Je viens de regarder le passage en contexte, pour essayer de l'éclairer, en jetant un coup d’œil au texte chinois. Je crois que la traduction donnée est très éloignée de l'original. Voici, pour information, celle de Anne Cheng (
Histoire de la pensée chinoise, p. 136), qui est sans doute plus précise : je cite un peu plus largement, car il est intéressant de savoir que le texte rapporte (ou prétend rapporter) un entretien entre Confucius et son disciple Yan Hui.
A Hui, qui sollicite l'enseignement du maître sur le jeûne du cœur, Confucius répond :
"Unifie ton intention. Plutôt que d'écouter avec l'oreille, écoute avec le cœur. Plutôt que d'écouter avec le cœur, écoute avec le Qi. L'ouïe s'arrête à l'oreille, le cœur s'arrête à ce qui s'accorde avec lui. Le Qi, c'est le vide qui accueille toute chose. Or seul le Dao accumule le vide. Ce vide, c'est le jeûne du cœur."
Pour le coup, le "jeûne du cœur", on sait ce que c'est, du moins en contexte d'école : c'est une pratique méditative assez complexe fondée sur des visualisations (pas forcément exactement la même que celle attribuée ici à Confucius). Elle est décrite, par exemple, dans le
Livre de la Grande Paix de la façon suivante :
Lorsque l’on a besoin de pureté, fermer les yeux.
C’est l’obscurité : il n’y a pas de lumière à l’intérieur des yeux. Longtemps, rester unifié : alors une lumière se lève. On voit nettement les quatre pôles du monde. On suit la lumière, doucement, longuement ; alors on voit son propre corps et tous les dieux assemblés en lui. Alors, le corps se transforme, et devient le cœur. Constamment, effacer le cœur en mouvement, sans effacer le cœur de lumière. Le cœur immobile, voici le cœur de lumière. C’est le cœur du Tao. Le cœur en mouvement, voici le cœur humain : il est en agitation perpétuelle, en danger, jamais tranquille. Mais dans ce cœur humain se trouve le cœur du Tao ; de même, dans le cœur du Tao, se trouve le cœur humain : aussi ce dernier peut-il s’y reposer.
(traduction d'Isabelle Robinet, légèrement retouchée).
Je ne sais pas si ça clarifie beaucoup les choses car le second texte est aussi difficile sinon plus que le premier, et dans celui-ci, que penser de l'attribution à Confucius? Ma foi...
