Theravāda et Mahāyāna

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Compagnon

Bonjour,

Une fois n'est pas coutume je suis tombé sur un enseignement de Thích Nhất Hạnh qui me laisse disons... embarrassé. :oops:

Dans un enseignement du 16 mars 2008, il distingue Sravaka et Bodhisattva.

Il dit que d'après le bouddhisme Mahāyāna ceux qui sont qualifiés de Sravaka, pratiquant pour leur propre guérison et leur Eveil personnel avant tout, ne sont pas considérés comme "d'authentiques enfants de Bouddha".

Je trouve cette distinction insatisfaisante voir non pertinente. Plus largement elle pose la question d'une distinction voir d'une opposition entre le courant Theravāda et le courant Mahāyāna.

Le Bouddha Shakyamuni n'enseigne t'il pas qu'il faut se défaire des dualismes ? Qu'il est souhaitable d'apprendre à percevoir l'interdépendance de toute choses ? Car le dualisme mène à la souffrance, à l'insatisfaction ? Préservé l'harmonie dans la Sangha était pourtant une de ses préoccupations majeures non ? :???:

Hors ces deux courants s'appuient et se définissent l'un par rapport à l'autre, ils sont interdépendants. Vouloir les opposer ne peut mener qu'a un certain égarement. Au trouble. Non ?

Il me semble que c'est dans "Le Bouddhisme pour les Nuls" ou les auteurs reviennent sur cette distinction qu'ils estiment injuste dans le sens ou le courant Mahāyāna porte sur le courant Theravāda un regard injuste, car il y a eu dans l'histoire des représentant du Theravāda qui ont beaucoup œuvré pour les autres, pour l'Eveil d'autres personnes. Les auteurs soulignent aussi il me semble qu'on peut trouver chez une même personne ces 2 tendances alternant selon les moments de la vie et du parcours de cette personne sur la voie.

Concrètement, je m'appuie sur mon propre cas et je constate ce flux et ce reflux dans le sens ou selon les moments, je ressens davantage le besoin d'étudier les Suttra d'origine, la parole du Bouddha Shakyamuni en personne et a d'autres moment je ressens le besoin de lire et d'étudier des enseignements et commentaires propres au Mahāyāna.

Thích Nhất Hạnh , toujours lui, use souvent de l'analogie avec l'eau et la vague, pourquoi ne pas envisager en nous des moment de marée haute ou nous étendons notre eau sur les autres êtres et ceux de marée basse ou nous nous replions sur nous même, parce que c'est nécessaire ? Sans marée basse pas de marée haute.

Parfois je ne me sens pas capable, doté de l'énergie intérieure nécessaire pour pratiquer par exemple la Metta Bhavana. Je n'essais pas car je ne sens pas en moi la ressource nécessaire a cette implication. J'ai parfois essayé de leur faire malgré tout, de me "forcer", et tout ce que j'ai récolté c'est un certain épuisement les heures suivantes, une insatisfaction.
Alors je me recentre sur ma propre personne.

Après tout on ne peut pas donner ce que l'on a pas. D'abord accumuler assez de bien être personnel, de stabilité, pour pouvoir ensuite en donner à d'autres.

Et chaque personne étant différentes certains pourront plus facilement donner aux autres tout de suite alors que d'autres auront besoin de longue périodes tournées vers eux-mêmes pour donner ensuite un peu aux autres.

Ne trouvez vous pas que vouloir opposer ces courants, ces idéaux que sont Sravaka et Bodhisattva, est une erreur ? Une perception erronées de la réalité de ce que nous sommes ? Car il y a au fond ces 2 tendances en chacun de nous ? Et que vouloir les distinguer en nous, rejeter l'une au profit de l'autre, ne peut que nous mener à une confusion interne nuisible à notre progression sur la voie ?

Quand j'y pense ainsi je trouve cela flagrant, "criant de vérité", mais vous avez peut être un point de vue différent.

Le parcours d'Eveil du Bouddha Shakyamuni mêle les 2 tendances simultanément puisqu'il a commencé par vivre en famille, puis étudier auprès de maîtres en petits groupes, puis méditer seul, puis enseigner à de petits groupes, puis à de grands groupes, avec des périodes de sa vie ou il s'est isolé pour pratiquer pour lui même. En pratiquant pour soi même on pratique aussi pour les autres et en pratiquant pour les autres on pratique aussi pour soi non ?

La Lune n'a t'elle pas différentes phases ? Tantôt un croissant très fin ou elle ne réfléchis que peu la lumière du Soleil sur la Terre la nuit, tantôt elle est plaine et renvoi le plus de lumières solaire possible sur la Terre la nuit.

Qu'en pensez vous ? jap_8
Compagnon

tongra a écrit :Rien !
jap_8
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davi
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Compagnon a écrit :Il dit que d'après le bouddhisme Mahāyāna ceux qui sont qualifiés de Sravaka, pratiquant pour leur propre guérison et leur Eveil personnel avant tout, ne sont pas considérés comme "d'authentiques enfants de Bouddha".

Je trouve cette distinction insatisfaisante voir non pertinente. Plus largement elle pose la question d'une distinction voir d'une opposition entre le courant Theravāda et le courant Mahāyāna.
Les Sravakas ou auditeurs ne sont pas considérés comme d'authentiques enfants de Bouddha parce que la voie qu'ils suivent ne leur permet pas d'atteindre à la pleine et entière bouddhéité. La sagesse qu'ils développent (ou découvre) et qui leur permet d'échapper aux tourments du samsara n'est pas aussi profonde que celle qui leur permettrait d'atteindre à la parfaite illumination. C'est tout ce que cela veut dire à mon avis. Il ne faut pas le voir comme une opposition mais comme une évolution. C'est une histoire de capacité d'un moment. Car les arhats renaissent dans des pays purs pour parfaire leur éveil.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
Compagnon

jap_8 Merci pour ta participation.
ted

Compagnon a écrit :Il dit que d'après le bouddhisme Mahāyāna ceux qui sont qualifiés de Sravaka, pratiquant pour leur propre guérison et leur Eveil personnel avant tout, ne sont pas considérés comme "d'authentiques enfants de Bouddha".
Dans un premier temps, il faudrait que tu nous donnes les sources avec le contexte complet. C'est difficile de donner un avis comme ça. jap_8
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tirru...
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davi a écrit :
Compagnon a écrit :Il dit que d'après le bouddhisme Mahāyāna ceux qui sont qualifiés de Sravaka, pratiquant pour leur propre guérison et leur Eveil personnel avant tout, ne sont pas considérés comme "d'authentiques enfants de Bouddha".

Je trouve cette distinction insatisfaisante voir non pertinente. Plus largement elle pose la question d'une distinction voir d'une opposition entre le courant Theravāda et le courant Mahāyāna.
Les Sravakas ou auditeurs ne sont pas considérés comme d'authentiques enfants de Bouddha parce que la voie qu'ils suivent ne leur permet pas d'atteindre à la pleine et entière bouddhéité. La sagesse qu'ils développent (ou découvre) et qui leur permet d'échapper aux tourments du samsara n'est pas aussi profonde que celle qui leur permettrait d'atteindre à la parfaite illumination. C'est tout ce que cela veut dire à mon avis. Il ne faut pas le voir comme une opposition mais comme une évolution. C'est une histoire de capacité d'un moment. Car les arhats renaissent dans des pays purs pour parfaire leur éveil.
:shock: !!!
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yves
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Compagnon a écrit :Je trouve cette distinction insatisfaisante voir non pertinente. Plus largement elle pose la question d'une distinction voir d'une opposition entre le courant Theravāda et le courant Mahāyāna.
en fait c'est une erreur il n'est pas question du theravada mais de l'hinayana, l'hinayana a été en concurrence avec le mahayana au tibet; par erreur à plusieurs reprises l'hinayana a été confondu avec le théravada mais ces 2 écoles n'ont pas existé au même moment et au moment où ce débat avait lieu au tibet le tibet n'était pas en contacte avec les écoles théravada ::mr yellow::
oui à ce qui est
tout change
tout est maintenant
être tout
amour
Compagnon

Voici le texte complet auquel je fais référence (c'est le premier paragraphe) tirer d'un ficher pdf qui est une version officielle de la traduction faite au Village des Prûniers apparemment, et Thích Nhất Hạnh est vietnamien branche du bouddhisme "zen" (enfin je crois, ce n'est jamais clairement dit je trouve) :

Être un authentique enfant du Bouddha

Bonjour, chère Sangha, aujourd'hui nous sommes le 16 Mars 2008, et nous sommes au Hameau du Bas dans la salle de
méditation Assemblée des Étoiles.


Sravaka et Bodhisattva.

La semaine dernière, nous avons parlé des bodhisattva qui tombent malade, et de la façon dont les bodhisattva se
guérissent afin de pouvoir aider à guérir le monde. Dans le bouddhisme Mahayana, on fait une différence entre les
sravaka et les bodhisattva. Les sravaka sont ceux qui écoutent les enseignements du Dharma données par le Bouddha et
qui pratiquent. Et selon le bouddhisme Mahayana, ceux parmi nous qui se préoccupent seulement d'eux-mêmes, leur
propre guérison, leur propre transformation, et qui ne se préoccupent pas de la guérison et de la transformation des
autres sont des sravaka. C'est la définition donnée par les personnes de la tradition Mahayana. Je me préoccupe de ma
transformation, de ma guérison, je pratique pour moi-même. Et d'après le bouddhisme Mahayana, ce ne sont pas de
vrais enfants du Bouddha. Un enfant du Bouddha ne se comporte pas comme cela, il pratique pour tout le monde, et pas
seulement pour lui. Et comme il pratique pour tout le monde, ils porte le nom de bodhisattva. Donc c'est à vous de
choisir. Si vous voulez être un sravaka, vous n'êtes pas considérés comme un authentique enfant du Bouddha. Si vous
voulez être un authentique enfant du Bouddha, vous devriez être un bodhisattva.
ted

Mouais...
C'est du culturel tout ça. Les occidentaux ont un regard neuf. Les asiatiques ont baigné depuis plusieurs générations dans des certitudes culturelles sur la supériorité de leur voie ou de leurs écoles. Que ce soit les querelles entre rinzaï et soto. Ou les rivalités non dites entre écoles tibétaines, tout ça c'est un peu dépassé je te l'accorde.

Quelqu'un me disait récemment, sur un autre forum, que quitter Mahayana pour retomber dans le véhicule des auditeurs, était une chute très grave.

Il faut prendre tout ça avec du recul. Nous avons cette chance de pouvoir le faire. Quand on voit en occident comment les 3 religions du livre cohabitent cahin caha, on comprend pourquoi le Bouddha a insisté sur la nécessité de ne pas diviser le Sangha (on dit le Sangha et pas la Sangha).

Donc maître TNH a dans ses bagages une vision culturelle somme toute assez classique de la supériorité du mahayana. Qui s'appelle d'ailleurs Mahayana pour cette raison. On ne va pas jouer les arbitres alors qu'on vient de débarquer au milieu de la religion de ces peuples qui pratiquent depuis 2500 ans. Plus longtemps que nos religions occidentales.
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