Bouddhisme et pornographie

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Circé
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ted a écrit :
14 décembre 2017, 14:31
Le désir d'ordre sexuel n'est pas mauvais en soi. Le Bouddha dit simplement que c'est l'une des plus grandes sources d'attachement au samsara.
C'est juste, c'est un risque. pas uniquement à propos du porno mais du sexe en généraL
Le porno n'est qu'un aspect de la sexualité, comme beaucoup d'autres choses- je n'entrerai pas dans les détails.Pour moi,regarder un film, ça s'inscrit dans une pratique, comme d'autres choses- je n'entrerai pas non plus dans les détails. Et il y a du porno soft, ce que j'appelle libertinage. Bien sûr il faut protéger nos enfants. Bien sûr il ne faut pas que ça devienne une obsession,mais franchement je trouve votre vision du sexe tristounette et ennuyeuse. Je parle dans le cadre d'une vie de couple " normale", si tu es marié depuis 40 ans ( comme moi) tu ne va pas en rester à baiser le samedi dans la position du missionnaire, si?
ted

tirru... a écrit :
14 décembre 2017, 15:11
Les bouddhistes laics doivent simplement s'entrainer a ne pas avoir de méconduite sexuelle en respectant le 3 eme précepte
« Kamesu micchacara veramani sikkhapadam samadiyami », cela signifie également de ne pas se laisser aller au plaisirs sensuels pour les raisons evidentes d'attachement et donc de dukkha !

Durant les jours de pleine lune, Uposataha, les bouddhistes laics prennent les 8 préceptes, le 3 eme précepte devient « abrahmacariyā veramaṇi sikkhāpadaṃ samādhiyāmi. » « Je m’abstiendrai de toute pratique sexuelle. » C’est-à-dire : « Pas de copulation, pas de masturbation. J’éviterai même les caresses amoureuses. »
Baaaahhh... Comment pourrait-on combattre l'attachement sexuel en s'abstenant de pratiques sexuelles seulement 3 ou 4 jours par mois ? :shock: :cool:

J'en conclus que ces jours d'abstinence ne sont pas destinés à combattre l'attachement, mais plutôt à intensifier certaines pratiques où l'abstinence est indispensable. Un peu comme un médecin qui vous demande de vous présenter à jeun pour faire des analyses. Le médecin ne porte pas un jugement sur votre régime alimentaire. Simplement, les analyses ou l'opération chirurgicale seront compromises si vous n'êtes pas à jeun.

De même, la maîtrise de l'esprit, le développement du calme stable, la stabilité dans les jhanas de la forme et du sans forme, l'extinction des purulences, nécessitent que toutes les énergies soient rassemblées en un point précis. On ne peut se permettre de les gaspiller pour se donner des orgasmes à soi-même ou aux autres. :oops:
ted

Circé a écrit :
14 décembre 2017, 15:34

Le porno n'est qu'un aspect de la sexualité, comme beaucoup d'autres choses- je n'entrerai pas dans les détails (....)
Je parle dans le cadre d'une vie de couple " normale", si tu es marié depuis 40 ans ( comme moi) tu ne va pas en rester à baiser le samedi dans la position du missionnaire, si?

A mon avis, c'est pas une question de morale ou de porno qui serait fun ou pas fun, ni de sexualité équilibrée.. C'est simplement que pour nous libérer en tant qu'êtres humains, nous n'avons que peu de temps. :-( Nous devons trouver la clé, la mettre dans la serrure, ouvrir la porte et nous enfuir !

Si au lieu de faire ça, homme ou femme, nous utilisons la clé pour stimuler notre système sensoriel, pour nous donner du plaisir, solitaire ou en groupe, c'est sans doute très agréable. Mais l'évasion va tomber à l'eau.

Le véritable plaisir, la grande félicité, nous attend hors de la prison. Et nous le savons. C'est cette félicité là que nous cherchons inconsciemment dans l'acte sexuel. Parce que la clé s'active et cherche aveuglément la serrure.

A mon avis, les véritables pratiques libératrices effectuées les jours d'uposatah, se sont diluées et perdues avec le temps, pour se transformer en une simple profession de foi. Une remémoration.

N'oublions pas qu'à une époque, des personnes pouvaient trouver l'éveil rien qu'en écoutant le Bouddha. Avec donc, sans doute parfois, une vie d'attachements derrière elles.

Je dis qu'on progresse plus en s'asseyant en tailleur devant un film X et en observant attentivement avec vipassana l'énergie qui apparaît, pour ensuite se concentrer sur notre respiration et sur cette énergie qui nous imprègne, qu'en coupant le film.

Mais ensuite, il ne s'agit pas de se tripoter ou de faire jouir sa partenaire, mais bien d'effectuer un travail intérieur avec cette énergie que nous avons suscitée. Et ce travail se déploie tout seul si nous suivons les instructions classiques qu'on donne pour la méditation. Simplement, il y aura des résultats, parce que, sous la casserole, nous aurons allumé le feu.
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jules
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Ted : Le véritable plaisir, la grande félicité, nous attend hors de la prison.
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davi
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Encore un fil qui va faire 20 pages Ted... :D
ted a écrit :
14 décembre 2017, 15:57
J'en conclus que ces jours d'abstinence ne sont pas destinés à combattre l'attachement, mais plutôt à intensifier certaines pratiques où l'abstinence est indispensable. Un peu comme un médecin qui vous demande de vous présenter à jeun pour faire des analyses. Le médecin ne porte pas un jugement sur votre régime alimentaire. Simplement, les analyses ou l'opération chirurgicale seront compromises si vous n'êtes pas à jeun.
Pas sûr. L'entraînement forme l'habitude. Si nous arrivons à nous abstenir 3 jours, nous pouvons nous abstenir 4 jours. L'attachement vient d'une habitude. Avec l'entraînement, l'abstinence à la sexualité et la pratique de la méditation deviennent faciles, parce que c'est un conditionnement. Il est préférable de s'attacher à la pratique spirituelle qu'à la pratique de la sexualité.
A la question :"D'où viennent-ils [les facultés et les objets sensorielles] ?" la réponse est la suivante: les objets extérieurs (habitations, montagnes, chemins, etc.) et les facultés sont issus de l'esprit. Ils proviennent de la conscience-base universelle*.
Comment cela se fait-il ? Depuis des temps sans commencement, nous percevons des formes, des sons, des odeurs, des saveurs et le champ du tangible. Ces perceptions créent continuellement des conditionnements latents dans la huitième conscience. L'habitude d'une certaine forme, par exemple, en crée une empreinte. En fin de compte, une fois mûri, ce conditionnement va resurgir de la conscience-base universelle en tant que forme à nouveau ; mais nous percevrons cette forme comme extérieure.


*La huitième conscience [conscience-base universelle] est la condition causale des apparitions. Il existe 4 conditions d'apparitions : condition objective (les objets "extérieurs"), condition régente (les facultés sensorielles), condition immédiate (un pouvoir mental présent dans chaque conscience et assurant la continuité du continuum de conscience), condition causale (conditionnement karmique).

Thrangou Rimpoché
Le traité des 5 Sagesses et des 8 consciences, traduction et commentaire de l'ouvrage du IIIè Karmapa Rangjoung Dorjé : le Traité distinguant conscience individuelle et sagesse
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
ted

davi a écrit :
14 décembre 2017, 17:35
ted a écrit :
14 décembre 2017, 15:57
J'en conclus que ces jours d'abstinence ne sont pas destinés à combattre l'attachement, mais plutôt à intensifier certaines pratiques où l'abstinence est indispensable. Un peu comme un médecin qui vous demande de vous présenter à jeun pour faire des analyses. Le médecin ne porte pas un jugement sur votre régime alimentaire. Simplement, les analyses ou l'opération chirurgicale seront compromises si vous n'êtes pas à jeun.
Pas sûr. L'entraînement forme l'habitude. Si nous arrivons à nous abstenir 3 jours, nous pouvons nous abstenir 4 jours. L'attachement vient d'une habitude. Avec l'entraînement, l'abstinence à la sexualité et la pratique de la méditation deviennent faciles, parce que c'est un conditionnement. Il est préférable de s'attacher à la pratique spirituelle qu'à la pratique de la sexualité.
Uposatah c'est pas trois jours de suite. :oops: C'est un jour, par ci par là : un jour à la pleine lune, un autre à la nouvelle lune etc...
Il me semble...
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davi
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Ah ok, je ne suis pas familier de Uposatah... :D N'empêche, un effort qui va dans le bon sens (ou dans le mauvais) s'inscrit dans la conscience-base universelle, d'après la tradition Kagyu et l'école des Cittamatrins. jap_8
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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tirru...
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D'autres occasions permettent de prendre les huit préceptes comme lors de retraites ou même de le faire librement, l’idée est d’expérimenter les joies d'un renoncement temporaire. Encore faut-il rappeler que nous ne sommes pas des renonçants, mais des pratiquants laïcs et d'une certaine façon soumis au monde sensuel de façon consentante, un monde qui donne sukkha d'une main avec un passage a la caisse par dukkha !!! Mea culpa en sus :cool: l’éternel cycle...

loveeeee Boummmm loveeeee Boummmm loveeeee Boummmm loveeeee Boummmm loveeeee Boummmm
------------------------------------------------------------------------------ Image Sabba danam dhammadanam jinati - Le don du Dhamma surpasse tout autre don ImageDhammapada
ted

Ce que je veux dire, c'est que ça sert à rien de se priver de sexualité si on ne comprend pas comment ça intervient dans la quête de l'éveil.

Si on se prive de sexualité en s'imaginant que c'est par morale, ou éthique, ou quelque chose du genre... on a rien compris, à mon avis.

Si on pratique une sexualité, sans y être attaché, mais sans une recherche active de l'éveil, on se fait autant baiser que ceux qui la pratiquent avec addiction.

Si on pratique une sexualité tout en cherchant activement l'éveil, on va vite comprendre quand et comment ça interfère. On ne peut pas faire certaines prises de sang si on n'est pas à jeun.

Maintenant, si on cherche à mener une petite vie tranquille et équilibrée, y compris sexuellement, c'est compréhensible. Il faut des plages de paisibilité pour développer la pratique.
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davi
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Oui, je suis d'accord. :)
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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