Sur le dialogue inter-religieux - Matthieu Ricard

Compagnon

Ça de fais du bien de le croire ou d'en être convaincu ? :) Tant mieux. C'est tout ce qui importe.
Robi

Compagnon a écrit :Ça de fais du bien de le croire ou d'en être convaincu ? :) Tant mieux. C'est tout ce qui importe.
C'est pas que ça me fait du bien, c'est la démonstration qu'on ne peut dire qu'un choix se construit parce que d'autres ne font pas ce choix.
ted

Compagnon a écrit :
Robi a écrit :Réponds donc à ma question: Est-ce que tu as choisi d'être bouddhiste parce que d'autres ne le sont pas?
Question infondée car basée sur une mauvaise compréhension de ce que j'ai écrit.
Robi,

Peut-être qu'il faut comprendre d'un point de vue métaphysique cette dualité que t'explique Compagnon ? Le haut ne décide pas d'être le haut sous prétexte que le bas existe. Le haut devient le haut parce qu'il existe un bas.

Si le haut se prétendait vérité unique, il perdrait aussitôt son statut.

Même le bouddhisme ne prétend pas être une vérité unique, mais une barque (bien duelle) que nous abandonnons après être allés par delà. Par delà les paires d'opposés.

Je rajouterais que le Bouddhisme peut être pratiqué comme une religion (ce qui figera alors son côté duel). Mais aussi respectueuses et répandues que puissent être de telles pratiques, elles me semblent rater la cible. En tout cas, elles sont transitoires.

En pratiquant le bouddhisme comme une non-religion, et en respectant toutes les religions du monde en tant que phénomènes présents dans notre continuum, nous avons une chance de nous détacher de la source de souffrance générée par les paires d'opposés.

Ne pas saisir... Ne pas écarter...
Robi

ted a écrit :
Compagnon a écrit :
Robi a écrit :Réponds donc à ma question: Est-ce que tu as choisi d'être bouddhiste parce que d'autres ne le sont pas?
Question infondée car basée sur une mauvaise compréhension de ce que j'ai écrit.
Robi,

Peut-être qu'il faut comprendre d'un point de vue métaphysique cette dualité que t'explique Compagnon ?
Ben la dualité qu'explique Compagnon c'est que pour qu'un bouddhiste pense que son salut passe en suivant le Bouddha, il faut des gens qui pensent que leur salut passe par autre chose (leur foi en Dieu par exemple). Il pense aussi la dualité suivante: pour qu'il y ait un discours sur l'existence de l'âme il faut un discours sur son contraire.
Ben pas du tout!
Est-ce que tu as choisi d'être bouddhiste parce que duellement il a des gens qui n'ont pas fait ce choix?
Compagnon

Frère Ted à bien parlé ;)

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Dernière modification par Compagnon le 13 octobre 2016, 19:50, modifié 1 fois.
Robi

Il (Compagnon) pense aussi la dualité en terme de besoin. Mais le besoin n'a rien à voir dans la dualité. Blanc et noir n'ont pas besoin l'un de l'autre, ils existent en fonction l'un de l'autre, mais pas par besoin.

Moi je trouve que frère ted n'a pas bien parlé (c'est mon avis) :lol: En plus j'explique pourquoi il n'a pas bien parlé...
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davi
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Compagnon a écrit :Les monothéismes ont besoin de l'existence de contreparties. Polythéismes ou même spiritualité sans divinité créatrice, sinon ils n'aurait rien sur quoi s'appuyer. Dieu a besoin du Diable. Sinon comme se définirait-il ? Comment définir le bien et la vertu sans l'existence du mal et du vice ? Sans Serpent pas de péché, pas d’expulsion du Paradis, pas de vie terrestre, aucune raison de voir le fils de Dieu s'incarner et sauver les hommes. Et au passage, selon la tradition chrétienne, l'Adversaire de Dieu est une de ses création à l'origine : Lucifer, le plus parfait des anges avant sa chute. C'est un "méchant utile" :)
Sur ce point Robi avait déjà répondu que l'existence du mal pouvait être vue dans le christianisme comme une absence de Dieu en son cœur. Le bouddhisme ne dit pas autre chose : l'ignorance est la non (re)connaissance de notre véritable nature.
Compagnon a écrit :De même, pour que la justification de l'existence du cosmos, de la création comme l'oeuvre d'une entité unique appelée Dieu (en français) ai une valeur, une identité propre, il faut qu'un autre point de vue nie cette justification en disant que le cosmos ne peut avoir de cause unique car tout est interdépendant.

Par exemple, pour qu'un chrétien puisse dire : mon salut passe par ma foi en Jésus, fils de Dieu, il faut qu'il existe un discours qui dise : mon salut passe par moi, en suivant la voie proposée par un homme : le Bouddha.

Pour qu'il y ait un discours sur l'âme, sur quelque chose d'indépendant, d'immortel, il faut qu'il y ait en contrepartie un discours niant cela.
Je ne crois pas. Nous naissons avec l'idée que nous avons une âme (ou un soi). C'est quelque chose qui est inné, et si nous n'essayons pas de lutter contre, nous mourons avec cette idée.
S'indigner, s'irriter, perdre patience, se mettre en colère, oui, dans certains cas ce serait mérité. Mais ce qui serait encore plus mérité, ce serait d'entrer en compassion.
Compagnon

@Davi : je me place au niveau des concepts, des idées. On ne peut avoir un concept, une idée d'une chose que relativement à d'autres, c'est une application de la vacuité. C'est en cela que je dis que les conceptions spirituelles s'appuient inévitablement les unes sur les autres, les unes par rapport aux autres, elles sont "vides d'existence propre et indépendante". Le concept de "bien" et tout ce que l'on met dedans, ne se conçoit que si il y un concept de "mal" (tout ce qui est exclu par la définition du "bien"). La croyance en un "Dieu" à un sens si il y a une non-croyance (l’athéisme ?). Même l'idée même de "Dieu" doit nécessairement avoir un "contraire"/"opposé" pour pouvoir se définir. Je parle au niveau des concepts, des idées.

A partir du moment ou l'on accepte qu'il y a interdépendance, que l'un ne doit pas être rejeter et chassé au profit de l'autre, que l'on accepte que ces concepts ne doivent pas être "dualisés" si tu préfères, opposés, c'est un bon pas en avant je crois vers la non discrimination, la transcendance du dualisme et donc on écarte une source au moins de souffrance. Tu saisis ce que je veux dire ? On peut dépasser les notions de discours religieux "vrai" ou "faux". Peut être en disant que chaque discours religieux ou non religieux n'est qu'une vérité partielle d'un tout. Comme dans la parabole de l'éléphant et des aveugles de naissance tu comprends ce que je veux dire ?

Par exemple, le Bouddha est né dans un contexte religieux ou il y avait déjà des discours religieux : hindouisme, jaïnisme, brahmanisme. Et il a élaboré son propre enseignement en s'appuyant sur eux notamment pour s'en démarquer. Si ils n'avaient pas été là il n'aurait pas eu le même discours. Donc son enseignement était aussi dépendant de l'existence même des autres discours présents autour de lui au même moment même et surtout si ils étaient "contraires" au sien sur tel ou tel point. Et c'est après avoir écouté plusieurs maîtres spirituels durant plusieurs années qu'il a élaboré son propre enseignement.

Si je devait faire une analogie : si je veux monter sur le toit d'une maison j'ai forcément besoin du sol, de la maison, du toit et d'une échelle, et je ne suis ni une maison ni un toit ni le sol ni une échelle.

Est ce que mon explication est claire ?
ted

La liberté est un concept de prisonnier.

Voilà pourquoi sans doute, du point de vue dual, il y a éveil et ignorance. Mais du point de vue de l'Eveil, il n'y a ni éveil, ni absence d'éveil.
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