Pourquoi ?

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Upekkhā
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::mr yellow:: Haha sous cet angle il y a de quoi se plier de rire, je dois bien l'admettre (surtout avec Guethenoc).

Après ma remarque n'était pas hostile (je suis loin d'être irréprochable), c'est juste que je suis étonné de voir des messages houleux dans ce genre de forum, c'est pour ça ^^'.
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Flocon
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Je reviens à la question de départ. Peut-être les maîtres agissent-ils de la sorte pour des nécessités didactiques, pour enseigner par l'exemple à leurs disciples? Il faut bien transmettre un contenu concret du bouddhisme, d'une façon ou d'une autre.
Quand on sonde les choses, les connaissances s'approfondissent.
Les connaissances s'approfondissant, les désirs se purifient.
Les désirs une fois purifiés, le cœur se rectifie.
Le cœur étant rectifié, on peut réformer sa personne.

Kong Tseu
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jules
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Dumè : Pourquoi certains maîtres bouddhistes (toutes écoles confondues) actuels s'obstinent-ils à se conformer au doigt qui montre la lune (sourires, quiétude, érudition...), plutôt qu'à la lune elle-même (au-delà de toute représentation) ?
Il n'existe pas de toutes façons d'attitude à mon sens dont on puisse dire qu'elle soit conforme à la lune elle-même, c'est à dire précisément à l'au-delà de toute représentation. Que pourrait bien être une attitude qui serait hors d'atteinte de toute représentation, comment la définir, comment l'incarner ?
Je pense donc que c'est le discernement qui nous fait opter éventuellement pour d'avantage de sourire et de quiétude, c'est la maîtrise et le choix de notre manifestation réalisés en fonction peut-être de ce que nous souhaitons obtenir par nos actes comme résultats, au mieux, en pleine connaissance de cause, c'est à dire selon une vision claire de ce qui peut être susceptible de nous rapprocher ou de nous éloigner de cette quiétude ; si c'est bien elle que nous recherchons en définitive.
Dumè Antoni

Jules a écrit :Il n'existe pas de toutes façons d'attitude à mon sens dont on puisse dire qu'elle soit conforme à la lune elle-même, c'est à dire précisément à l'au-delà de toute représentation. Que pourrait bien être une attitude qui serait hors d'atteinte de toute représentation, comment la définir, comment l'incarner ?
Bien sûr que de telles attitudes existent, encore faut-il être prêts à la recevoir, bien évidemment. C'est ce qui se passe lors de la transmission d'esprit à esprit. Sans cette attitude, pas de transmission possible. Par exemple, quand le Bouddha a montré la fleur à Kashyapa, il a montré la lune. Ceux qui ont regardé le doigt sont évidemment ceux qui ont vu la fleur et rien d'autre.
Je pense donc que c'est le discernement qui nous fait opter éventuellement pour d'avantage de sourire et de quiétude, c'est la maîtrise et le choix de notre manifestation réalisés en fonction peut-être de ce que nous souhaitons obtenir par nos actes comme résultats, au mieux, en pleine connaissance de cause, c'est à dire selon une vision claire de ce qui peut être susceptible de nous rapprocher ou de nous éloigner de cette quiétude ; si c'est bien elle que nous recherchons en définitive.
Il me semble que tu pointes là le sens original de ma question. Le problème vient en effet que ce qui est recherché est la quiétude et que les maîtres s'efforcent de la montrer dans leur comportement. Or, la quiétude n'a strictement rien à voir avec "La Grande Affaire" (c'est à dire la lune, en l'occurrence, dans le contexte), ce qui ne signifie pas, évidemment, que la quiétude ne soit pas associée à cette Grande Affaire, mais associée ne veut pas dire expression. La quiétude est l'expression d'un apaisement qui peut être obtenu lors du samadhi ou même en prenant des drogues. Ce n'est donc pas ça la lune. La quiétude, c'est le doigt ; seulement le doigt. Voilà ce que je voulais dire.
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jules
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Dumè : Bien sûr que de telles attitudes existent, encore faut-il être prêts à la recevoir, bien évidemment.
Exact, il y-a le facteur "être prêts à la recevoir" qui entre en jeu. C'est pour cela que je dis que l'attitude ne peut être considérée comme étant en soi la lune, comme la fleur n'est pas en soi la lune non plus. Comment dans ces conditions pourrions-nous juger une attitude quelle qu'elle soit comme pouvant en soi (c'est à dire hors de cette capricieuse alchimie qu'est la transmission de coeur à coeur et qui dépend d'une relation entre deux êtres) être conforme à la lune? et je réponds par là, selon ce que je comprends, à ta question initiale :
Il n'existe pas d'attitude type, personnelle, qui en soi serait conforme à la lune.
Dumè Antoni

Jules a écrit :Comment dans ces conditions pourrions-nous juger une attitude quelle qu'elle soit comme pouvant en soi être conforme à la lune ?
On ne peut pas juger avant d'avoir reçu effectivement cette transmission d'esprit à esprit. Une fois qu'elle a lieu, il n'y a plus de doute possible. Bien sûr, cela ne signifie pas que l'on ne doive pas confronter cette réalisation au maître, lors d'un entretien particulier. Mais cette confrontation est d'égal à égal en terme de compréhension en ce sens que si le disciple n'est pas forcément libéré (ce qui est le cas le plus fréquent), il n'est plus égaré. Comme on dit : "il est entré dans le courant". Le problème est que certains s'imaginent qu'ils sont entrés dans le courant simplement parce qu'ils ont pris refuge ou l'habit de moine. Si seulement ça pouvait suffire... mais ce n'est hélas pas le cas.
Dumè Antoni

Jules a écrit :Il n'existe pas d'attitude type, personnelle, qui en soi serait conforme à la lune
Lorsqu'on a affaire à un maître authentique, son attitude est nécessairement — par définition — conforme à la lune. Il n'est donc pas besoin qu'il use de stratagème, de moyens habiles ou de ce que l'on voudra. Si l'élève n'est pas prêt, le maître ne sera jamais là, même s'il est présent devant l'élève et qu'il déploie tous les moyens habiles et autres stratagèmes. Ce ne sera pas le maître (le Nirmanakaya) mais une sorte de pitre — pardonnez-moi l'expression volontairement provocatrice — parce qu'il singe le Bouddha au Pic du Vautour (par exemple). Ces maîtres-là, à mon avis, n'ont pas grand chose à voir avec l'authentique Dharma. Ils sont des séducteurs ; des usurpateurs. Peut-être est-il nécessaire que l'on soit séduit, que cette séduction entre dans la catégorie des "moyens habiles", mais c'est pour le moins troublant et il conviendrait, à mon sens, que chacun s'interroge sur ce point, non pas pour douter de l'authenticité du maître, mais pour que chacun réalise que nous avons tous, sans exceptions, les attributs de la bouddhéité pour qu'il ne soit pas nécessaire de regarder briller le maître hors de soi. Un maître qui brille n'existe pas en dehors de soi-même. S'il est extérieur, c'est certainement un usurpateur et il convient de s'en débarrasser, et cela même s'il est sincère ; surtout s'il est sincère. C'était le message essentiel de Lin Tsi, je pense. Mais c'était peut-être aussi celui du Bouddha historique quand il disait "soyez votre propre refuge". Attention cependant : je ne dis pas qu'il faut mettre tous les maîtres dans une poubelle et avancer sans maître comme certains le proposaient sur ce même forum. Il faut se mettre en quête d'un maître authentique, un ami de bien, c'est à dire au final du maître qui n'est autre que soi-même.
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jules
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Dumè : Lorsqu'on a affaire à un maître authentique, son attitude est nécessairement — par définition — conforme à la lune.
Que veux-tu dire par là ?

Pour moi la lune est insaisissable, de ce fait aucune attitude particulière manifestée ne peut prétendre l'embrasser totalement.
Dumè Antoni

Jules a écrit :
Dumè : Lorsqu'on a affaire à un maître authentique, son attitude est nécessairement — par définition — conforme à la lune.
Que veux-tu dire par là ?
C'est le sens du kôan que proposait Hakuin (et qui est encore d'actualité) : "Qui est le maître ?"
La réponse ne doit pas être intellectuelle mais bien une réalisation. Cela étant, la réponse intellectuelle est donnée par Huineng, le 6ème Patriarche du Zen, dans son jeu simultané de la Triple Discipline. C'est celui qui est :
1) Libre de souillures ; c'est à dire qu'il incarne Sîlâ
2) Libre d'erreurs ; c'est à dire qu'il incarne Prajna
3) Libre de troubles ; c'est à dire qu'il incarne Dhyana.

Bien entendu, dans le kôan "Qui est le maître ?" il faut trouver sa vraie nature et c'est pourquoi l'on dit que le maître n'est autre que soi-même, à condition d'avoir une réalisation de soi-même conforme au jeu simultané de la Triple Discipline. Ce n'est pas son ego qui est libre, mais bien le maître qui est en nous et que nous devons retrouver.

Il est bien évident qu'un tel maître est libre tel qu'il est en lui-même.
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jules
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Pour moi la lune est insaisissable, de ce fait aucune attitude particulière manifestée ne peut prétendre l'embrasser totalement.
C'est pourquoi d'ailleurs entre le doigt qui montre la lune et la lune elle-même il existe un pas que doit franchir le disciple dans la transmission de coeur à coeur, un pas qui consiste à réaliser la source de la manifestation, source qui n'a pas de soi, qui ne se manifeste pas par elle-même.

Qu'en dis-tu ?
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