Il me semble que tant que la relation maître/disciple est une donnée de fait, par exemple dans un temple où cela est clairement établi, il peut arriver que le disciple ne respecte pas le maître, qu'il se comporte de manière grossière etc. Si pourtant cette relation de fait n'est pas interrompue par le disciple, le maître pourra toujours l'aider sur ce point. Si le disciple est d'emblée capable d'être dans la relation que tu dis, à savoir qu'il comprend respectueusement qu'il doit apprendre, alors il possède dors et déjà à mon avis l'esprit d'éveil qui est justement ce qui est le plus difficile à acquérir tant le plus souvent nous sommes disposés à croire que nous savons déjà tout. Le maître a donc son rôle à jouer précisément et en grande partie pour aider le disciple sur ce point fondamental, à savoir cet esprit particulier qui ouvre toutes les portes, lesquelles n'auront plus qu'à être franchies par le disciple lui-même.
Autrement dit, je pense que ce n'est pas tant l'apprentissage formel de connaissances qui soit essentiel dans l'enseignement d'un maître bien que cet apprentissage soit sans aucun doute d'une grande nécessité; cet apprentissage formel au final n'est d'ailleurs bien entendu pas dissociable de que je veux mettre ici en valeur, à savoir l'apprentissage de la faculté même d'ouverture à la connaissance qui est l'ouverture d'esprit et la souplesse qu'implique l'esprit d'éveil. Donc ce dont tu parles est bien certainement juste mais représente presque déjà un idéal de sagesse de la part du disciple, le même idéal que le maître doit pratiquer au travers de l'humilité de l'apprenti qu'il ne doit pas oublier être lui-même. C'est S.Suzuky qui appelait cela je crois "l'esprit du débutant". C'est sans doute donc de ta part un appel à ce que cette sagesse soit réalisée.
