Le renoncement

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axiste
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Nous devons, au contraire, retirer absolument tout ce qui peut être nommé. Le renoncement, c'est le lâcher-prise de tous les concepts, de toutes ces pensées qui prétendent que nous sommes quelqu’un qui sait. Mais d’où nous vient la connaissance de cette personne qui sait ? Ce ne sont là que des idées qui se bousculent, qui apparaissent et disparaissent sans cesse. Le renoncement ne se manifeste pas à l’extérieur ; ce qui se voit n'en est que le résultat. L'origine est à l'intérieur de soi, et c’est là que nous devons pratiquer. Si vous pensez qu'un monastère est propice à la méditation, vous verrez que cela ne suffit pas : la méditation ne peut se faire sans le renoncement.

Le renoncement n'est pas le renoncement au monde, mais à toutes nos divagations.

Un autre texte éclaire également:
http://buddha-sasana.org/dhamma/nekkhamma/
« Il y’a le cas d’une personne qui a abandonné passion, désir, tendresse, soif, fièvre, et envie insatiable pour la sensualité. Alors elle est terrassée par une sérieuse maladie. Comme elle est terrassée par une sérieuse maladie, la pensée ne lui vient pas, ‘O, ces plaisirs sensuels tant aimés vont m’être enlevés, et je vais leur être enlevé!’ Il ne se plaint pas, il n’est pas tourmenté; ne pleure pas, ne bat pas sa coulpe, ni ne se met à délirer. C’est une personne qui, sujette à la mort, n’est pas craintive ni plongée dans la terreur de la mort. »
Pour mourir silencieusement jap_8

Simple à dire et plus difficile à concrétiser, mais le texte est lumineux:
Un échange équitable

Je vais faire un échange:
le vieillissement pour le Sans-âge,
l’incendie pour le non-attaché:
la plus haute paix,
le repos sans pareil
du poids du joug.
Si en renonçant à quelque bonheur léger,
On peut obtenir un plus grand,
Que l’homme sage renonce au petit
Considérant le plus grand bonheur.

Dhp 290 [Les versets Divers]
Cinq clefs pour la parole correcte :
- dire au bon moment, prononcer en vérité, de façon affectueuse, bénéfique et dans un esprit de bonne volonté."
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Zopa2
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"Il y’a le cas d’une personne qui a abandonné passion, désir, tendresse, soif, fièvre, et envie insatiable pour la sensualité. "


Je ne dis pas cela pour me vanter mais en lisant cette phrase ci dessus, je me sens proche de l'état de cette personne ainsi décrite. Ce n'est pas nouveau, et cet état s'est approfondi au cours des dix dernières années. Alors si je devais mourir demain, il est possible que mon esprit en soit plus calme. Mais en réalité, je n'en ai aucune certitude. De plus, je me demande sincèrement si cet état m'a rendu plus heureux.
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yves
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Zopa2 a écrit :
17 janvier 2018, 23:29
De plus, je me demande sincèrement si cet état m'a rendu plus heureux.
être "unique et séparé" n'est pas moins merveilleux qu'être "infini"
oui à ce qui est
tout change
tout est maintenant
être tout
amour
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axiste
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Je ne verrai pas l'abandon de ces choses comme un rejet mais plutôt l'aboutissement d'un vécu ou d'une compréhension. Sinon, c'est peut-être l'aversion qui guette ?
Ou alors c'est un cheminement, comme décrit Zopa2 peut-être ?

L'abandon devient l'évidence au cours des ans: c'est ce que je vois chez les personnes âgées, il n'y a plus de passions, ils ne courent plus dans tous les sens (au sens propre et figuré), les désirs s'en vont, la tendresse est plus neutre, pas possessive, il y a le détachement, etc.

Finalement il ne faut pas s'empêcher de vivre me dis-je, mais aussi ne pas perdre de vue que tout les états sont transitoires et passants.
On apprend au contact des autres.
Après, c'est tout un cheminement…
Je ne me sens pas prête à mourir.
Je souhaite cependant mourir silencieusement.
Les choses s'en vont au fil du temps, on devient moins happé par toutes ces choses…

Mais rien ne nous garantit que l'on soit détaché de tout cela à temps, vu qu'on ne connait pas la date du départ. Alors autant regarder ces choses en face….voilà l'enseignement des personnes âgées que je reçois parfois.
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Longchen
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Le renoncement me paraît important.

Des liens entre l'aversion et le renoncement peuvent toutefois exister, mais je ne sais pas si l'aversion vis à vis du Samsara est considérée comme quelque chose de négatif, vu qu'on parle du dégoût du Samsara comme un bon penchant à entretenir Butterfly_tenryu
Dernière modification par Longchen le 18 janvier 2018, 12:36, modifié 1 fois.
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axiste
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Pour moi, le rejet du monde ou le dégout c'est semblable à l'aversion et elle mène à la souffrance.
Par contre, le détachement c'est autre chose.
Du coup, on voit toutes ces belles choses, mais on n'a plus de désir parce qu'on sait qu'elles brillent et brûlent en même temps, que derrière chaque brin d'herbe se trouve toujours un terrain de désolation…alors on peut se laisser prendre, le regard peut être capté, mais il n'y a plus de véritable engagement là dedans, juste une sorte de sidération peut-être face à ce qui apparait. Avec un double regard, il y a une sorte de suspension, peut-être un vide en nous, un creux qui se forme, une espèce de creux en forme d'interrogations…ça laisse la porte ouverte à l'acceptation. On n'a plus envie de saisir les choses, on les laisse davantage être…
Il y a là quelque chose qui force le respect, pas la soumission, mais c'est proche de cela. Comme si la profondeur nous échappait complètement, alors on reste un peu hagard, on ne sait plus. Et quand on ne sait plus on est davantage ouvert à ce qui est. Butterfly_tenryu
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Longchen
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axiste a écrit :
18 janvier 2018, 12:19
(...) Par contre, le détachement c'est autre chose.
Du coup, on voit toutes ces belles choses, mais on n'a plus de désir parce qu'on sait qu'elles brillent et brûlent en même temps, que derrière chaque brin d'herbe se trouve toujours un terrain de désolation… (...)
jap_8 flower_mid
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axiste
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Quand quelque chose ne va pas, je me dis:
Derrière la peur, l'ignorance, derrière l'ignorance, la souffrance, derrière la souffrance, l'effort de surmonter, derrière l'effort de surmonter, le lâcher prise, derrière le lâcher prise, des respirations, des abandons, des vides qui se remplissent d'autres choses…quelquefois, on peut se sentir aspiré, ou "aspiralé" par ces mouvements qui se jouent en nous…


Le laid, le beau… les choses ont toujours un envers.
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davi
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LE RENONCEMENT
Extrait du livre Transformez votre vie par Vénérable Guéshé Kelsang Gyatso.

Le renoncement n’est pas le désir d’abandonner notre famille et nos amis, notre foyer, notre travail et ainsi de suite, et de devenir un clochard. En réalité c’est un esprit qui cherche la libération de la renaissance contaminée et dont la fonction est de faire cesser l’attachement aux plaisirs mondains.

Nous devons apprendre à faire cesser notre attachement en pratiquant le renoncement, sinon il sera un sérieux obstacle à une pratique spirituelle pure. Tout comme un oiseau ne peut pas voler si des pierres sont attachées à ses pattes, nous ne pouvons pas faire de progrès sur la voie spirituelle si les chaînes de l’attachement nous immobilisent.

Le moment de pratiquer le renoncement est maintenant, avant notre mort. Nous avons besoin de réduire notre attachement aux plaisirs mondains en réalisant qu’ils sont trompeurs et ne peuvent pas donner de satisfaction réelle. En réalité, ils ne nous causent que des souffrances.

Cette vie humaine avec toutes ses souffrances et tous ses problèmes est pour nous une excellente occasion d’améliorer à la fois notre renoncement et notre compassion. Ne gaspillons pas cette précieuse opportunité.

La réalisation du renoncement est la grande porte par laquelle nous nous engageons dans la voie spirituelle de la libération, ou nirvana. Sans renoncement, s’engager dans la voie du bonheur suprême du nirvana est même impossible, alors inutile de parler de progresser sur elle. Pour générer et faire grandir notre renoncement, nous pouvons contempler ce qui suit de façon répétée :

Étant donné que ma conscience est sans commencement, j’ai eu d’innombrables renaissances dans le samsara. J’ai déjà eu d’innombrables corps. S’ils étaient tous réunis, ils rempliraient le monde entier, et tout le sang et tous les autres liquides qui ont circulé dans ces corps formeraient un océan. Dans toutes ces vies antérieures, mes souffrances ont été si grandes que dans mon chagrin j’ai versé suffisamment de larmes pour remplir un autre océan.

Dans chacune de ces vies j’ai éprouvé les souffrances de la maladie, de la vieillesse, de la mort, j’ai été séparé de ceux que j’aimais et j’ai été incapable de satisfaire mes désirs. Si je n’atteins pas la libération permanente de la souffrance dès maintenant, je devrai, dans mes innombrables vies futures, éprouver ces souffrances encore et encore.

En contemplant cela, nous prendrons du fond du coeur la ferme résolution d’abandonner l’attachement aux plaisirs mondains et d’atteindre la libération permanente de la renaissance contaminée. En mettant cette résolution en pratique nous pourrons contrôler notre attachement et de cette façon résoudre bon nombre de nos problèmes quotidiens.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
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jules
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Le renoncement, c'est le lâcher-prise de tous les concepts, de toutes ces pensées qui prétendent que nous sommes quelqu’un qui sait.
Finalement, le savoir est inapte à rendre compte de l'expérience qu'est le fait de vivre.

Nous savons le temps, l'espace, la vie et la mort.
Nous savons l'en dehors et l'en dedans.
Nous savons - moi, toi, je, il.
etc...
Nous savons bien des choses, mais aucune ne touche au coeur.

Et donc...

S'il n'y avait pas de coeur ?
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