Merci
chercheur, il est parfois difficile de comprendre toute la portée d'un enseignement lorsqu'on ne sait pas à qui il s'adresse et dans quel contexte il a été donné.
De plus, comme nous l'avons déjà évoqué les mots sont imparfaits et ont de multiples facettes qui peuvent facilement nous fourvoyer...
Il y a mon sens plusieurs notions subtiles imbriquées dans les enseignements des deux maîtres.
Selon ma compréhension, le vénérable
Ajahn Sumedho fait référence à l'attachement qui conforte l'ego.
Le fait de vouloir satisfaire une curiosité intellectuelle et/ou de s’attacher outre mesure à l’enseignement du Bouddha en oubliant qu'il s'agit seulement d'un ''radeau'' servant à rejoindre l'autre rive.
On peut comprendre que pour des êtres nobles (Ariya Puggala), il est plus aisé de se détacher des notions de '' Bouddhisme '' ou '' d'enseignements '' car ils vivent pleinement les préceptes et commencent à percevoir le Dhamma en toute chose.
Dhamma vient du mot Pali Dharati qui signifie quelque chose qui se tient de lui même et qu'on peut expérimenter avec le cœur.
Les sages ayant atteints les plus hautes réalisations sont donc capables d'expérimenter le Dhamma par eux mêmes et redécouvrent cette vérité ultime à chaque instant sans nécessité de se référer aux enseignements du Bouddha.
En revanche pour de ''simples'' auditeurs (Sāvaka) moins avancés sur la voie (comme nous ?), il faut relativiser cette notion de détachement vis à vis des enseignements.
Le Bouddha nous a par exemple mis en garde contre notre tendance à l’idolâtrie, notre attachement aux rites et aux cérémonies…
Le Sāvaka doit donc faire preuve d'un discernement intellectuel, utile pour démêler ce qui est essentiel à sa progression de ce qui est superflu (entre autre la curiosité intellectuelle).
Dans l'extrait présenté le Vénérable
Ajahn Chah nous parle lui d'un frein à la progression
dans la méditation pour les pratiquants qui <<restent coincés au niveau de l’information>> en précisant des livres <<qu’ils ne seront pas capables de décrire les choses telles que vous en faites réellement l’expérience>>.
Dans ma tentative de clarification <<se détacher des concepts (Paññatti) >> ne faisait pas référence à un attachement égotique mais plutôt à l'ignorance fondamentale.
Notre esprit fonctionne en faisant des raccourcis, en sautant d'un concept à l’autre.
Cette tendance naturelle est renforcée par notre éducation et la théorie que nous avons assimilée.
Sati surimpose en permanence un peu de notre mémoire à l'expérience que nous faisons ce qui engendre une perception erronée de la réalité.
Qu'est ce que l'ignorance sinon ne pas voir les choses telles qu'elles sont réellement ?
Qu'est ce que la théorie sinon un concept imparfait qui tente d'embrasser la réalité ultime (Paramattha) ?
Pendant que notre esprit saute d'un concept à l'autre il s'éloigne de Paramattha et donc de l’éveil.
C'est pourquoi le Vénérable Ajahn Chah nous invite à contempler strictement l'esprit sans emporter les livres à l’intérieur afin d'en faire une expérience directe .
C'est pourquoi le Bouddha nous invite dans le
Mahasatipatthana Sutta à cultiver la continuité de l'attention et à nous débarrasser de nos concepts en faisant une analogie entre le corps et un sac de grain.
Il est important de comprendre la différence entre Paññatti et Paramattha
(voir enseignement du Vénérable U Kundala)
La différence entre notre perception conceptuelle erronée qui cristallise le monde et la vison éveillée ultime qu'il nous faut atteindre à tous les niveaux...
Comme s'il y avait un sac rempli de graines, telles que riz, riz brut, pois chiches, haricots, sésame, riz perlé, un homme avec de bons yeux examinerait "ceci est du riz, ceci du riz brut, ceci des pois chiches, ceci des haricots, ceci du sésame, ceci du riz perlé", de même un moine observe ce corps de la plante des pieds au sommet de la tête : "Il y a dans ce corps : cheveux, poils, ongles, dents, peau, chair, tendons, os moelle, reins, cœur, foie, plèvre, rate, poumons, intestins, mésentère, estomac, excréments, bile, phlegme, pus, sang, sueur, graisse, larmes, suint, salive, mucus, synovie,
Extrait du mahasatipatthana sutta