Ecoute...

lausm

J'ai retrouvé ce texte d'un moine chrétien qui pratique zazen, qui me semble répondre en partie a ce dont on débat.
Je l'avais posté sur la rubrique zen.


• Il est sûr que sur les quarante jours que j’ai passés au Japon, les heures les plus riches, je les ai vécues chez le père dominicain japonais Shigeto Oshida, dont le prénom chrétien est Vincent. Il était un pont entre la tradition du zen et la tradition chrétienne. Il avait réellement fait la synthèse en lui- même et vivait simultanément, sans rien endommager, les deux traditions. Les journées passées chez lui ont été le sommet de mon voyage, aussi bien du point de vue pratique que de l’enseignement.
• Que vous a-t-il transmis de plus important ?
• Cette simplicité du zen. Nous vivions des journées très simples, en silence : les travaux des champs, beaucoup de temps passé à faire zazen3, la méditation silencieuse. Même les offices chrétiens, la prière du matin, l’eucharistie en fin d’après-midi, étaient pétris de culture japonaise : simplicité, dépouillement, intensité de la Présence. Ce sont des choses qu’on ne peut pas oublier. C’est très difficile à transmettre, mais je pense que dans ma vie, cette semaine passée chez le père Oshida à l’automne 1990 a constitué un tournant.
On lui demandait : « Pourquoi, vous, un prêtre catholique, vous pratiquez zazen ? » Il répondait : « Je mange du riz avec des baguettes, c’est tout. » C’était pour lui une chose naturelle.
• Qu’est-ce qui caractérisait son enseignement ?
Il ne se situait jamais au plan des choses qui pour nous font débat ou constituent des oppositions inconciliables. Il pensait d’ailleurs que bon nombre d’oppositions, et peut-être même l’opposition entre chrétiens et bouddhistes, étaient des abstractions. Elles se situent dans le mental. C’est cela qu’il refusait. D’ailleurs, une des réflexions qui revenaient souvent, lorsqu’il évoquait la conception occidentale des choses, était celle-ci : « Nous sommes dans la prison de la conscience », « Prison of consciousness ». Cela revenait de mille façons ! Nous sommes, disait-il, environnés d’abstractions, de choses qui n’existent pas et qui finissent par nous faire peur, nous empêcher de dormir. C’est le grand obstacle.
On ne peut pas vivre sans abstractions, mais bientôt nous ne vivrons plus que dans les abstractions. Alors il combattait cela avec une pédagogie très zen.
• Qu’est-ce qu’une pédagogie très zen ?
• Le maître déstabilise le disciple pour le faire sortir de la prison de la conscience. On appelle ça « tirer le tapis sous les pieds » ! Jésus lui-même pratiquait cela sans arrêt... Par exemple, aux Pharisiens qui lui posent des questions, il dit : « Attendez un instant, je vais vous poser une question, si vous y répondez, je répondrai à la vôtre ! »
Cela m’est longtemps apparu puéril, mais c’est cette pédagogie qui fait que la personne tombe assise par terre et doit prendre contact avec le réel..., c’est-à-dire le sol sur lequel elle est assise.
[...]
• Cette rencontre avec le Bouddha vous a-t-elle permis de considérer le Christ avec un œil neuf ?
• Oui, tout à fait, mais je dirais latéralement. Au fond, Siddharta Gautama devenu le Bouddha est un homme qui a connu l’expérience de l’Éveil, a compris qu’elle était possible pour tous : « la voie est ouverte pour tout le monde, si vous vous y engagez ». Par contre, avec le Christ, les prophètes, l’Ancien et le Nouveau Testament, nous avons affaire à une révélation située dans le temps et dans l’espace[/b], pour laquelle joue la parole de Paul, au début de l’épître aux Corinthiens. Je vois mieux aujourd’hui l’originalité et la puissance de cette affirmation qui résume toute la Bible, si l’on peut dire : « Ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté du cœur de l’homme, nous vous l’annonçons. » Jamais Bouddha n’a dit ça. Le Christ transmet cela au nom du Père. Alors, si ceci est vrai, ce ne sont pas des traditions qui se situent au même plan et l’on peut dire : « Je suis chrétien et bouddhiste », comme certains sont chrétiens et philosophes.
Ce parallèle avec la philosophie est assez juste. D’une certaine façon, Bouddha en Asie tient la place de Platon en Occident. Il est sûr que la philosophie de Platon a fécondé le christianisme aux premiers siècles de l’Église, et la théologie des Pères de l’Église est née de cette rencontre entre la Révélation biblique et hébraïque et la philosophie grecque. Peut-être quelque chose d’analogue est-il en train de s’amorcer avec le Bouddha. C’est le début. Il ne faut pas oublier que cette rencontre est tout à fait récente : quarante, cinquante ans au maximum pour quelques pionniers, Il va falloir plusieurs siècles pour qu’elle s’accomplisse.
Dhammadanam

tirru... a écrit :
Dhammadanam a écrit :pour moi le bouddhisme c'est suivre les pas du Bouddha, hors ce dernier suivait ses propres pas donc Bouddha était le premier bouddh-iste.
Oui et non. Il a suivi les pas des maitres Alara et Udaka, puis ceux des Samanas puis effectivement il a fait une sorte de synthèse innovante qui toute fois met en lumière l’idéal des Samanas hors caste. Ne dit-on pas d'ailleurs que le Bouddha a redécouvert un ancien chemin caché ? A son époque, les gens connaissaient le terme Bouddha bien avant l'apparition du Bouddha Sakyamuni. Ils savaient également qu'il y avait eu d'autres Éveilles dans le passé. Cette connaissance est bien utile dans le mesure ou elle permet de ne pas diviniser le Bouddha et de ne pas lui attribuer l’exclusivité du Bodh, de l’Éveil.
Je vais essayer d'argumenter ma pensée:

Je suis d'accord avec toi dans la construction de la pensée bouddhiste au travers de son parcours (cf: ses deux maitres) et je te rejoins dans le fait qu'il était le 25/28eme Bouddha. Ainsi le Bouddha n'a pas crée le dhamma mais il l'a "formé" si je puis dire, il lui à donné une forme "sensible": parole/écriture que l'on nomme aujourd'hui le buddhadhamma. On peut lui attribuer la paternité du buddhadhamma ou considéré que le 1er Bouddha en fut son initiateur, mais dans les deux cas ... le Bouddha Sakyamuni n'était il donc pas bouddhiste puisqu'il suivait les pas du/des bouddha(s) précédent(s) ? Loin de moi l'idée de le diviniser.
Avatar de l’utilisateur
tirru...
Messages : 2031
Inscription : 07 juin 2004, 19:30

A Dhammadanam :
... De la même manière, j'ai vu un ancien chemin, une ancienne route, sur laquelle ont voyagé les Sammā Sam Bouddhas des temps antiques. Et quel est cet ancien chemin, cette ancienne route, sur laquelle ont voyagé les Sammā Sam Bouddhas des temps antiques ? C'est simplement cet octuple noble sentier : vues (opinions) correctes, intentions correctes, parole correcte, action correcte, moyens d'existence corrects, effort correct, attention correcte, concentration correcte. Voici l'ancien chemin, l'ancienne route, sur laquelle ont voyagé les Sammā Sam Bouddhas des temps antiques. J'ai suivi ce chemin. En le suivant, j'ai connu directement le vieillissement et la mort, sa cause, sa cessation, et le chemin menant à sa cessation. J'ai connu directement la naissance... le devenir... l'attachement... l'appétence... la sensation... le contact... les six bases sensorielles... nāma-rūpa... viññāṇa... les saṅkhāras, leur cause, leur cessation, et le chemin menant à leur cessation.

Ayant connu cela par connaissance directe, je l'ai révélé aux bhikkhus, aux bhikkhunis, aux disciples séculiers masculins et féminins, de telle manière que cette vie sainte est devenue puissante, riche, étendue, populaire, largement répandue, proclamée chez les devas et les humains.

Nagara Sutta
------------------------------------------------------------------------------ Image Sabba danam dhammadanam jinati - Le don du Dhamma surpasse tout autre don ImageDhammapada
Dhammadanam

Très inspirant. anjalimetta

Sait on si le Bouddha Sakyamuni est le premier à avoir enseigné (tourné la roue du Dhamma) ? Je me pose la question de savoir si tel est le cas si les Bouddha précédent n'ont pas eu la même hésitation après leur éveil respectif et auraient gardé la doctrine en attendant que "l'humanité" soit prête (?)

:oops:
lausm

Peut etre la question est aussi : que faire en tant qu'humain pour s'éveiller et donner un tour de roue dans cette existence?
En tous cas c'est ma question.
Dhammadanam

lausm a écrit :Peut etre la question est aussi : que faire en tant qu'humain pour s'éveiller et donner un tour de roue dans cette existence?
En tous cas c'est ma question.
Suivre le Noble Octuple Sentier

Question / Réponse loveeeee
ted

Dhammadanam a écrit : C'est peut être binaire comme vision mais si je suis bouddhiste, je cherche à me libérer un jour ou l'autre du samsara et si je suis juif,chrétien ou musulman je cherche à mener une vie suffisamment pieuse pour atteindre le paradis.
Il y a des bouddhistes dont la pratique consiste à vouloir atteindre un genre de paradis, obtenir une renaissance dans les terres pures.
Tout le monde ne vise pas directement, immédiatement, le nirvana, l'éveil ultime.
Est-ce que tu as réfléchi à ton but actuel ?
Dans theravada, l'éveil en une vie n'est pas souvent évoqué. C'est réservé aux Arhat.
Dhammadanam

ted a écrit :
Est-ce que tu as réfléchi à ton but actuel ?
Réussir ma vie, être aimé, être beau, gagner de l'argent, puis surtout être intelligent ! Mais pour tout ça il faudrait que je bosse a plein temps ::mr yellow::
Avatar de l’utilisateur
Flocon
Messages : 1701
Inscription : 19 mai 2010, 07:59

Et tu crois que le bouddhisme va t'aider à être beau, intelligent et à gagner de l'argent :shock: :?: (pour le reste, à la limite, je comprends, quoiqu'une autre religion aurait la même utilité...).
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
ted

  • Je m'présente, je m'appelle Henri
    J'voudrais bien réussir ma vie, être aimé
    Etre beau gagner de l'argent
    Puis surtout être intelligent
    Mais pour tout ça, il faudrait que j'bosse à plein temps

    J'suis chanteur, je chante pour mes copains
    J'veux faire des tubes et que ça tourne bien, tourne bien
    J'veux écrire une chanson dans le vent
    Un air gai, chic et entraînant
    Pour faire danser dans les soirées de Monsieur Durand

    Daniel Balavoine - Le chanteur
Flocon, je crois qu'il plaisante... Mais nos plaisanteries sont parfois révélatrices de nos désirs... :)
Répondre