Une condition de la liberté ?

lausm

C'est intéressant ce questionnement. Même nécessaire, et trop souvent impensé.
Devenir bouddhiste, ce n'est pas devenir autre chose que ce qu'on est.
En tous cas c'est ainsi que je le sens....on ne peut pas être autre chose que ce qu'on est.
tu parlais du bouddhisme tibétain : mais c'est le pur produit du choc entre un truc venu d'Inde, et les cultures déjà présentes.
Idem partout ailleurs.
Donc nous aussi on ne peut couper à ce truc : l'acculturation du bouddhisme ne peut avoir lieu que si l'on procède à la compréhension de ce qui nous habite déjà.
C'est ça examiner notre karma...si l'on veut transposer une autre vision culturelle en faisant table rase de notre histoire passée, elle resurgira de toute façon...et même elle teintera inconsciemment le bouddhisme qu'on prétend vivre.
C'est d'ailleurs pour cela que je ne prétends pas être bouddhiste...ça renforce l'identification. Je préfère dire que je pratique simplement la méditation, et basta.

Tu as abordé des points intéressants : la contention physique.
Je connais les autistes : j'ai bossé avec.
Le packing, consistant en contenir quelqu'un dans des linges mouillés, était une technique de psychiatrie pour gèrer certains cas.
Si tu pratiques le zen, tu as pu constater qu'en fait, toutes les formes ont un peu cette fonction : on parle d'esprit illimité, de vide, mais pour prévenir la grande dilution dans un truc psychotique, dans une expérience de dissocation, on a plein de choses qui sont là pour avoir une fonction contenante : les règles de comportement, simplement déjà la posture, repère corporel basique, aussi le retour à plein de choses du quotidien présentées comme pratique : c'est de l'ancrage.
MAis une des ombres du zen, c'est qu'effectiviement ça peut entretenir un repli relationnel qui peut avoir des apparences autistiques : on se satisfait de son silence, on évite les relations à autrui, voire on les vit comme un dérangement à sa tranquillité intérieure. Est-ce ça la réalisation? Pas sûr complètement. Faut veiller à ce que la pratique ne devienne pas un nouvel enfermement.

Et poser cette question me paraît pertinent, car je pense qu'en plus, dans les groupes de pratique lambda, on évite d'y penser, on contourne le problème.
La question de fond étant : qu'est-ce qu'une pratique adaptée à notre monde moderne?

n'oublions pas que Dogen était le fruit d'une culture, monastique au possible : ça teinte le zen d'un certain karma. POur ma part, s'il y a des qualités, je pense qu'il y a aussi plein de choses qui ne sont pas pertinentes avec notre mode de vie moderne...et puis on oublie qu'on idéalise souvent : la plupart des moines japonais vivent comme des laïcs.

Un livre pourrait te parler : "le toucher en psychothérapie", de Pascal Prayez : un kiné qui est devenu psychanalyste, et a travaillé sur le toucher, en abordant la dimension de transfert...lui parle de l'érogénèse contenante : à savoir un toucher qui permet de nous contenir (les autistes sont comme des personnes sans limites contenantes, en fait leurs sensations corporelles sont productrices d'angoissantes perceptions qui les agressent-et le rapport avec une technique méditative, est que nous nous trouvons au même titre face à ces sensations, qui peuvent nous angoisser).....il s'agit d'un contact physique non fusionnel, qui permet de développer par soi-même sa capacité d'être contenant, et donc, quand on se libère de la fusion, de contenir ses affects par soi-même.
Ce bouquin est malheureusement difficile à trouver (je l'avais acheté dans une librairie suisse).
ted

jules a écrit :En gros ce que je voulais dire, c'est qu'une structure solide peut permettre l'investigation, c'est à dire sortir de la structure pour, ayant un regard neuf, la régénérer, la nourrir.
Ah d'accord... Dis comme ça, on peut voir les 3 joyaux comme une béquille, une coquille, une protection. Un refuge oui.
En attendant de pouvoir s'appuyer sur le vide.
Le rituel rassure. Le vide terrifie.
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jules
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ted a écrit :
jules a écrit :En gros ce que je voulais dire, c'est qu'une structure solide peut permettre l'investigation, c'est à dire sortir de la structure pour, ayant un regard neuf, la régénérer, la nourrir.
Ah d'accord... Dis comme ça, on peut voir les 3 joyaux comme une béquille, une coquille, une protection. Un refuge oui.
En attendant de pouvoir s'appuyer sur le vide.
Le rituel rassure. Le vide terrifie.
Une Photo du vide ?

Image

Et un petit paradoxe, puisque dans le bouddhisme on dit :

Le vide est la forme
La forme est le vide.

Si c'est la béquille qui parle,
Elle parle du sans béquille terrifiant.
Et rassure en disant que la béquille est le sans béquille.
Ainsi dans le vide lui-même, il y aurait moyen
De se sentir rassuré, de contrôler en mettant
en forme le Chaos qui ne serait autre que l'organisation
par sa désignation.

:?:

PS : Merci Lausm, intéressantes tes remarques.
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