L'individualité, l'égo et tout ça : une anomalie de la nature ?

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Zopa2
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Il y a plusieurs façons de considérer l'ego. Comme toujours, il faudrait commencer par définir de quoi l'on parle lorsque l'on prononce ce mot.

Mais de manière générale, je crois que l'ego, pour évoluer vers quelque chose de plus sain, doit essayer de dépasser son vieux logiciel " domination, soumission, manipulation, séduction" et sortir des schémas " projection, jugement, confrontation".
A la place, il doit apprendre à développer son empathie, c'est à dire à percevoir les émotions d'autrui (sans projeter ni juger) mais aussi à les comprendre. Comment ? En identifiant les besoins fondamentaux - souvent non satisfaits - qui se cachent derrière les émotions. Cette capacité ne tombe pas du ciel mais résulte d'un apprentissage. Un apprentissage qui développe finalement notre intelligence émotionnelle. La clé de voute de cette forme d'intelligence, c'est l'habilité à identifier en soi et à comprendre nos propres émotions, et cela passe par une attention vigilante. Tout commence par là.

Bouddhiste ou pas, le développement l' intelligence émotionnelle me semble être un incontournable pour sortir d'une individualité " égotique " qui serait nécessairement toxique.
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cgigi2
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L'illusion de l'ego Par Matthieu Ricard le 30 mars 2009

Dés ma première rencontre avec des sages de la tradition du Bouddhisme tibétain, j'ai été frappé par le fait qu'ils manifestaient d'une part une grande force intérieure, une bienveillance sans faille et une sagesse à toute épreuve, et d'autre part une complète absence du sentiment de l'importance de soi. J'ai moi-même observé à quel point l'identification à un « moi » qui siégerait au cœur de mon être est une source de vulnérabilité constante, et que la liberté intérieure qui naît d'un amenuisement de cette identification est une source de plénitude et de confiance sans égale.

Comprendre la nature de l'ego et son mode de fonctionnement est donc d'une importance vitale si l'on souhaite se libérer des causes intérieures du mal-être et de la souffrance. L'idée de se dégager de l'emprise de l'ego peut nous laisser perplexe, sans doute parce que nous touchons à ce que nous croyons être notre identité fondamentale.

Nous imaginons qu'au plus profond de nous-mêmes siège une entité durable qui confère une identité et une continuité à notre personne. Cela nous semble si évident que nous ne jugeons pas nécessaire d'examiner plus attentivement cette intuition. Pourtant, dès que l'on analyse sérieusement la nature du « moi », l'on s'aperçoit qu'il est impossible d'identifier une entité distincte qui puisse y correspondre. En fin de compte, il s'avère que l'ego n'est qu'un concept que nous associons au continuum d'expériences qu'est notre conscience.
http://www.matthieuricard.org/blog/post ... n-de-l-ego

avec metta
gigi
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jules
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Il y-a cette phrase de Dogen que vous connaissez sans doute qui dit :

Avant, les montagnes sont des montagnes, pendant, les montagnes ne sont plus des montagnes, à la fin, les montagnes redeviennent des montagnes.

On pourrait dire à propos de l'égo en paraphrasant cette phrase :

Avant, l'égo est l'égo, pendant, l'égo n'est plus l'égo, à la fin l'égo redevient l'égo.
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jules
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Immensité dit : qui ou quoi que vous soyez, veuillez prendre place à ma table. Ne réfléchissez pas sur vos mérites ou vos démérites d'être ici conviés, personne ne vous entendrait, car comme vous pouvez le voir, il siège ici beaucoup de monde, et tout le monde est ici.
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davi
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Si quelque chose fait l'expérience de quelque chose, ce n'est pas l'ego, c'est l'esprit.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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davi
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Toutes les formes de vie disposant d'une conscience éprouvent des sensations, des perceptions et développent des représentations du monde, surtout si elles disposent d'un langage élaboré.

Sur le plan humain, dès qu'il y a sensations et perceptions, existe un sujet qui ressent et pense. Nous avons vu [précédemment] que l'émergence du sujet survient sous l'effet d'un manque de discernement produit par les latences karmiques qui imprègnent le continuum de conscience. Perdant son caractère spacieux et lumineux, l'esprit se manifeste alors sous la forme de l'ego, puis se polarise dans les états multiples de la conscience dualiste.

Ainsi l'émergence du sujet pensant va de pair avec celle des objets qu'il perçoit. Au cœur de cette polarité sujet-objet se manifestent toutes sortes de relations. Certaines sont colorées par des émotions négatives, d'autres par des attitudes saines et positives, d'autres encore par l'indifférence.

Malgré ce dynamisme incessant fait d'une myriade de constructions mentales, d'impulsions, d'espoirs et de craintes, et alors que nous ne cessons de traverser toutes sortes de situations, nous avons l'impression qu'une référence stable demeure. Cette référence, nous l'appelons le moi.

Ce moi correspond au sujet que nous venons d'évoquer. Mais le sentiment inné d'individualité - sentiment simple et dépouillé chez le jeune enfant - se complexifie en s'auréolant d'une cohorte d'opinions, de pensées, de jugements, d'impressions de plus en plus figées, à tel point que notre identité semble une bulle close sur elle-même au milieu du vaste monde.

Méditations sur la vacuité, Le constat sur l'existence du sujet
Université Rimay-Nalanda
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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