"On ne peut pas vivre l'instant présent sans mémoire"

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axiste
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http://www.cles.com/debats-entretiens/a ... e/page/0/1
(...)Aussi bien à l’échelle individuelle que collective, revenir sur son histoire est un indispensable travail, tout à la fois moral, critique et thérapeutique. Il ne faut pas craindre son histoire. C’est le seul moyen de dissocier un acte du sujet qui l’a commis(...)
(...)En réalité, quand nous vivons une expérience la première fois, nous ne le savons pas, ou quasiment pas. Nous ne l’assumons vraiment qu’ensuite, quand nous la revivons. Cela paraît fou, mais je crois qu’il en est ainsi : dans l’ordre de l’intensité et du vécu mémorisé, revivre vient avant vivre ! C’est ce qui fait que nous ne sommes pas des animaux, mais des humains vivants, inscrits dans un monde naturel mais aussi culturel, dans l’espace et dans le temps(...)
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
lausm

On ne pourrait penser le présent, s'il n'y avait le passé et le futur.
Sinon on vivrait juste, sans se préoccuper de ce qu'est le temps.

Mais on oublie souvent que le présent, n'est pas une entité qui est indépendante du passé et du futur.
en fait, vivre au présent, c'est vivre en relation totale et assumée de façon instantanée avec le passé et le futur.

Le présent contient passé et futur.
Sourire

Que serait l'esprit d'une personne n'ayant conscience ni du passé ni du futur ?
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axiste
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en fait, vivre au présent, c'est vivre en relation totale et assumée de façon instantanée avec le passé et le futur.
Le présent contient passé et futur.
Oui je trouve que c'est bien exprimé, merci Lausm. jap_8

Mais aussi, comme le dit le texte, il faut faire la part des choses...dénouer le réel du fictif....
Toutes nos mémoires personnelles sont fondées sur un mélange de fiction et de réalité, d’expériences objectivement vécues et de questions totalement subjectives. A quel moment la « légende personnelle » ou le « roman familial » deviennent-ils délirants, pathologiques ? Sans doute quand on perd le « critère de vérité » dont parle Paul Ricœur dans « La Mémoire, l’histoire, l’oubli » (Points Seuil, 2003) et qui est un critère de santé. Illustrons-le justement avec l’histoire de Cyrulnik : un demi-siècle plus tard, il enquête sur ce qui lui est arrivé, enfant, et s’aperçoit qu’en maints endroits, sa mémoire a inventé des choses qui n’ont pu exister. Mais il ne s’entête pas. Il admet sa propre affabulation, lui trouve une explication, dénoue le réel du fictif.
Que serait l'esprit d'une personne n'ayant conscience ni du passé ni du futur ?
...
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lausm

C'est la question de la vieille vendeuse de gateaux de riz, dans les célèbres histoires zen, au moine qui veut lui en acheter : "vous voulez mon gateau, mais avec quel esprit allez-vous le manger??? L'esprit du passé, du présent, ou du futur??"


On ne peut penser la mémoire que si on peut penser l'instant.
C'est comme son cartable : on l'emmène à l'école, avec tout son programme, ses leçons à apprendre....mais quand on va jouer, on le pose dans un coin et on se libère de son poids!

Fictif, réel, qui peut dire ce qu'est le rève, ce qu'est la réalité???

Et si ce "je" qui veut nommer le réel n'était lui-même qu'illusion???
et si c'était ce qu'on croit réel qui est une illusion, et ce qu'on croit illusion qui est réel???

Est-ce que parfois des illusions ne nous feraient pas mieux vivre le réel??
Comme des illusions religieuses, spirituelles???
Peut-être c'est mieux de ne pas prouver que Dieux n'existe pas, sinon le monde s'effondrerait??

Comme je lisais Maud Séjournant, disant que les amérindiens sont persuadés que s'ils ne faisaient pas leurs cérémonies, le monde s'arrèterait.
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axiste
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Penser l'instant ?
Alors ce serait un peu ça peut -être :

Il se pense à partir de mouvements
Je tourne mon volant et je réalise après coup, comme s'il y avait deux présents: celui du mouvement et celui où j'enregistre le mouvement
Idem au feu rouge, j'ai déjà démarré avant de le savoir… idem j'ai déjà cligné cent fois les yeux inconsciemment, c'est du même style
Si je veux je peux décomposer tout ça en plusieurs temps,parce que ce sont des mouvements, des évènements que je peux penser en images "images" ou en images de "ressentis"…quand je dis images c'est ce que mon esprit conscient fait, il se représente un vécu après coup, en élaborant des images que je peux décomposer infiniment)
Il y a des mouvements silencieux en arrière plan (c'est conditionné totalement) et puis un retour sur le ressenti de ce mouvement (souvent, c'est là que les mots commentent si on n'est pas vigilant !)
Alors si on se concentre sur le vécu et le ressenti des mouvements, le décalage s'estompe: je deviens mouvement et c'est le mouvement de la vie
Et puis les pensées ou les mots s'apaisent totalement: il n'y a plus de commentaires, seul le mouvement glisse et c'est vivant…les mots peuvent apparaître, mais ils sont justes, adéquates, connectés à l'instant: pas de jugements ou de commentaires insensés, juste une évidence du mouvement
J'ai disparu dans ce mouvement d'ailleurs et c'est léger, très aimant…
Le mouvement est réel, mais pas les commentaires mécaniques (quelquefois j'initie un mot et je stoppe ma phrase net parce que j'ai perçu le mécanisme qui est comme un jet rémanent…)
Et si ce "je" qui veut nommer le réel n'était lui-même qu'illusion???
Certainement, mais une fois qu'on se sent relié, ce point n'est plus si important, il a fait son travail, on est dans l'ouverture…après, il faudrait pas rigidifier le non soi, parce que c'est destructeur
Le fictif c'est peut-être de croire ceci ou cela et de rigidifier…en oubliant l'ouverture et la détente possible
Est-ce que parfois des illusions ne nous feraient pas mieux vivre le réel??
Peut-être, l'illusion est nécessaire à un moment ou à un autre…si on ne reste pas coincé dedans, elles peuvent apaiser momentanément
Comme des illusions religieuses, spirituelles???
Ca peut-être des illusions religieuses, oui, mais à partir du moment ou on rigidifie une croyance en détruisant l'ouverture, c'est pas top (défendre ses croyances personnelles, devenir fanatique…tuer au nom de sa religion)

Il n'y a qu'un mouvement et c'est inqualifiable...
S'y abandonner en souriant c'est aussi apaisant….oui, finalement.

Enfin, bon....ce sont des mots n'est-ce pas ...je m'en cueillir les dernières cerises du jardin (les oiseaux les adorent !)
(Comme je lisais Maud Séjournant, disant que les amérindiens sont persuadés que s'ils ne faisaient pas leurs cérémonies, le monde s'arrèterait.
Pas lu, mais si je le croise maintenant, je prendrai le temps , merci <<metta>>
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michel_paix
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La mémoire ne donne pas acces au présent, l'expression: ici et maintenant est mal compris par 90% du monde. Vivre le présent signifie vivre pleinement de notre soi individuelle, du moins 90% du monde le voir ainsi. La mémoire un regard vieux "comme dirait krisnamurti: un regard de seconde main", le présent toujours neuf et la mémoire ne permettra jamais de vivre pleinement au "présent".

Quand la mémoire défini ce qu'est le présent, le méditant sait que cette vieillerie défini le présent, sans cette qualité d'attention le présent sera toujours ignoré.

<<metta>>
:)
Sourire

axiste a écrit :Enfin, bon....ce sont des mots n'est-ce pas ...je m'en cueillir les dernières cerises du jardin (les oiseaux les adorent !)
Dans "la cuisine gauloise continue", à la page du merle aux cerises, deux options sont proposées =
- se dépêcher de tuer les merles pour les mettre dans la marmite avec les cerises
- laisser aux merles le temps de se gaver de cerises afin qu'ils soint meilleurs... Mais ensuite, on risque de ne plus pouvoir faire la recette.
Pas bouddhiste du tout, mais un rien koan quand même !

Quelle est la meilleure solution ? Faut-il tenir compte de ce qui sera ? De ce qui est ?
ted

axiste a écrit :Il y a des mouvements silencieux en arrière plan (c'est conditionné totalement) et puis un retour sur le ressenti de ce mouvement (souvent, c'est là que les mots commentent si on n'est pas vigilant !)

Alors si on se concentre sur le vécu et le ressenti des mouvements, le décalage s'estompe: je deviens mouvement et c'est le mouvement de la vie
Axiste, tu pourrais peut-être trouver des explications, des réponses, en étudiant les consciences subtiles et très subtiles décrites dans le bouddhisme tibétain... ?

Il y a un risque de s'abandonner à un mouvement qui, même s'il est subtil, reste conditionné comme tu l'as fait remarquer.
Alors qu'il y a sans doute des niveaux de vigilance et de perception à développer à partir de ces consciences subtiles. Plutôt que de subir ces états de conscience.

Tu as raison, à ce niveau, les observations et commentaires ne sont plus de l'ordre des mots. Ne sont plus discursives. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas une progression dans la connaissance.

Même si notre conscience de veille est distancée, nous donnant l'impression d'une harmonie, d'un enchainement naturel, je crois qu'il faut essayer de dépasser le stade de simple abandon aux impulsions subtiles. Même si la clairvoyance, l'intuition et les actes justes font un bond en avant dans ces états de conscience là.

L'heure de la progression silencieuse est venue.

loveeeee

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Katly

Le présent ce n'est pas pour fuir le passé ou le futur, le présent est le passé et le futur. On embrasse les trois.
Il y a des moments pour penser au passé ou au futur tout en étant en contact avec le présent.
La mémoire sert à l'anticipation, ou à l'introspection au besoin. Il y a le tri et l'oubli...
C'est utile pour nager.
Passé, présent, futur, je vois et vis cela comme des voyages.
Je vais toujours dans le même jardin, il y a les même arbres, les mêmes saisons, les mêmes oiseaux semble t-il, mais je n'ai pas le même regard, comme au bord de la mer, ce serait avec mes yeux d'aujourd'hui, de l'instant. Mais déjà le jardin c'était hier, et la mer n'est pas encore venue. Alors à quoi bon, même encore en parler.
Il y a ce qui est là, le soir...
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