Fa,
De la même manière qu'il n'y a pas d'extériorité à l'Univers, il n'y a pas d'extériorité à l'action; c'est-à-dire pas de fruit à en attendre à l'issue d'un quelconque déploiement de ses éléments constitutifs.
C'est pour avoir négligé cette évidence que les gens souffrent et non par un crime ontologique dont leurs ancètres se seraient rendus coupables. Leur souffrance n'est pas lié à un caractère caché des choses et évènements mais à leur incapacité à les voir tels qu'ils sont, soit sans caractéristique bienfaisante ou malveillante.
Ici même, dans et sur un site censé être animé par des amis de bien éclairés, ne cessent d'être valorisés les effets de la causalité en confondant sans cesse la nature propre des choses et la façon dont on en prend connaissance.
C'est la raison pour laquelle toute idée de cheminement et d'effort est à proscrire en tant que but et moyen éventuellement à utiliser car cette manière de penser génère sa propre souffrance dans la mesure où elle extrapole un temps linéaire sans fin. Elle crée surtout une division entre l'instant présent de l'action ( karma) et un résultat hypothétique qui devrait se produire mais dont celui qui éventuellement pourrait en recueillir les fruits n'est plus là, ou en tous cas, plus le même.
Bien évidemment les gens souffrent et le bouddhisme est fondamental pour éradiquer la souffrance. Encore est-il souhaitable que les moyens et la méthode retenus n'en rajoutent pas. Nos points de vue divergent parce qu'ils introduisent le temps dans leur équation et reportent (pour vous) la délivrance à l'issue d'un processus alors que je soutiens que chaque instant est lui-même délivrance.
Tu sembles d'ailleurs dire la même chose par ta définition du karma donnée plus haut que je partage totalement. Quant à cette phrase :
Le karma c'est l'action dans l'instant de l'action. Le reste est fantasmé et suppose un "étant" porteur - encore jamais défini -
Elle explicite et reprend la définition première et fondatrice du karma, c'est-à-dire le moment même de l'action. Par rapport à cette action, le reste est constitué d'autres présents et devient fantasmatique puisque relié arbitrairement par les besoins X, Y ou Z d'une personne également fantasmée... L'illusion est sans fin, sauf l'instant présent qui, pas plutôt apparut disparait et comme déjà explicité par les stances du Madhyamaka n'a pas le temps de se constituer.