Thomas Bernhard

binah

Effectivement, c'est histoire de goûts... J'avoue que ces visions défaitistes m'exaspèrent, pas que pour l'auteur, d'autres s'en chargent dans la vie. jap_8
Robi

Flocon a écrit :Ah, mais il n'y a aucun problème. :shock: :razz:
J'aime l’œuvre de Thomas Bernhard, c'est tout. Le reste est affaire de goût, ou d'envie personnelle, et je comprends très bien vos points de vue. loveeeee
Aimer son œuvre peut relever du goût littéraire. Mais est-ce que tu es d'accord avec le fond, avec ce qu'il pense de la vie?
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Flocon
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Non.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
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yudo
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De fait, et j'espère que le commentaire que j'ai fait sur les optimistes à qui on ne peut jamais faire une bonne surprise a été pris pour ce qu'il est : une plaisanterie.
Je ne suis pas un pessimiste, et je n'aime pas non plus le pessimisme, mais je trouve que l'optimisme peut être lui-même aussi décourageant qu'irritant. Car je crois vraiment et très sincèrement dans la nécessité d'être honnête avec soi-même, ce qui implique de faire, au jour le jour, ce qu'il y a à faire, sans se préoccuper des résultats. Parfois, dans les moments de grande détresse (que j'ai malheureusement connus), cette simple attitude peut se révéler inestimable. On ne baisse alors pas les bras. Mais on ne s'épuise pas non plus à attendre que les choses changent pour le mieux, tout en ne faisant rien à cet effet.

Et, pour reprendre ce que je disais à mon propos, dans le fil de cette discussion, j'espère bien que mes parents ne l'ont pas vu! Je leur ai donné suffisamment de raisons de s'inquiéter à mon sujet, de leur vivant: qu'aurait-ce été pour eux si, au lieu de voir ce qu'ils avaient dans les bras à l'instant présent, ils avaient dû voir le résultat final.

Donc, la réflexion de Bernhard peut se comprendre et, avec un minimum de sens de l'ironie, se prendre pour ce qu'elle est, une vision (un peu trop) désabusée des choses. Mais la généraliser serait vraiment contre-productif.
La responsabilité des élèves est d'empêcher le maître de se "prendre pour un maître".
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jules
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Parfois, cela fait du bien de hurler dans son oreiller "quel monde de m...!!!", c'est très salutaire.
Cela dépasse le fait d'être d'accord ou pas avec le fait que le monde soit ou ne soit pas m...dique.
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Flocon
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En ce qui me concerne, vos plaisanteries étaient passées 5 sur 5. :)

J'ajoute une chose : un trait essentiel du talent de Bernhard est justement son humour, noir et corrosif certes, dévastateur, mais d'autant plus salutaire. Si on le lit en le prenant au pied de la lettre, sans percevoir cet aspect, on risque de se fabriquer des ulcères. C'est, de fait, arrivé à pas mal de gens, au point de lui valoir des ennuis... :lol:
OK, ce dernier smiley n'est (peut-être :?: ) pas très bouddhiste, mais on est dans le Salon de Thé, quoi :mrgreen: :arrow:.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
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Kong Tseu
Zopa

yudo a écrit :De fait, et j'espère que le commentaire que j'ai fait sur les optimistes à qui on ne peut jamais faire une bonne surprise a été pris pour ce qu'il est : une plaisanterie.
Moi aussi Yudo, j'ai reçu cette plaisanterie 5/5. Et je trouve très agréable de vous lire.
ted

jules a écrit :''J'ai dit ça parce que c'est une erreur lorsque les gens croient donner naissance à des enfants. C'est un subterfuge vraiment grossier. Car ils donnent naissance à des adultes, pas à des enfants. Ils mettent au monde un aubergiste ou un tueur en série transpirant, bedonnant, répugnant, pas des enfants. Les gens disent qu'ils attendent l'arrivée d'un petit marmot, mais en réalité ils attendent le vieillard de quatre-vingt ans qui fuit de partout, qui n'y voit plus rien et qui pue, qui traine la jambe, paralysé par la goutte, voilà ce qu'ils mettent au monde. Mais ils ne le voient pas, à seule fin que la nature puisse continuer à avoir le dernier mot et que cette saloperie puisse se prolonger sans fin.''
- Thomas Bernhard
Que dire au sujet d'une telle affirmation ? :oops:
C'est une construction intellectuelle.
En tant que moyen habile pour briser un attachement maladif au samsara, elle peut être utile. Un peu comme les méditations face aux charniers, pratiquées dans le theravada.

Si en revanche c'est une vision du monde, vision qui se voudrait de plus déterministe, elle est totalement maladive. Comme tous les extrêmes.
Quelqu'un a dit que ça pouvait faire du bien de penser ça... Baaaahhh... On se console comme un peu... :)

Ce qui m'étonne, ce sont les personnes qui disent aimer, (apprécier ?) ce style, tout en reconnaissant qu'elles ne partagent pas le point de vue de l'auteur. Qu'apprécient-elles en fait ? :mrgreen: Son aptitude au cynisme ? Son mépris larvé pour les vieillards, les bedonnants et les transpirants ? Son dégoût pour les "marmots" ? :D

Tant d'auteurs ont écrit des horreurs et tant de gens ont crié au génie, qu'on comprend vite que la véritable "saloperie" est loin d'être éradiquée par la seule abstinence sexuelle. :)
ted

jules a écrit :C'est marrant ce que tu dis Yudo, il m'arrive peut-être de manière semblable de penser que rien de bon ne peut sortir de ce sac de chaire pensant et de me trouver acculé à me taire. Malheureusement quand cela arrive, comme je suis heureux d'être arrivé à un silence bienfaisant, voilà ti que je sens le besoin de mettre en valeur la sagesse de ce silence, et une fois m'être aperçu de mes vains bavardage pour ce faire, je me vois obligé de m'en retourner à ma première pensée.
En ce moment, j'ai un ami qui est en grande souffrance psychique, pourtant je ne l'ai jamais trouvé aussi profond dans sa parole.
Je ne sais pas quoi penser de cela.
Et puis il y'a cette dame de la maison de retraite, une fois je lui ai dit que ça n'allait pas, et elle a été soulagée de pouvoir partager avec moi sa souffrance alors qu'à chaque fois que je lui disais que tout allait bien, aucun dialogue ne pouvait s'instaurer.
J'ai l'impression d'avoir passé beaucoup de temps à me rassurer en plantant le décors de mes réussites, cet espèce de masque de Bouddha qui sait tout, qui a réponse à tout etc...Et je crois que ce n'est pas fini, et que ce masque est comme une espèce d'immortelle image de soi projetée dans un paradis, dans un idéal. J'ai l'impression de passer mon temps à la porter cette image, l'image cruelle du Bouddha sur son trône, intouchable.
C'est une projection judéo-chrétienne sur le bouddhisme : celle de La Vérité qui sauve.
"image cruelle du Bouddha sur son trône, intouchable" = image cruelle du Christ sur sa croix, inégalable.

C'est un piège dans lequel je suis tombé aussi, celui de penser qu'il y a un but au chemin. Et ce but serait une sorte de sagesse tranquille, apportant le Calme, la Paix et la Joie. Devenir un Arhat.

Or, la forme est vide. Le vide est forme.
Donc, silencieux dans ton samadhi ou bavard avec tes amis, seul, l'esprit d'éveil compte. Or, l'esprit d'éveil est une étincelle entre deux électrodes sans existence propre. S'il y a des êtres, c'est qu'il y a toi. Où commencent les autres et où t'arrêtes-tu ? C'est indécidable. Donc, on le vit ou on perd la raison à vouloir trouver une réponse.

C'est très dur pour les intellos qui ne veulent pas lacher l'intellect. Ce besoin de se situer. Puis de partager une connaissance. :oops:
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jules
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Quant à ces représentations idylliques du Bouddha, je pense à ces statues et icônes de cet être sur son trône de diamant, regard parfaitement serein etc.
J'avais lu ici que le Bouddha n'avait pas souhaité spécialement qu'on le représente par des statues, je ne sais pas si c'est vrai. Ce qu'il me semble quoi qu'il en soit, c'est que ces représentations peuvent participer à cette forme de fantasme collectif qui voudrait que l'homme puisse devenir une sorte de Dieu, ce qui ne me semble pas avoir été la volonté du Bouddha.
En revanche c'est vrai que cela peut faire parfois du bien de regarder ces icônes.
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