Thomas Bernhard

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jules
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''J'ai dit ça parce que c'est une erreur lorsque les gens croient donner naissance à des enfants. C'est un subterfuge vraiment grossier. Car ils donnent naissance à des adultes, pas à des enfants. Ils mettent au monde un aubergiste ou un tueur en série transpirant, bedonnant, répugnant, pas des enfants. Les gens disent qu'ils attendent l'arrivée d'un petit marmot, mais en réalité ils attendent le vieillard de quatre-vingt ans qui fuit de partout, qui n'y voit plus rien et qui pue, qui traine la jambe, paralysé par la goutte, voilà ce qu'ils mettent au monde. Mais ils ne le voient pas, à seule fin que la nature puisse continuer à avoir le dernier mot et que cette saloperie puisse se prolonger sans fin.''
Dernière modification par jules le 26 avril 2014, 13:32, modifié 1 fois.
Zopa

jules a écrit :''J'ai dit ça parce que c'est une erreur lorsque les gens croient donner naissance à des enfants. C'est un subterfuge vraiment grossier. Car ils donnent naissance à des adultes, pas à des enfants. Ils mettent au monde un aubergiste ou un tueur en série transpirant, bedonnant, répugnant, pas des enfants. Les gens disent qu'ils attendent l'arrivée d'un petit marmot, mais en réalité ils attendent le vieillard de quatre-vingt ans qui fuit de partout, qui n'y voit plus rien et qui pue, qui traine la jambe, paralysé par la goutte, voilà ce qu'ils mettent au monde. Mais ils ne le voient pas, à seule fin que la nature puisse continuer à avoir le dernier mot et que cette saloperie puisse se prolonger sans fin.''
Je ne suis pas sûr d'avoir compris le sens de cette citation, mais cette vision de la vie me semble pencher vers une approche trop pessimiste de l'existence. Tous les enfants ne deviennent pas des tueurs en série bedonnants. Les médecins, professeurs, philosophes, humanistes, bouddhistes... ayant bien été d'abord des enfants qui auront fait d'autres choix.

Le marmot qui gazouille deviendra un vieillard. Ainsi va la nature ! Mais avant il pourra profiter de l'adolescence, se réaliser à l'âge adulte, et se ressourcer en redécouvrant le monde pendant la retraite.

De quelle saloperie parle-t-il ? De la vie ? Oui, la vie se révèle souvent difficile et l'omniprésence de la souffrance est le spectacle du monde.

Ne serait- elle pas aussi un bref - mais beau voyage - au cours duquel la conscience de chaque être humain peut prendre conscience de l'Univers et découvrir les joies d'aimer un peu, beaucoup, et peut être passionnément ? Et cela, ça ne serait déjà pas si mal, vous ne trouvez-pas ? flower_333
Dernière modification par Zopa le 26 avril 2014, 19:11, modifié 3 fois.
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jules
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Zopa : Je ne sais pas si j'ai bien compris cette citation, mais qu'elle me semble quand même pessimiste!
C'est la musique de Thomas Bernard, une musique qui n'est pas faite pour les cadavres.
Comme ta musique.
Comme la mienne.
Comme celle des oiseaux et des grenouilles.
Des marteaux piqueurs et des auto-routes.

Butterfly_tenryu
lausm

Je partage ce point de vue : c'est pas une vision très positive de l'homme.
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yudo
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En même temps, quoique caricaturale, elle est très réaliste; Mes parents ont donné naissance à un type chauve, édenté, qui a des problèmes de prostate, d'articulations, qui se prend pour un maître zen et pour un maître archetier, qui parle trop, qui tend à donner des conférences dès qu'il ouvre le bec, qui fait caguer tout le monde parce qu'il a (presque) toujours réponse à tout, et qui finira certainement très mal.

Mais, eux, tout ce qu'ils ont vu à l'époque, c'est un joli bébé de 3kg500, qui souriait beaucoup et qui était assez ingénieux pour débloquer tout seul le mécanisme de son lit à barreaux.
La responsabilité des élèves est d'empêcher le maître de se "prendre pour un maître".
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Flocon
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J'aime beaucoup Thomas Bernard, c'est un de mes écrivains préférés.
Et Yudo a raison : la force du discours de tous les misanthropes, artistes ou non, est de reposer sur des constatations désagréables, mais dont il est difficile de nier la réalité.

Un peu (toutes proportions gardées) comme le cycle "naissance-maladie-vieillesse-mort" du samsara. :D
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
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jules
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C'est marrant ce que tu dis Yudo, il m'arrive peut-être de manière semblable de penser que rien de bon ne peut sortir de ce sac de chaire pensant et de me trouver acculé à me taire. Malheureusement quand cela arrive, comme je suis heureux d'être arrivé à un silence bienfaisant, voilà ti que je sens le besoin de mettre en valeur la sagesse de ce silence, et une fois m'être aperçu de mes vains bavardage pour ce faire, je me vois obligé de m'en retourner à ma première pensée.
En ce moment, j'ai un ami qui est en grande souffrance psychique, pourtant je ne l'ai jamais trouvé aussi profond dans sa parole.
Je ne sais pas quoi penser de cela.
Et puis il y'a cette dame de la maison de retraite, une fois je lui ai dit que ça n'allait pas, et elle a été soulagée de pouvoir partager avec moi sa souffrance alors qu'à chaque fois que je lui disais que tout allait bien, aucun dialogue ne pouvait s'instaurer.
J'ai l'impression d'avoir passé beaucoup de temps à me rassurer en plantant le décors de mes réussites, cet espèce de masque de Bouddha qui sait tout, qui a réponse à tout etc...Et je crois que ce n'est pas fini, et que ce masque est comme une espèce d'immortelle image de soi projetée dans un paradis, dans un idéal. J'ai l'impression de passer mon temps à la porter cette image, l'image cruelle du Bouddha sur son trône, intouchable.
Sinon, ce texte a effectivement quelque chose d'imparable.
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Flocon
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jules a écrit :J'ai l'impression d'avoir passé beaucoup de temps à me rassurer en plantant le décors de mes réussites
Oui, c'est pareil pour moi. Je crois que c'est une étape obligée dans la vie, mais après, on finit par tourner la page et passer à autre chose. :)
Le Chan/Zen est très bon pour cela, puisque l'image cruelle du Bouddha sur son trône, on la fabrique, puis on la brise systématiquement dans cette voie ; non?
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
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jules
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Zopa

Flocon a écrit : : la force du discours de tous les misanthropes, artistes ou non, est de reposer sur des constatations désagréables, mais dont il est difficile de nier . :D
On ne peut nier en effet certaines réalités. D'un certain point de vue, il semble y avoir une plus grande lucidité du côté des pessimistes car ils perçoivent avec acuité le mauvais côté des choses, dans une sorte de confrontation lucide à l'instatisfaction, à la souffrance ou à la cruauté du monde. Ils ne vont pas occulter le mal-être, actuel ou prévisible. Mais ne risque-t-ils pas en même temps d'amplifier l'insatisfaction, ou pire de sombrer dans l'extrême de considérations désespérantes ?

En revanche, Il ne s'agit pas de devenir d'une naïveté candide. Simplement de rester dans la voie du milieu.
Là où une vision trop pessimiste pose problème, c'est lorsqu'elle nous prive d'une attitude d'esprit positive qui pourra avoir un impact important sur notre énergie vitale, notre goût de vivre, notre relation aux autres, mais aussi notre santé et notre longévité, notre manière de penser, de ressentir, de communiquer, de décider, de vivre.
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