Hésitations au sujet du bouddhisme

Mugugaypan

Bonjour à toutes et à tous :D

Peut-être que vous vous souvenez de moi, je tournais pas mal sur le forum il y a environ deux ans (autant dire une éternité à l'échelle d'internet). Je me posais à l'époque pas mal de questions quant au bouddhisme pour la bonne raison que j'étais dans une impasse, questionnant sur Dieu, sur la vie après la mort, etc... Le bouddhisme me semblait à l'époque être une bonne alternative au christianisme maladif dans lequel je m'étais enfermé.

Deux ans plus tard, donc, c'est au bout d'un certain cheminement spirituel que je me suis détourné du bouddhisme, lui préférant un athéisme matérialiste mâtiné de philosophie nietzschéenne... Qui, justement, ne me satisfait pas pleinement :???:

Mais je suis partagé au plus haut point quand au sens à donner à ma vie : j'ai, au fil de mes lectures des deux dernières années, acquis une idéologie basée sur le besoin de vivre la vie plutôt que de la refuser. Peut être que j'appréhende mal les concepts, mais ça me semble aller à l'encontre du principe de base du bouddhisme, qui est, si j'ai bien compris, justement de libérer les êtres du Samsara plutôt que de les laisser s'y complaire. Je trouve à cette vision du monde un point commun avec le christianisme tant dénoncé par Nietzsche : bouddhisme et christianisme me semblent tous deux aller à l'encontre de la volonté de vivre, préférant un arrière-monde possiblement meilleur/apaisant.
Il y a donc contradiction de principes :shock: Pour tout dire, c'est depuis que j'ai étudié la philo que ma vision des choses a été chamboulée. J'ai d'un côté une voix raisonnable qui me dit qu'il n'y a pas de vérité, qu'il n'y a pas de vie après la mort, que tout est matériel et qu'il ne saurait exister une Voie Universelle pour tous les êtres ; mais il y a une autre voix, plus faible celle là, qui murmure à mon oreille que le Samsara n'est pas la voie du bonheur.

Aussi, j'aurais aimé que vous m'éclairiez de vos lumières :razz: Le bouddhisme est-il un renoncement à la vie ?
Merci d'avance :D
klesha

Bonsoir Mugugyapan,
nous sommes tous passés par là, à un moment ou un autre.
j'ai, au fil de mes lectures des deux dernières années, acquis une idéologie basée sur le besoin de vivre la vie plutôt que de la refuser. Peut être que j'appréhende mal les concepts, mais ça me semble aller à l'encontre du principe de base du bouddhisme, qui est, si j'ai bien compris, justement de libérer les êtres du Samsara plutôt que de les laisser s'y complaire. J
Le besoin de vivre... ne va pas à l'encontre du "principe de base du bouddhisme". Si ce dernier propose de se libérer du samsara, c'est parce que le samsara n'est pas la vraie "vie", c'est une illusion générée par l'ignorance dans laquelle l'être ordinaire est plongé. Le projet bouddhiste n'a donc rien à voir avec le christianisme.
Pour tout dire, c'est depuis que j'ai étudié la philo que ma vision des choses a été chamboulée. J'ai d'un côté une voix raisonnable qui me dit qu'il n'y a pas de vérité, qu'il n'y a pas de vie après la mort, que tout est matériel et qu'il ne saurait exister une Voie Universelle pour tous les êtres ; mais il y a une autre voix, plus faible celle là, qui murmure à mon oreille que le Samsara n'est pas la voie du bonheur.
Ce n'est pas étonnant : l'une des expressions de notre ignorance est notre intellect. Ce n'est donc pas en l'utilisant uniquement que tu pourras t'en sortir. Sa "grosse voix" te paraît raisonnable parce que ton ego est fort, bien là. Et l'autre voix est petite parce qu'elle est voilée par l'ignorance, par tout ce que tu comptes comme vrai. Mais ce qui devrait te troubler davantage c'est : pourquoi cette autre voix, plus faible, ne disparaît-elle pas ?
Sourire

Le bouddhisme n'est pas un refus de la vie.
Au contraire !
Le samsara est le cycle des souffrances, qui constitue une bonne part de l'existence matérielle. En s'en libérant, on profite (c'est aussi mathématique que 2-1=1) plus de la vie, via ses aspects positifs.
Voilà pour l'étape 1, celle qui consiste à établir la paix en soi.
Ensuite, il y a l'étape 2 = l'interaction avec le monde...
Katly

Ce serait plutôt vivre vraiment sa vie, la vie, de tout son être, d'en avoir une meilleure compréhension et de l'accueillir toute entière.

Cela peut éviter de dire des idioties comme moi, ou de passer à côté par exemple. :roll: Butterfly_tenryu

<<metta>>
Jean

La différence entre soi et un cadavre, c'est la vie. Une des caractéristique d'un cadavre, c'est qu'il ne respire pas. Une expérience est ressentir la vie à l'intérieur de soi. La technique est simple : Juste observer la respiration et ce poser la question : "Où est cette vie à l'intérieur de moi, qu'est-ce qui pousse mon corps à inspirer?".

Cela peut être une méditation parmis tant d'autres.
Mugugaypan

Il y a beaucoup de cohérence dans ce que vous me dites et votre raisonnement est selon moi articulé correctement ; néanmoins, vous avez évoqué un concept qui entre en collision avec une certitude philosophique que j'ai fini par acquérir. En effet, vous avez évoqué la possibilité qu'il y ait un "autre monde", à savoir quelque chose d'autre, quelque chose de mieux, et que ce que nous connaissons quotidiennement ne serait pas la vraie vie : cette idée n'est pas sans me rappeler l'allégorie de la caverne, présentant un "arrière-monde" inintelligible au profane et qui transcenderait l'univers commun. Allez savoir pourquoi, j'ai fini par me méfier de cette idée d'arrière-monde :???: La faute à Nietzsche, à n'en pas douter. J'ai fini par avoir l'impression que cette idée de "monde meilleur" (je grossis le trait) naît toujours au détriment de l'existence vérifiable et tangible, qui est au final dépréciée.

C'est en ce sens là que je rapproche le bouddhisme du christianisme : peut être que je fais une comparaison hâtive, mais le point commun faisant, au fond, de la vie une non-valeur m'a interpellé il y a peu :shock: Ceci étant, je ne suis pas fermé aux idées qui ne sont pas les miennes : peut être que je suis aveuglé et que ce que je prends pour pleine vérité n'est qu'une illusion. Auquel cas, si j'avais tort, ça remettrait en cause une année de réflexion personnelle fortement ancrée. :neutral:

D'un point de vue davantage superficiel, j'ai également une certaine méfiance par rapport à la notion de réincarnation. Je sais que, contrairement à un point de vue occidental trop répandu sur le bouddhisme, la réincarnation n'est pas l'élément central du bouddhisme : en revanche, j'ai eu tendance ces derniers temps à me dire qu'il n'y avait en fait rien après la mort et que les diverses croyances à ce sujet (paradis, réincarnation, etc...) pouvaient n'être que des moyens de nous rassurer face au grand point d'interrogation qui nous attend après notre mort. Ca me freine aussi, pour tout dire :shock:

Merci à ceux et celles qui ont pris la peine de me répondre précédemment, en tous cas eveil_333
Sourire

Mugugaypan a écrit : j'ai eu tendance ces derniers temps à me dire qu'il n'y avait en fait rien après la mort et que les diverses croyances à ce sujet (paradis, réincarnation, etc...) pouvaient n'être que des moyens de nous rassurer face au grand point d'interrogation qui nous attend après notre mort. Ca me freine aussi, pour tout dire :shock:
Qu'il y aie quelque chose ou pas... Si je peux me permettre, un être éveillé (je suppose) s'en tapera le c.. dans une flaque d'eau.

Je m'explique =
En choisissant de tomates au marché, Jacques atteint l'Eveil. Comme ça, "pouf".
En traversant la rue, Jacques se fait renverser par une voiture et il meurt.
- Etant mort en état d'Eveil, il devrait échapper à l'obligation réincarnatoire... Puisque Samsara et tout ça...
- Etant mort en état d'Eveil, il s'en fiche totalement... D'abord parce qu'il est mort, ensuite parce qu'il est un être éveillé et que les être éveillés ne se soucient pas des choses illusoires et que (tuuuuuutt !!!! coupez!)


Bon...
Tout ça pour dire que les explications concernant l'après-mort n'ont rien de prouvé et d'ailleurs, du seul fait que les différentes religions se contredisent, il faut craindre qu'il y aie de graves incertitudes à ce sujet et bien des choses difficiles à prouver.

D'autre part = la "réincarnation" bouddhiste n'est pas intégrale. L'être humain est constitué de 5 agrégats, http://vipassanasangha.free.fr/t28_cinq_agregats.htm selon le bouddhisme, et non d'une âme faite d'un seul bloc. Dans l'Antiquité gréco-latine, certains morts connaissent la réincarnation après avoir bu l'eau du Léthé pour effacer leurs souvenirs. Et là, c'est la même âme, le même DVD, juste reformaté pour un nouvel enregistrement.

Je m'égare...
Bref... L'existence d'une après-mort est un problème secondaire... Ou un "moyen habile"
Certes, on ne saura jamais vraiment ce qui en est avec certitude, on ne peut que disserter sur ce qui est probable...
Mais la théorie des renaissances, qui se relie à celle du karma, influe sur les êtres peu préoccupés de spiritualité mais craintifs de leur devenir.
(quoi ? z'allez jeter des tomates sur l'écran? osez dire que y'a jamais eu aucun gros-méchant-pas-beau pour avoir peur de se réincarner en cancrelat ?)
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yudo
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Mugugaypan a écrit :(...)En effet, vous avez évoqué la possibilité qu'il y ait un "autre monde", à savoir quelque chose d'autre, quelque chose de mieux, et que ce que nous connaissons quotidiennement ne serait pas la vraie vie (...) J'ai fini par avoir l'impression que cette idée de "monde meilleur" (je grossis le trait) naît toujours au détriment de l'existence vérifiable et tangible, qui est au final dépréciée. (...)
Effectivement, l'idée de monde meilleur se fait toujours au détriment de l'existence véritable et tangible.

Le problème, c'est que la plupart d'entre nous ne vivons pas cette existence véritable et tangible, mais toujours une tentative de faire en sorte que cette dernière ressemble à un fantasme qu'on a en tête.

Le Bouddhisme, c'est d'apprendre à vivre vraiment cette existence véritable et tangible, et de faire avec même lorsqu'elle pourrait être qualifiée de "monceau de m...", parce que, même si elle est cela (je pense à quelqu'un ayant vécu une existence jusque là privilégiée et qui serait de but en blanc plongé dans une situation de catastrophe naturelle, avec guerre et épidémie et que sais-je encore, juste pour donner un exemple. Même dans ce type de situation, celle-ci ne peut être meilleure ou pire: elle est ce qu'elle est, et si on veut faire en sorte qu'elle soit autre chose, il faut commencer par la prendre telle qu'elle est.
La responsabilité des élèves est d'empêcher le maître de se "prendre pour un maître".
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michel_paix
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Inscription : 09 novembre 2008, 21:58

Le Bouddhisme ne poura jamais ''t'expliquer, ni enlever, ni changer'' ce que tu vies dans ton coeur, ni aucune philosophie, ni religion, ni le sport, ni la drogue, rien. Le seul qui peut vraiment accepter, comprendre et grandir c'est toi, c'est pourquoi c'est si insatisfaisant, c'est quête de vérité, l'humain aime les au-dela, mais il est incapable de regarder l'évidence, ce qui vie dans sont propre coeur.

Je te compte des histoires de gens que je connais et de moi-même, en espérant que cela t'apportera l'éclairage que tu recherches. J'étais avec des amis, nous discutâmes de vérité :lol: et au bout de l'énervement, j'ai réaliser que j'ignorais ma respiration, que mon état est lamentable, je suis en sueur, je me suis questionner, comment connaitre la ''vérité'' si je suis même pas conscient de mon corps, de mon esprit, de ce qui a dans mon coeur ?? Sa ma vraiment choquer !! C'est là que vipassana ''observation de la réalité qui se produit'' a pris tout sont sens, je cherche pas a travers les textes une vérité, mais une façon de faire, car je savais pas comment. Un autre jour, j'ai réalisé que j'étais un ''trou de cul', un gros égoiste, c'est là que le christianisme prend tout sont sens. Un jour j'ai réaliser que j'était dépressif, les psychologue m'ont aidé, plus jeune j'avais des problème de drogue, il y a les désintoxe qui m'ont donner de l'aide, j'ai perdu mon emploi, mais le gouvernement de mon pays m'a aidé, un jour dans mon village, il n'avait plus d'eau, des gens sont venu en construire un, nous étions heureux de pouvoir boire de l'eau. Un jour j'ai eu un accident et ma jambe c'est cassé, est-ce que je devais aller faire un mantra ?? ou bien aller a l,église pour connaitre la vérité de la souffrance ?? En réalité de pars le monde ceux qui offre de l'aide, n'aborderons jamais un ''absolu'', mais parlerons d'abord de ce que tu as dans le coeur et chercherons a t'aider a te rendre plus heureux. Si tu te questionne c'est qu'il y a quelques choses dans ton coeur qui te tracas, qui te fais chercher une alternative pour devenir heureux, c'est sa que tu doit découvrir et régler, quand cela sera réglé tu sera satisfait et pas avant.

Il faut prendre en considération que tu me fais pensée beaucoup a moi, donc je fais de la projection ici et là dans ce texte en espérant que tu sera en discerner l'important et abandonnera se qui te reviens pas ;)

N'oubli jamais que l'important n'est pas de connaitre le bouddhisme, mais de comprendre ce qui se produit en toi-même. Au plaisir de te relire et je te souhaite bonne quête...

Ajhan chah: le livre le plus important a lire c'est notre propre coeur.

<<metta>>
:)
Mugugaypan

Bonsoir à tous :)
Merci encore une fois pour vos réponses, j'ai pas mal réfléchi à tout ce que vous m'avez dit au cours des deux derniers jours. Mon inscription sur le forum remontant à il y a plus de deux ans, il n'est pas difficile de deviner que mon intérêt pour le bouddhisme ne date pas d'hier. Pour être franc avec vous, je suis encore tout jeune, et lorsque j'avais découvert la philosophie du Bouddha Sakiamuni, j'avais ressenti une étrange impression de paix et de complétude. J'avais le sentiment d'avoir trouvé les réponses à des questions que je me posais depuis un certain temps et que c'était en adéquation avec ce que je ressentais au plus profond de moi. Et au fond, est-ce que ce n'est pas pour ça que cette petite voix en moi ne s'est pas éteinte ? :D

Je vais prendre un peu de temps pour lire Schopenhauer plutôt que Nietzsche eveil_333
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