateur, et aller au paradis, ou lorsque le bouddhiste cherche à accumuler des mérites pour avoir une meilleure réincarnation. Dans les deux cas il y a je pense une dérive doctrinale.

Quoi qu'il en soit, il me semble clair que pour le christianisme il y a le monde actuel, et le monde futur (post-jugement dernier), et que les deux seront très différents, tandis que dans le bouddhisme il y a le ici-maintenant, et rien d'autre.
Mugugaypan

Sur vos conseils, je commence à voir que le bouddhisme et le christianisme ont en fait peu de points communs, au delà de l'apparente renonciation à l'existence physique. Le bouddhisme me semble être une voie intéressante pour moi, j'y découvre un certain nombre d'intérêts :razz:

Néanmoins, il y a quelque chose de profond qui me dérange : ça n'a sans doute pas de lien avec la pratique de cette philosophie mais certainement davantage avec... moi-même. Comme je vous l'ai dit précédemment, je suis passé par une période où je pratiquais un christianisme littéral très strict, voire carrément dogmatique. Par la suite, en devenant athée, je constate avec un peu de recul que j'ai eu tendance à devenir extrémiste dans la négation de l'existence d'une transcendance.

J'ai peur que le bouddhisme ne soit pour moi qu'un nouveau dogme dans lequel je m'enfermerais et dont je ferais une grille de lecture sévère du monde. Il faut croire que j'ai du mal à me sortir des dogmes : je commence à me dire que certaines personnes sont faites pour être des Savonaroles, quelle que soit leur (non)obédience.

En l'occurence, j'ai le sentiment que cet intérêt nouveau pour le bouddhisme risque de transformer de façon radicale ma vision du monde et mon mode de vie, et pour finir ne devienne une prison pour mon esprit. C'est sans doute la raison pour laquelle je m'étais rapproché de Nietzsche, lequel disait qu'il n'y a pas de Vérité (j'espérais sans doute ainsi échapper au dogmatisme qui me caractérise :???: )

Je ne sais pas si je me suis correctement exprimé, mais c'est à vrai dire un obstacle qui finit par me tarauder. Que pouvez vous me conseiller ? :shock:
Sourire

J'ai un peu de mal à être sûre de ce que je comprends...

Mais je comprends au moins une chose : tu redoutes ton penchant à partir vers les extrêmes.
Déjà, c'est que tu en as pris conscience. C'est un premier pas.

Dans un livre que j'ai lu quand je débutais, il y avait une série de conseils...
L'un d'eux était de remettre tout en question chaque jour. De réexaminer toutes ses certitudes.
Je crois qu'il n'est pas mauvais.

Il ne faut s'accrocher à rien.

Dans les tarots divinatoires, l'arcane majeure du "Pape" est liée à l'idée d'une voie très rectiligne et semblant se diriger tout droit vers le milieu de la carte. Mais en sens renversé, elle veut dire que la route n'était pas vraiment droite, ne mène pas au point central et qu'en l'empruntant, on fait... Fausse route.
Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire avec cette histoire de jeu de cartes, mais l'idée est un peu la même, je crois.
Mugugaypan a écrit :En l'occurence, j'ai le sentiment que cet intérêt nouveau pour le bouddhisme risque de transformer de façon radicale ma vision du monde et mon mode de vie, et pour finir ne devienne une prison pour mon esprit. C'est sans doute la raison pour laquelle je m'étais rapproché de Nietzsche, lequel disait qu'il n'y a pas de Vérité (j'espérais sans doute ainsi échapper au dogmatisme qui me caractérise :???: )
C'est intéressant, c'est histoire de Vérité... A méditer...

Bouddha a dit "Soyez à vous mêmes votre propre lumière"
Iskander

Je comprends parfaitement ta crainte du dogmatisme, mais je pense que le Bouddhisme offre pas mal de outils pour lutter contre ce problème.

Le Bouddhisme est basé sur la notion de vérification experiencielle des enseignements, plutôt que sur la foi aveugle. Ainsi, le Bouddha invite tout un chacun à essayer et voir de lui même si l'enseignement qu'il propose convient, sur base d'une expérience personnelle. On est donc loin du paradigme chrétien ou musulman, pour lesquels la foi est un présupposé, et une condition pour le salut.

Dans le sutta des Kalamas, on demande à Bouddha en qui croire, face à des systèmes de croyances incompatibles les unes avec les autres. Bouddha recommande d'éviter d'utiliser des critères basés sur la tradition, l'authorité ou même la logique, pour prévilegier un critère expérientiel. Vérifiez et adoptez ce qui, à l'expérience marche pour vous, dit-il en substance.

De même, le Bouddha met en garde contre la tendance à trop s'attacher à des vues particulières. En parlant de son propre enseignement, il dit qu'il est comparable à un radeau: utile pour traverser une rivière, mais qu'on doit laisser derrière soi une fois qu'on a atteint l'autre rive.

Bref, l'enseignement du Bouddha est par nature antidogmatique. Ceci étant dit, il y a tout de même quelques remarques à faire:
- même si le Bouddha encourage les gens à ne pas être trop dogmatiques, on rencontrera toujours des Bouddhistes dogmatiques.
- même si pour le Bouddha un enseignement doit être vérifié expérientiellement avant d'être adopté par le pratiquant, la démarche exige tout de même une certaine forme de "confiance provisionnelle". Le pratiquant doit accepter de faire des choses qu'il ne comprend pas toujours, ou dont il ne connaît pas la portée, avant de pouvoir de vraiment être en état de pouvoir vérifier ce qu'il fait de lui même. Néanmoins, cette "confiance provisionnelle" est loin d'être comparable à la foi chrétienne ou musulmane.

J'espère que ça aura un peu défriché les choses pour toi!
Mugugaypan

Merci à tous pour vos réponses : le chemin est pour moi plus que défriché, j'y vois bien plus clair :D

Vos réponses soulèvent pour moi de nouvelles questions auxquelles je vais tenter de trouver des réponses... Merci à tous jap_8

(Reste à trouver un courant du bouddhisme dans lequel je me reconnaîtrai, nouvelle quête !)
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