Je serais bien en peine de donner une réponse définitive. Ce qui me paraît certain, en revanche, c'est que l'empathie participe à la survie de l'espèce, voire de certaines espèces entre elles (car on a vu des hippopotames, par exemple, sauver une gazelle de la mâchoire d'un crocodile, comme on a vu des chiens sauver des hommes ou des hommes sauver des bêtes). Mais ça, ce n'est que le côté "blanc" du problème, si j'ose dire. Car le côté "noir" est que des animaux peuvent tuer d'autres animaux ainsi que des hommes, et des hommes peuvent tuer des animaux et d'autres hommes. Ce que l'on sait aussi, c'est que l'hormone responsable de l'empathie est la même que celle qui pousse une mère à s'attacher à son enfant (et donc à l'allaiter, le protéger, le choyer...). En clair, une explication darwinienne suffit à expliquer l'empathie ou du moins à la justifier.Davi a écrit :Je suis bien d'accord avec le fait que l'empathie ne peut être assimilée à la Compassion infinie des Bodhisattvas et des Bouddhas, mais d'où vient l'empathie ?
C'est ainsi qu'elle s'exprime mais dire qu'elle est "purement physique", je ne crois pas avoir affirmé cela. Je pense que les facteurs physiques, chimiques, physiologiques... sont des facteurs "mondains" générés par des causes karmiques. En d'autres termes, pour naître chien (ou chat, ou dauphin, ou homme...), il faut un corps de chien (ou chat, ou dauphin, ou homme...). On ne naît pas homme avec un corps de chien, sauf dans un trip anthropomorphique, mais c'est anecdotique (quoique...). Remarquons quand même qu'il existe des requins avec des corps d'hommes. Le nom scientifique pour cette anomalie génétique est "banquiers"D'après toi, si j'ai bien compris, c'est question d'hormone et c'est donc purement physiologique.
A l'origine, je ne pense pas. La Compassion Infinie est intimement liée à la réalisation de la Vacuité, non pas comme équivalente de l'interdépendance des phénomènes, mais comme la réalisation de notre propre disparition pour la reconnaissance de l'autre comme soi-même (bien qu'il soit "aussi" différent). En clair, quand l'autre souffre, ce n'est pas simplement ressentir par projection la souffrance de l'autre, mais souffrir "à la place" de l'autre en ce que la distinction autre/soi-même (ou sujet/objet) a disparu.Cependant cette empathie ne peut-elle pas être à l'origine Compassion infinie qui s'exprime chez les êtres vivants sous cette forme imparfaite ?
Je comprends bien que l'empathie a quelque chose de cet ordre là. Quand une mère (ou un père) voit son enfant souffrir, c'est dans sa propre chair qu'elle (ou il) souffre, en quelque sorte. Pour autant, elle ne souffre que par projection. Alors que la Compassion Infinie, c'est réaliser la 1ère Noble Vérité qui veut dire que quel que soit l'être qui souffre, je suis celui-là.
Mais les êtres — en général — envisagent ce "firmament compassionnel" (qui est une autre expression de la Compassion Infinie, je suppose ?) comme étant une sorte de généralisation d'un phénomène intime. Les projections anthropomorphiques sont de cet ordre, par exemple. Mais non, la Compassion Infinie, c'est tout bêtement (si j'ose dire car ce n'est pas du tout évident) de la 1ère Noble Vérité. Quand Gautama a tout quitté pour mettre un terme à la souffrance, c'est parce qu'il savait que, quel que soit son état, y compris sa propre libération (vue comme un "nirvana pour soi" = nirvana "hinayaniste") ne mettrait pas fin à LA souffrance. C'est pourquoi dans le Mahayana ont fait voeu de sauver TOUS les êtres, car tant qu'il existera un seul être dans le samsara, la souffrance sera aussi infinie qu'elle l'est pour des multitudes sans fin d'êtres sensibles. C'est pourquoi la Compassion est dite "Infinie". En clair, elle n'a pas de fin (car on ne sait pas comment arrêter le processus karmique pour tous les êtres si certains êtres sont "imperméables" au Dharma).Car si rien n'existe entre la Compassion infinie et le degré zéro de la compassion (empathie), comment les êtres pourraient-il jamais envisager l'existence même de ce firmament compassionnel ?
Je crois que tant que nous ne faisons pas l'expérience de notre vraie nature (Dharmakaya), la Compassion Infinie pour nous sera synonyme d'empathie (ou de pitié ou de compassion) que l'on éprouve face à la souffrance (ou à la joie) d'un être qui nous ressemble plus ou moins. Cette ressemblance est une forme de reflet de soi-même, mais un reflet n'est jamais que l'image inversée de la réalité. Autrement dit, sans la réalisation de notre vraie nature, la seule compréhension que nous pouvons avoir de l'autre vient du sentiment empathique. Ce qui démontre que l'empathie "mondaine" et la Compassion Infinie ne s'excluent nullement. J'insiste sur ce dernier point car j'ai l'impression de ne pas toujours être bien compris.A moins de considérer quelques fulgurances de cette Compassion qui envahirait momentanément les êtres sensibles et qui les marquerait au point de pouvoir s'en souvenir ?